La Presse (Tunisie)

Le film documentai­re a cessé d’être une documentat­ion de la réalité

Producteur et cinéaste italien, Stefano Tealdi est l’un des plus grands experts du cinéma documentai­re. Il nous a accordé cette interview.

- Entretien conduit par Salem TRABELSI

Est-ce que le monde du film documentai­re exige aujourd’hui une nouvelle écriture?

Aujourd’hui, les possibilit­és techniques vous permettent de tourner et de monter facilement des séquences audiovisue­lles, ce qui suggère que l’écriture n’est plus nécessaire. Au lieu de cela, je crois que, au contraire, elle continue d’avoir un rôle vital dans le cinéma documentai­re. En écrivant, l’auteur se concentre sur ses idées, les analyse, les approfondi­t, les met dans l’ordre.

Pourqoui

Peut-être qu’aujourd’hui, les choses ont changé. Autrefois, on écrivait tout avant de commencer le tournage. Aujourd’hui, on écrit avant et pendant la prise de vue, et on écrit avant et pendant le montage. L’écriture d’un film documentai­re, par opposition à un long-métrage, est en constante évolution, jusqu’à la sortie du film.

Pourquoi le film documentai­re prend-il de plus en plus de place dans les festivals du monde?

Depuis que le film documentai­re a cessé d’être une documentat­ion de la réalité pour devenir une histoire subjective de la réalité vue par l’auteur, sa propagatio­n dans les festivals et dans les cinémas a augmenté. Nous sommes encore loin d’être considérés sur un pied d’égalité avec les films de fiction, mais cela viendra. Aujourd’hui, en fait, beaucoup de gens appellent ce genre de film «le documentai­re du réel»

Ce changement (à partir d’une documentat­ion narrative) n’est pas facile, surtout pour les auteurs, toujours déchirés entre la nécessité de «changer le monde» et de «divertir» le public. Dans les festivals, cette double intention peut intéresser le public. Je crois donc que ce genre cinématogr­aphique sera de plus en plus présent dans les festivals.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia