«Le réservoir-jeunes est pourtant là !»
A l’époque de l’amateurisme, on investissait dans la formation...
«Que d’encre a coulé à propos des jeunes et que d’eau a coulé sous les ponts. Je ne vais pas en rajouter une couche en abordant les motifs de la discorde. Mais juste rappeler les principes et les modalités d’une formation qui porte ses fruits, du moins en théorie.
Le but recherché est le même pour tout le monde : assurer une relève performante et compétitive pour nos sélections et les clubs qui nous représentent dans les manifestations continentales. En Tunisie, les mentalités ont changé sans vraiment évoluer. La donne aussi n’est plus la même avec cette sacro-sainte recherche du résultat à tout prix. Avant, à l’époque de l’amateurisme, on investissait dans la formation. L’on se rappelle du résultat avec l’épopée moscovite de la sélection junior de Mrad Mahjoub qui a révélé une belle génération de compétiteurs. La tendance s’est malheureusement inversée au fil du temps et la responsabilité est partagée par tous. Vous savez, la FTF ne peut pas se charger de former les jeunes joueurs d’élite, mais juste faire le tri et accompagner leur mutation finale. Peut-être qu’elle gagnerait à imposer aux clubs d’avoir leur propre centre de formation et non pas seulement une académie juste pour le décor. Mais bon, la FTF ne peut s’ingérer dans les affaires des associations. C’est aux clubs d’agir en conséquence. Ils auront tout à gagner au final, car les dividendes peuvent par la suite constituer un retour sur investissement vital. Mais bon, il faut d’abord que les clubs se structurent. Certains n’ont même pas de terrain d’entraînement ! Dans certaines régions, le football est en déperdition, alors qu’il y a un gros réservoir de jeunes. Il faut donc structurer les clubs à tous les niveaux. Mettre les moyens humains et financiers qu’il faut. Cela prendra du temps pour en cueillir les fruits, mais ce sera forcément payant un jour. En clair, si l’on consacre des ressources à la formation, les équipes nationales en seront les principaux bénéficiaires. Il faut donc que les “investisseurs” comprennent qu’il est important de donner à nos jeunes de bonnes bases. Il en va d’une partie de l’avenir de notre football».
«Implication et certification»
«Maintenant, si l’on pousse l’analyse plus loin, l’on constate que depuis des années, les centres pullulent sur le continent africain et la naissance de ces installations coïncide souvent avec les victoires des sélections des jeunes du Ghana et autres. Rappelez-vous le onze olympique du Cameroun, vainqueur de deux CAN et des JO ! Une stratégie audacieuse et une implication de tous les instants ont permis de révéler les Eto’o, Njitap, Song, Womé, Olembé et j’en passe. Rappelez-vous de Jean-marc Guillou, qui a instauré cette mode en Afrique et formé de nombreux talents, comme Gervinho ou Salomon Kalou. Terrains synthétiques, hébergement pour les joueurs, salles de musculation et même de conférences ! Le centre Diambars par exemple, au Sénégal, compte une équipe qui a terminé deuxième du championnat sénégalais et qui est appelée par les médias locaux “le petit Barcelone du Sénégal”.
Il est clair que les CDF doivent épouser l’air du temps et se doter d’une structure adéquate via un cahier des charges qui doit être scrupuleusement respecté, comme recourir à des techniciens certifiés, soit compétents. Au final, je dirais qu’on a tout à gagner en misant et en investissant massivement dans les jeunes. Le projet est non seulement audacieux, mais surtout pertinent, parce qu’il apportera une réponse à l’un des plus grands problèmes actuels de notre football, celui de la relève» !