La Presse (Tunisie)

Les jeunes, dernière roue de la charrette

- Kamel GHATTAS

Les cérémonies d’investitur­e effectuées, c’est la routine qui revient et les opérations trompe-l’oeil qui s’emparent de tout ce monde. Il ne faudrait jamais se laisser berner par les calepins sous l’aisselle et le sérieux avec lequel on fait semblant de prendre des notes. Il y aura toujours un parent influent, un «dirigeant» accommodan­t, un agent quelque part pour orienter les décisions à prendre. Tout ce cinéma est pour la galerie et pour justifier ce qu’ils perçoivent pour «leur travail de base»

Ni les U 17 ni les U 19 ne sont qualifiés et les jeunes footballeu­rs de Tunisie seront absents des phases finales qui, en principe, sanctionne­nt la réussite de toute une génération.

Cet échec est grave, car en fait, c’est à cette tranche d’âge que se profilent les jeunes qui promettent. Est- ce à dire que nos réserves sont à sec ? Nullement, car le travail qui se fait au niveau de nos jeunes est nettement en deçà de ce qu’il devrait être. Un simple coup d’oeil (n’exigez pas de bilans car vous seriez aussi déçus que ceux qui attendent les conclusion­s de toutes les commission­s créées dans tous les domaines), mais un regard sur les calendrier­s, les conditions de déroulemen­t des compétitio­ns, la présence et le niveau de l’arbitrage, les moyens matériels et financiers accordés aux jeunes, l’état lamentable des terrains de jeux, les vestiaires, etc. peuvent sans aucune difficulté rendre à l’évidence : il ne faut rien attendre de ces catégories, du moins pour le moment et dans ces conditions qui nous placent à des années-lumière de ce qui se fait au sein des nations réellement sportives. Et des promesses. Des promesses qui sont renouvelée­s à chaque fois qu’un président de club s’installe sur son siège (éjectable) ou qu’un directeur technique est fraîchemen­t sacré premier responsabl­e dans ce secteur.

Les cérémonies d’investitur­e effectuées, c’est la routine qui revient et les opérations trompel’oeil qui s’emparent de tout ce monde. Il ne faudrait jamais se laisser berner par les calepins sous l’aisselle et le sérieux avec lequel on fait semblant de prendre des notes. Il y aura toujours un parent influent, un «dirigeant» accommodan­t, un agent quelque part pour orienter les décisions à prendre. Tout ce cinéma est pour la galerie et pour justifier ce qu’ils perçoivent pour «leur travail de base».

Certes, et pour ne pas généralise­r, il y a des hommes intègres, qui connaissen­t leur travail, dont la formation est de «former les Le travail qui se fait au niveau des sélections des jeunes est nettement en deça des attentes. formateurs», qui accompliss­ent une oeuvre formidable et qui nous sortent des éléments de grande valeur. Cette espèce nous la trouvons chez les clubs réputés bastions de la formation. Ils n’ont presque pas de moyens mais une passion et un dévouement sans faille. Ils aiment leur travail et s’y adonnent avec un attachemen­t sans pareil. Ils ne sont jamais récompensé­s que par leur seule conscience parce que tout simplement, à la première occasion, ils sont éjectés. Sans même être payés.

A qui la faute ?

Sans vouloir jeter l’anathème sur l’une ou l’autre des parties prenantes, nous irons droit au but pour montrer du doigt …les clubs ! Oui, il ne faudrait pas être grand clerc pour deviner qu’un club qui se respecte n’a aucun besoin d’être aiguillé par une quelconque partie pour poser les fondements d’un système de formation qui garantirai­t une prise en main de son avenir qui tienne la route, efficace et rentable à tous les points de vue. A quelques exceptions, peu de clubs le font et un sport tel que le football exige une masse importante à brasser pour faire émerger de bons éléments dont le profil s’apparente aux ambitions d’un club qui se respecte. Comment dans ce cas est-on surpris quand nos jeunes sont éliminés ?

Les centres de promotion ou de formation sont insuffisan­ts. Ces «Académies» sont pour leur majorité une histoire de gros sous. Il n’y a qu’à y jeter un coup d’oeil pour s’en rendre compte : des gamins s’y débattent énergiquem­ent mais, bien enveloppés, les joues bien gonflées et roses, sont de dignes représenta­nts de la génération des yaourts, des jus et du chips. On y prend n’importe qui, pourvu que les parents paient. Nombre de ces gamins peuvent sans doute pratiquer un autre sport, sauf des sports de contact comme le football. En sport, et surtout lorsqu’on veut aller loin, la morphologi­e, les qualités de vitesse et de vivacité, de reflexe, de coordinati­on et autres comptent. C’est la base.

Les écoles de clubs sont dépassés parce que sans moyens matériels et financiers. La formation dans ce cas devient impossible. Et pourtant, il y a de temps à autre des jeunes qui surgissent au sein des clubs réputés formateurs. Ils sont souvent happés, par ceux qui se font fort de sucer la sève de ceux qui travaillen­t en dépit des difficulté­s. D’ailleurs, sans ces cessions, les clubs formateurs seront voués à la disparitio­n. Nous ne soulèveron­s pas le cas des jeunes étrangers que l’on ramène pour meubler un certain nombre de centres de formation, parce que c’est un autre problème.

De toutes façons, ces éliminatio­ns posent et imposent des questions. Il y a quelque chose qui ne va pas.

De grâce, ne créez pas de «commission» pour étudier ce dossier. Agissez seulement au niveau de ceux qui considèren­t que le poste de DTN est une planque pour se la couler douce. Et tout pourrait redémarrer avec des moyens et des technicien­s imbus de leur mission.

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