Du pain sur la planche
L’intronisation s’est faite dans la douleur dans certaines municipalités où la concurrence était serrée
La plupart des municipalités du pays ont achevé, ces jours-ci, de procéder à la mise en place de leurs nouveaux conseils vainqueurs des élections municipales organisées le 6 mai dernier. Or, il est bizarre de constater que l’opération d’intronisation s’est déroulée, dans deux communes sur trois, dans la douleur, pour ne pas dire dans le chaos ! C’est que partager le gâteau n’était pas chose aisée, en raison essentiellement de l’âpreté de la confrontation qui a mis aux prises les listes en lice, et particulièrement celle qui avaient opposé les grands partis aux listes indépendantes, par alliances interposées. Pire, dans certaines mairies de renom, la concurrence a été si féroce et les débats si tendus que des séances ont été levées sine die, et que d’autres se sont achevées en queue de poisson! «On ne peut descendre si bas», tempête un habitant de l’Ariana qui ne cache pas sa crainte de voir la «guerre des postes de responsabilité» laisser des répercussions négatives sur le fonctionnement futur de la municipalité. Pour un autre, «c’est de mauvais augure, car ce n’est certainement pas avec un conseil municipal désuni et empêtré dans les tensions, la méfiance et le clanisme que les voeux des habitants seront satisfaits».
Obligation de résultat
Bien évidemment, les craintes et réserves des citoyens sont légitimes. D’abord, parce que ce sont eux et seulement eux qui ont voté pour des candidats qui devront être normalement à la hauteur de leur confiance et leur espoir. Ensuite, parce que rien ne prouve que la répartition des tâches au sein des nouveaux conseils municipaux finit par mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Enfin, parce que, foncièrement, dans chaque municipalité, il y a du pain sur la planche, avec une liste infiniment longue de lacunes et d’insuffisances à tous les niveaux : propreté, voirie, éclairage public, circulation, constructions anarchiques, commerce parallèle, environnement, marchés municipaux, prestations de service aux guichets de l’état civil, formalités administratives, rapports citoyens-municipalités, gestion des infrastructures sportives et culturelles, festivals, etc. Ici et là, on accuse du retard, on déplore des failles et on a, pour ainsi dire, tant de dossiers à dépoussiérer et tant de taureaux à prendre par les cornes. Et le plus tôt sera le mieux, c’est de ces vérités douloureuses que nos nouveaux édiles municipaux devront prendre conscience, et c’est seulement pour atteindre ces objectifs qu’ils ont été élus. De surcroît, ils ne sont pas sans savoir que l’heure n’est plus à l’impunité que garantissait le régime des municipalités issues du parti unique qui faisait cavalier seul avant la révolution. Aujourd’hui, à la faveur de la nouvelle politique participative instituée par l’Etat, l’habitant est désormais plus profondément impliqué, à travers des commissions spéciales, dans les décisions prises par l’Hôtel de Ville et concernant tous ses besoins. D’où son nouveau statut ô combien privilégié de «demandeur de comptes». En voici les conseils municipaux avertis…