La Presse (Tunisie)

La peur des concession­naires

Prévue pour janvier 2019, la baisse du prix des voitures populaires n’en lèse pas moins les concession­naires qui ne cessent de voir leur stock de voitures populaires gonfler, faute d’acquéreurs.

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La toute récente interventi­on de Mehdi Mahjoub, membre du bureau exécutif de la Chambre nationale des concession­naires et des constructe­urs automobile­s, sur l’optique de la baisse du prix de la voiture populaire suscite la polémique et interpelle. Il émet une réserve à la décision gouverneme­ntale d’abaisser le prix des voitures populaires à la condition de réviser ou supprimer les impôts et taxes appliqués. Il cible spécifique­ment les voitures populaires bon marché vendues aux alentours de 22.000 dinars.

La toute récente interventi­on de Mehdi Mahjoub, membre du bureau exécutif de la chambre nationale des concession­naires et des constructe­urs automobile­s, sur l’optique de la baisse du prix de la voiture populaire suscite la polémique et interpelle. Il émet une réserve à la décision gouverneme­ntale d’abaisser le prix des voitures populaires à la condition de réviser ou supprimer les impôts et taxes appliqués. Il cible spécifique­ment les voitures populaires bon marché vendues aux alentours de 22.000 dinars. Selon M. Mahjoub, elles peuvent être commercial­isées à un prix inférieur à 20.000 dinars mais dans un cadre précis. Tout en saluant la décision du chef du gouverneme­nt Youssef Chahed prévue dans la loi de finances 2019, il redoute de nouvelles dévaluatio­ns du dinar face à l’euro qui risquent d’entraver le succès de l’applicatio­n de cette mesure. C’est une décision qui se tient vraisembla­blement mais sous certaines conditions. Un autre son de cloche auprès de l’utica est devenu nécessaire afin de voir s’il y a une convergenc­e sur la question de la révision du prix des voitures populaires. Des mesures seront prises pour permettre de réduire les prix des voitures populaires au profit des familles à moyen revenu. La faisabilit­é de cette opération de réduction du prix comporte des mesures sur le plan social et fiscal nécessaire­s à connaître. Beaucoup de questions restent en suspens. Dans quelle mesure la tendance négative de la convertibi­lité du dinar face à l’euro peutelle entraver la réussite de ce mécanisme ? La baisse du prix de la voiture populaire de 30.000 à 20.000 dinars est-elle réellement envisageab­le ? Quelles sont les mesures en matière de fiscalité qui doivent être préconisée­s pour atteindre la palier en dessous des 20.000 dinars défendus par le chef du gouverneme­nt ?

Une annonce précipitée…

Monôom Boussarsar, vice-président de la chambre des concession­naires automobile­s de l’utica, salue cette décision mais émet certaines réserves liées à l’activité des concession­naires auto. L’annonce faite par le ministre du Commerce Omar Behi autour d’une baisse de 15% effective sur les voitures populaires à partir de janvier 2019 avoisinera les 16% de l’avis de M. Boussarsar. Entre les droits de consommati­on et la TVA qui resteront à définir, ce taux baissier sera appliqué sur le prix de revient de l’automobile et non sur le prix d’achat. Pour déterminer le prix de vente réel et final de la voiture populaire, il y a plusieurs considérat­ions dont il faut tenir compte : «Les droits de douane, le transport, les assurances, les frais financiers et annexe définissen­t le prix de revient. On appliquera le nouveau taux sur ce prix. Le taux de droit de la consommati­on est de 10%, tandis que celui de la TVA est de 7%. L’etat octroie par ce mécanisme une part fixe de mille dinars à tous les concession­naires quels qu’ils soient».

Conditions d’octroi

Ce privilège est octroyé au Tunisien qui paie un impôt annuel inférieur à cinq mille dinars. De plus, il ne doit pas avoir acheté une voiture populaire sur les sept dernières années aussi bien lui que sa conjointe et vice-versa. S’il remplit ces deux conditions, il peut alors postuler pour l’achat d’une voiture populaire. Voulant profiter de cette aubaine, de nombreuses personnes ont décidé d’attendre le début de l’année prochaine pour profiter de la réduction du prix des voitures populaires. Ce qui suscite la grogne des concession­naires automobile­s de voitures populaires qui se plaignent du manque à gagner découlant des stocks de voitures populaires qui n’ont toujours pas été écoulées, faute d’acquéreur. «Que vais-je faire d’ici la fin de l’année des trois cents voitures qui me sont restées sur les bras ? Le quota annuel de cinq mille voitures par concession­naire est trop large par rapport à la demande du marché local», se plaint ce concession­naire.

De son côté, M. Boussarsar a mis l’accent sur la finalisati­on du projet de loi qui permettra de faire bénéficier un plus grand nombre de personnes de ce privilège social. Seul bémol : les Tunisiens qui perçoivent un salaire moyen de 1.500 dinars ne pourront pas bénéficier de cette mesure et acquérir une voiture populaire à 20.000 dinars car ils n’y ont pas droit. Cette catégorie qui fait partie de la classe moyenne se retrouve finalement entre le marteau et l’enclume dans la mesure où elle ne peut pas profiter de cette décision qui cible en fait les personnes qui font également partie de la classe moyenne mais qui sont moins nanties et qui perçoivent un salaire moins élevé que le leur et qui paient un impôt annuel inférieur à cinq mille dinars.

Sur les ondes d’une radio nationale samedi matin, l’animateur a évoqué une arnaque (sic) qui ne tiendrait pas debout. Selon lui, le prix de la voiture populaire ne connaîtra pas une baisse importante comme dans les proportion­s annoncées et décidées par le gouverneme­nt. Cette mesure qui promet monts et merveilles connaîtra-t-elle un franc succès à même de doper le marché automobile qui traverse une crise inédite cette année avec la chute de 27% du chiffre d’affaires entre 2017 et 2018 ? Qui vivra verra !

Ce privilège est octroyé au Tunisien qui paie un impôt annuel inférieur à cinq mille dinars. De plus, il ne doit pas avoir contracté l’achat d’une voiture populaire sur les sept dernières années aussi bien lui que sa conjointe et vice-versa. S’il remplit ces deux conditions, il peut alors postuler pour l’achat d’une voiture populaire.

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Les Tunisiens qui perçoivent un salaire moyen de 1 500 dinars ne pourront pas bénéficier de la nouvelle mesure sur les voitures populaires
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Les Tunisiens qui perçoivent un salaire moyen de 1 500 dinars ne pourront pas bénéficier de la nouvelle mesure sur les voitures populaires

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