De la rigueur et de la retenue
Le limogeage du ministre de l’energie et des Mines, Khaled Kaddour, ainsi que du secrétaire d’etat aux Mines, Hachem Hmidi, et du PDG de l’etap et deux directeurs généraux du ministère, vient relancer le débat contradictoire devenu houleux à propos de notre pétrole et du manque de rigueur qui caractérise la gestion de ses dossiers.
Le limogeage serait motivé par l’entrée en activité imminente d’un nouveau puits de pétrole à la licence périmée et sans que l’etap ne soit associée à son exploitation, exigence introduite par la loi depuis la violente contestation de «winou el pétrole ?».
Il se trouve que le champ pétrolifère incriminé est, en fait, illégal, dans la mesure où sa licence d’exploitation, accordée depuis 1979 pour 50 ans, était caduque depuis 2009. L’exploitant du champ a adressé une invitation au chef du gouvernement, le conviant à prendre part à l’inauguration du puits. Or, les services du Premier ministère découvrirent l’irrégularité de sa situation. D’où l’ouverture d’une enquête judiciaire. Mais les cinq limogeages simultanés étaient-ils nécessaires où se justifient-ils par quelque aspect opaque de l’affaire que la justice devra dévoiler ?
De toute évidence, l’affaire a pris un retentissement par trop spectaculaire, sachant que des rumeurs circulent sur des affaires en justice qui impliqueraient autant le ministre que le secrétaire d’etat. Méthodiquement, depuis la révolution, notre secteur pétrolier fait l’objet d’une suspicion croissante qui, au passage, a inspiré une clause constitutionnelle imposant le consentement obligatoire de l’assemblée pour tout contrat de prospection ou d’exploitation et même de tout avenant routinier.
Si l’on ajoute à cela les campagnes occultes accusant de corruption l’ensemble du secteur des hydrocarbures et les sit-in et blocages de la production que subit le secteur, l’on ne doit pas s’étonner de ses contre-performances ni de la réticence des grandes compagnies à s’intéresser à nos réserves.