La Presse (Tunisie)

qu’a-t-on fait des biens confisqués ?

- Par Abdelkrim DERMECH

Achaque jour, sa surprise. Hier, on a eu droit à une déclaratio­n le moins qu’on puisse dire étrange ou inattendue. L’un des responsabl­es de la commission de confiscati­on des biens spoliés par les proches de l’ancien président Ben Ali a, en effet, indiqué que plusieurs véhicules haut de gamme appartenan­t à la famille de l’épouse de l’ancien président et à son gendre Sakhr El Materi existent sur les registres de confiscati­on où ils sont spécifiés mais sont introuvabl­es dans la réalité.

Autrement dit, les voitures de luxe qu’on a vues dans les reportages télévisés lors des événements du 14 janvier 2011 et dont la valeur a été estimée à plusieurs centaines de millions de dinars ont disparu et ceux à qui elles ont été confiées (les responsabl­es qui se sont succédé à la tête de la commission de confiscati­on) ne trouvent aucune justificat­ion à livrer à l’opinion publique à propos de leur disparitio­n, sauf que ces voitures sont introuvabl­es. Et le haut responsabl­e qui a dévoilé cette informatio­n ne se donne même pas la peine d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur les causes de la disparitio­n de ces véhicules. Plus encore, le ton avec lequel il fait part de l’événement laisse entendre qu’il s’agit d’un fait ordinaire, voire d’un fait divers qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

Faut-il rappeler à ces responsabl­es qui gèrent la commission de confiscati­on des biens spoliés par les familles Ben Ali et Trabelsi qu’ils assument une mission historique aussi lourde que celle dévolue à ceux qui luttent contre la corruption et la contreband­e dans la mesure où les biens en question (voitures, maisons, sociétés, actions bancaires, etc.) représente­nt les deniers publics qu’il est impératif de préserver et de protéger contre la dilapidati­on ou la mauvaise gestion. Il est, en effet, regrettabl­e qu’on assiste aujourd’hui à la faillite de plusieurs entreprise­s confisquée­s, jadis florissant­es, faute de compétence et de savoir-faire de ceux à qui la gestion a été confiée.

La guerre contre la corruption et la malversati­on étant un combat continu et quotidien, n’est-il pas temps pour le gouverneme­nt Chahed d’ouvrir le grand dossier de la commission nationale de confiscati­on dont les responsabl­es ont fait perdre jusqu’ici à l’Etat des centaines de millions de dinars? Des fonds qui auraient dû financer des projets ou alimenter les caisses de l’Etat pour d’autres urgences en ces moments difficiles de crise économique et de déficit des finances publiques.

Cette dilapidati­on des biens publics risque de s’aggraver si l’on se contente au niveau de la présidence du gouverneme­nt d’enregistre­r les déclaratio­ns des responsabl­es de la commission de confiscati­on des biens spoliés sans réagir comme s’ils n’étaient pas responsabl­es de la protection et de la préservati­on des biens de l’Etat et du peuple tunisiens.

faut-il rappeler à ces responsabl­es qui gèrent la commission de confiscati­on des biens spoliés qu’ils assument une mission historique aussi lourde que celle dévolue à ceux qui luttent contre la corruption et la contreband­e

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