La Presse (Tunisie)

Un plaisir infini et une passion éternelle

- Mohamed Salem KECHICHE

«Faire de la pêche est un moment gagné en toutes circonstan­ces même quand on rentre bredouille, il y a une satisfacti­on et un bonheur quelque part»,

affirme Amor Boumiiza, pêcheur amateur de trentehuit ans. Portrait d’un pêcheur invétéré.

«Faire de la pêche est un moment gagné en toutes circonstan­ces même quand on rentre bredouille, il y a une satisfacti­on et un bonheur quelque part», affirme Amor Boumiiza, pêcheur amateur de trente-huit ans. Portrait d’un pêcheur invétéré.

Amor Boumiiza, responsabl­e commercial à temps plein, est un jeune marié il y a à peine une année qui a la particular­ité de consacrer énormément de temps à sa passion. Il lui arrive de passer une journée entière de l’aube au crépuscule en pleine mer à pêcher sans que cela ne lui enlève ni l’envie ni le goût de revenir pêcher en mer. Il raconte une sublime anecdote : «Une fois, il m’est arrivé de pêcher durant vingt-cinq heures d’affilée. Au retour au bercail, après une douche et après avoir pris mon repas, je ressentais une grosse fatigue étant à bout de forces si bien que je me suis assoupi dans mon lit profondéme­nt. Durant mon long moment dans les bras de Morphée, je me suis mis à rêvasser du poisson contre lequel j’ai livré un âpre combat jusqu’à le pêcher enfin ! J’avais l’impression d’être encore en mer. Le lendemain, j’ai décidé de renouveler l’expérience pour de nouvelles conquêtes».

Au commenceme­nt, l’enfance…

La passion pour la pêche, il l’a ressentie durant ses vacances à Bizerte encore «tout gamin». Une ligne à la main, paisibleme­nt à côté de son oncle qui tenait une canne à pêche, il a pu découvrir les premières joies de la pêche. Il raconte avec grande émotion le moment où tout a commencé…«depuis ce jour, je suis devenu mordu. Mon oncle m’avait fait un petit montage pour m’initier à la pêche. J’ai vécu ce moment magique avec une certaine intrigue car je ne connaissai­s pas la réaction du poisson. J’ai senti une vibration qui persistait et je pêchais là mon tout premier poisson, petit comme un demi-doigt. Je n’avais que sept ans et ce fut pour moi une belle victoire».

Pour une bonne pêche

«La plaisir de la pêche à la ligne, dit-il, stimule une poussée d’adrénaline. A cause du suspense causé par la longue attente». La beauté tient compte de la façon d’accrocher la ligne, de naviguer en mer. Cet amoureux inconditio­nnel de la mer qu’il pleuve ou qu’il vente délivre ses secrets pour «bien pécher». Selon lui, au fur et à mesure que le temps passe, la qualité du matériel compte pour avoir une belle prise à sa dispositio­n, mais parfois la bonne vieille canne ressort des merveilles. «J’ai acheté récemment deux cannes à pêche neuves. Mais l’ancienne canne m’a offert un joli poisson de 2,5 kilos. Ce qui démontre que la bonne pêche n’est pas essentiell­ement la résultante d’une qualité supérieure en termes de matériel et d’attirails. La bonne technique consiste à fatiguer le poisson jusqu’à l’attraper au bout d’une rude bataille pour le piéger sans le louper». Il s’avère que chaque poisson a son caractère et sa méthode pour être pêché : «Le poisson prédateur mange l’appât même mort. Le loup ou la daurade ouvre la bouche et attaque. D’autres poissons ne mangent que l’appât vif ou du faux poisson».

La thérapie de la mer

Pour aller pêcher, la bonne compagnie compte énormément selon Boumiiza : «C’est une thérapie avec des amis. C’est une invitation à s’évader car j’adore la mer. Je ne m’en lasse jamais. Je cherche des endroits pittoresqu­es dans la nature pure et vierge. J’ambitionne de faire une croisière avec ma femme pour lui transmettr­e mon amour pour la mer jusqu’aux fonds perdus». Amor rêve les yeux ouverts. Mais pêcher est un investisse­ment lourd qui n’est pas à la portée de tous. Un investisse­ment en termes de temps mais aussi en termes pécuniaire­s. Cela n’est évidemment pas sans conséquenc­es sur le budget du foyer.

«Une canne à pêche coûte la bagatelle de trois mille dinars. Parfois je manque d’hameçons et d’appât. Les vers et les hameçons coûtent entre cinquante et quatre-vingt-dix dinars».

Avis aux parents qui ne sont pas férus de pêche et qui voudraient inculquer à leurs enfants la passion de la pêche, il existe une méthode simple. «Il faut habituer son enfant au plaisir d’aller à la mer en premier lieu. Dans un deuxième temps, il faudrait essayer de lui procurer le plaisir avec une simple ligne qu’il va tenir et jeter lui-même dans un port de plaisance. Comme à Hammamet par exemple».

Si toutefois l’investisse­ment vous dissuade, vous n’avez plus qu’à espérer que votre enfant ne lira pas cet article.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia