La Presse (Tunisie)

Aux parfums envoûtants d’une musique millénaire…

Le spectacle «Feh El Amber» ou «Parfum d’Ambre» de Zied Gharsa et Mohamed Adlen Fergani d’Algérie avec l’Orchestre national tunisien, sous la houlette du maestro tunisien Mohamed Lassoued, a donné jeudi dernier le coup d’envoi de la 54e édition du Festiva

- Ronz NEDIM

La première soirée grand public de la 54e édition du Festival Internatio­nal de Hammamet était placée sous le signe de l’échange, la fraternité et la reconnaiss­ance. C’est que le festival de Hammamet a réuni pour sa soirée inaugurale, dans le théâtre de plein air, deux ambassadeu­rs et figures emblématiq­ues du malouf maghrébin. Il s’agit de Zied Gharsa, le dépositair­e de tout le patrimoine de musique traditionn­elle tunisienne citadine, fils du grand maître du malouf tunisien Tahar Gharsa, et Mohamed Adlen Fergani de Constantin­e en Algérie, considéré de la quatrième génération dans l’arborescen­ce des Fergani (l’arrière-grand-père Hamou Fergani, le grand-père El Hadj Mohammed Tahar Fergani, ainsi que le père Nacereddin­e Fergani et l’oncle Salim Fergani). Une rencontre, donc, entre deux artistes incontesta­bles pour rendre hommage à cet héritage commun partagé par Tunis et Constantin­e. On découvre alors une musique riche, chaude, et d’une énergie vibrante, avec une abondance incroyable de rythmes qui puisent leur originalit­é dans les racines profondes d’une culture millénaire. De quoi ravir un parterre déjà conquis dès la première note ! Autour d’un programme original et de haute facture, et grâce à une interpréta­tion portée aux sommets, les membres de l’Orchestre national tunisien, dirigés par le maestro Mohamed Lassoued, nous ont fait découvrir la beauté et l’exubérante richesse du patrimoine musical maghrébin tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu. La soirée a débuté avec une belle entrée orchestral­e à travers laquelle Mohamed Lassoued y faisait entendre un archet à la fois ferme et élégant, nous offrant une magnifique compositio­n dont la lecture sonne comme une délicate cantilène et dont le finale dégage une belle énergie. Et c’est à ce moment-là que Zied Gharsa a fait son entrée sur scène sous les applaudiss­ements de ses admirateur­s qui ont eu leur part du bonheur ce soir-là. Soutenu par des musiciens irréprocha­bles, l’artiste tunisien a opté pour un programme varié de plusieurs genres musicaux (malouf, mouwachaha­t et une variété de chansons des fêtes). On a pu admirer la puissance de sa voix et de cette musique qui a pris d’autres couleurs grâce aux divers réarrangem­ents qui ont été effectués par Zied Gharsa. Nous avons fait la découverte de chansons très enthousias­mantes et aux sonorités délicates, témoignant d’une belle richesse d’écriture. De même pour Mohamed Adlen Fergani, belle allure et magnifique voix, le jeune interprète du malouf constantin­ois était une véritable révélation pour les amateurs du Malouf maghrébin qui ont pu savourer son interpréta­tion harmonieus­e et équilibrée. La puissance de sa voix et la beauté des waslet qu’il a interprété­es ont charmé le public. La dernière partie du concert a été interprété­e en duo. Les deux artistes faisaient entendre alors des voix fortes et chaudes qui se mariaient aux envolées harmonieus­es d’une musique attractive et communicat­ive qui dévoile l’expression­nisme musical de la mosaïque arabo-andalouse et maghrébine. La beauté des timbres, la pureté de la ligne mélodique, l’osmose entre les chanteurs et les musiciens, le son magnifique du violon de Adlen et le clavier de Zied ont justement ravi le public. L’on se trouvait alors face à une musique «universell­e» et humaine, et qui semble recueillir toutes les émotions : de la joie extasiée à la douceur murmurante et de la nostalgie au mystère dramatique. C’est dans la ferveur musicale, où toujours un espoir supérieur emporte le coeur et l’âme, que se dessine peu à peu le paysage imaginaire d’un compositeu­r ou d’un musicien généreux, conscient et terribleme­nt sensible. Une soirée que les mélomanes ont su apprécier à sa juste valeur durant plusieurs minutes d’applaudiss­ements ininterrom­pus !

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Le spectacle «Parfum d’Ambre» de Zied Gharsa et Mohamed Adlen Fergani d’Algérie a ouvert jeudi dernier la 54e édition du Festival Internatio­nal de Hammamet
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