Amateurisme et gesticulation
Aceux qui trépignent en donnant des leçons aux uns et aux autres en matière de prévention des catastrophes naturelles, il est certes bon de rappeler qu’il arrive en ce monde des moments où l’ampleur de la chose est telle qu’il est vain de vouloir agir, qu’il faut parfois se résigner à subir… Oui subir ! Et nous sommes d’accord avec cela et le proclamons !
Mais si le rappel de pareille vérité doit nous empêcher de faire remarquer que non, ce qui doit être fait en termes d’entretien des systèmes d’évacuation des eaux pluviales ne l’est pas ; que non, l’aménagement de nos villes et de leurs quartiers n’est pas conçu avec le souci rigoureux de mettre les habitants à l’abri d’une vulnérabilité excessive ; que non, non et non le système d’alerte tel qu’il existe chez nous n’est pas à la hauteur d’un pays qui se respecte… alors nous ne sommes pas d’accord. Pas d’accord pour nous taire ! Chaque chose à sa place : l’option du fatalisme n’est pas la nôtre.
Face aux vies emportées, si minime soit leur nombre, face au spectacle de nos concitoyens livrés à la violence des éléments, face aux dégâts de toutes sortes, il est bien normal de se demander si nous n’aurions pas pu éviter beaucoup des drames vécus. Sur la question en particulier de l’alerte, il faut le dire haut et fort : il y a beaucoup d’amateurisme et de gesticulation qui ne trompe personne. Il fallait un véritable plan d’action, avec des scénarios distincts, dont les plus pessimistes n’auraient pas été oubliés.
Au vu des informations qui parvenaient des satellites, on pouvait très bien prévoir que nous ne serions pas épargnés par le pire. Y a-t-il eu un cabinet de crise auquel ont été associées toutes les parties concernées, y compris l’armée ? A-t-on envisagé les scénarios les plus redoutables après les prières d’usage afin que la Providence nous soit clémente ? Y a-t-on pris en considération la faiblesse notoire de nos infrastructures, et les moyens de la compenser par des dispositions particulières de manière à limiter les dégâts ? On peut en douter.
Le déficit du système d’alerte révèle en réalité une insuffisance en matière de mobilisation des autorités publiques, et tout cela doit être relevé sans détour. Car le bon côté de ces drames, s’il est permis de s’exprimer ainsi, c’est qu’ils nous révèlent ce qu’il y a de hasardeux dans la gestion passée des territoires : en aval, l’alerte et l’organisation des opérations de secours et, en amont, l’entretien du système d’évacuation dans les villes, le dispositif de protection contre les inondations, le contrôle de l’urbanisation… Il y a clairement des manquements à ces différents niveaux et il serait bon que l’on ne continue pas indéfiniment à feindre de ne rien voir et de ne rien savoir, pour éviter les problèmes : cela n’est pas une politique, cela relève de la démission !
Au vu des informations qui parvenaient des satellites, on pouvait très bien prévoir que nous ne serions pas épargnés par le pire. Y a-t-il eu un cabinet de crise auquel ont été associées toutes les parties concernées, y compris l’armée ? A-t-on envisagé les scénarios les plus redoutables après les prières d’usage afin que la Providence nous soit clémente ?