Donia Kaouach, lauréate tunisienne

Ce prix m’a permis de découvrir cette immense figure de notre histoire qui a été la fondatrice de la première université dans le monde avant celle de Bologne. Cela amène à s’interroger sur l’insuffisante mise en valeur de notre patrimoine culturel et historique. Ces figures qui sont des jalons de notre histoire et dont les combats ont façonné notre façon de vivre ne sont finalement pas à portée. C’est évidemment un grand honneur et une fierté incommensurable car ce prix est pour moi une reconnaissance de ce que j’essaie de faire D’abord car il porte dans son nom la force et la puissance de l’héritage de Fatima Fihrya, une femme qui nous honore toutes et tous : courageuse, audacieuse et ambitieuse. Imaginons ce que c’est que de créer en 880 la première université du monde, celle qui a accueilli Léon L’Africain, Ibn Khaldoun ou encore le philosophe Ibn Maimoun. Ensuite car c’est une fierté de recevoir ce prix avec Radhia Had- dad, première femme députée, présidente de l’Union nationale des femmes. Une avant-gardiste qui a vite compris à une époque qui était moins favorable que la nôtre à l’émancipation des femmes, que le développement d’une société et la pérennité des droits nécessitaient l’implication et la réussite des femmes à tous les niveaux de la vie d’une nation. Je ne suis pas de celles qui pensent que nous pouvons faire table rase du passé, mais au contraire de celles qui croient qu’il faut sans cesse puiser la force dans les acquis du passé, qu’il faut savoir aller chercher et se rappeler notre histoire pour ne pas douter des victoires de l’avenir. Nous sommes toutes femmes tunisiennes des faiseuses de changement, des porteuses de projets. Femmes des villes, femmes rurales, femmes au foyer, femmes qui travaillent, chacune mène son combat pour l’avenir de ce pays. Et c’est cette idée que nous portons dans le think thank que j’ai créé Tunisiennes Fières.