«En cherchant le résultat, on perd la formation»…
…estime le docteur en sciences de l’éducation physique qui connaît sur le bout des doigts les maux de ce secteur désormais marginalisé
«Avant d’ouvrir ce dossier important de la formation au sein des clubs, je dois préciser que cette stratégie est suivie partout dans le monde afin d’assurer la relève en joueurs de bonne qualité. En Tunisie, il y a encore quelques grands clubs, en l’occurrence L’EST, L’ESS et le CSS qui disposent d’une bonne infrastructure et de moyens financiers qui investissent depuis des années dans la formation des jeunes talents sur des bases solides et suivant les normes internationales. En revanche, il y a d’autres dont les moyens sont limités comme le ST, le CAB et la JSK, pour ne citer que ceuxci, qui luttent pour satisfaire les besoins de leurs jeunes talents en bons encadreurs et dans des conditions de travail convenables faute d’infrastructure adéquate. Toutefois, une bonne formation nécessite, comme j’ai déjà précisé, une infrastructure adéquate (terrains en gazon ou en tartan, salle de musculation et un bloc sanitaire bien équipé, etc.), mais aussi des encadreurs qualifiés et un directeur technique du centre qui met en place la stratégie de travail et assure minutieusement le suivi pour ces jeunes footballeurs qui vont renforcer plus tard non seulement leurs clubs mères, mais aussi les équipes nationales des jeunes, toutes catégories confondues. Donc ce cru est indispensable pour que tous les clubs assurent normalement la continuité et la stabilité de leur effectif dans un monde footballistique qui ne cesse d’évoluer et dont les exigences sont multiples. Or, cette continuité n’est pas souvent assurée même au sein des grands clubs pour la simple raison que ces jeunes talents pétris de qualités et formés sur des bases solides et qui sont très sollicités dans les catégories des jeunes, n’arrivent souvent pas à s’imposer quand ils rejoignent la catégorie senior, non pas faute de bonne formation, mais pour des raisons d’adaptation. Il leur faut donc le temps nécessaire et l’encadrement adéquat pour pouvoir s’intégrer et, de surcroît, montrer leur talent. Je me rappelle que mon passage au ST comme directeur technique, 2011/2013, a parfaitement contribué à l’éclosion des jeunes talents qui ont renforcé l’équipe senior. Je fais allusion ici à Jlassi, Khémiri, Mohamed Ben Ali, Mohamed Ali Mhadhebi et la liste est encore longue.
Pour conclure, je dirais que la formation au sein de nos clubs, hormis quelques-uns, reste marginalisée et nécessite désormais une révision profonde pour espérer la mettre sur les bons rails. Améliorer l’infrastructure précaire, trouver une solution pour la double séance dans les établissements scolaires et réserver une partie du budget des clubs pour épanouir les jeunes sont les conditions obligatoires pour changer un tant soit peu le visage terne de la formation au sein de nos clubs...».