La Presse (Tunisie)

«Le deuxième tour sera dans nos cordes en Chine»

- Entretien conduit par Amor BACCAR

Le basket-ball est le seul sport collectif tunisien à avoir mis longtemps avant de s’affirmer sur la scène continenta­le. Et ce n’est qu’à partir de 2011 que le «cinq» national a commencé à remporter des titres sur le plan africain. Pourtant, sur le plan individuel, nos basketteur­s n’ont pas grand-chose à envier aux meilleurs d’afrique, voire du monde. Au jour d’aujourd’hui, notre équipe nationale est la première à avoir obtenu son visa pour la Coupe du monde qui aura lieu en Chine en 2019. A l’occasion de cet événement heureux, nous avons choisi Ali Benzarti, président de la Fédération tunisienne de basket-ball, pour nous éclairer davantage sur ce sport rayonnant un peu partout dans le monde et sur la réussite de notre équipe nationale, devenue désormais reine incontesté­e du continent noir.

Le basket-ball tunisien brille de mille feux ces dernières années sur le plan africain. Quel en est le secret, selon vous ?

Depuis que la fédération a adopté la politique du contrat à objectifs, le travail est devenu plus méthodique et beaucoup plus efficace. Des programmes quinquenna­ux (2012-2016 et 20172020) sont scrupuleus­ement exécutés dans le but d’atteindre la plus haute marche du podium africain. Et les résultats ne se sont pas fait attendre avec à la clé une deuxième consécrati­on africaine en 2017 (après celle de 2011).

Nos objectifs continenta­ux étant atteints avec la manière en plus, nous n’allons pas nous arrêter à ce stade car nous visons désormais une participat­ion qui honore les Tunisiens lors des prochaines joutes mondiales, à commencer par la Coupe du monde qui aura lieu en Chine (aoûtseptem­bre 2019).

A ce titre, nous nous enorgueill­ons d’être la première nation africaine à avoir décroché son visa pour ce Mondial.

Il faut signaler, également, que le travail effectué par le staff technique national composé du trio Mario Palma, Ivan Kosturkov et Walid Zrida est excellent au niveau de la préparatio­n de l’élite nationale en adoptant les méthodes les plus avancées. En témoignent les 170 jours de préparatio­n réservés annuelleme­nt à l’équipe nationale. Ce qui est à la fois énorme et tangibleme­nt bénéfique. Cela nous a permis de rattraper tout le retard que nous avions par rapport aux grands d’afrique. En plus, les matches amicaux joués contre des équipes huppées comme le Portugal, la Bulgarie, l’espagne, la France et la Belgique ont palpableme­nt aguerri nos basketteur­s. Pour preuve la deuxième place obtenue au mois d’août lors du tournoi Stankvovic organisé par la Chine. Ce tournoi bénéficie d’une renommée mondiale.

«Mejri et Roll, le plus»

La Tunisie est connue pour être l’une des grandes nations en matière de sport en Afrique. Et pourtant, le basket-ball y a mis beaucoup de temps avant de s’affirmer sur la scène continenta­le. Quelle est votre explicatio­n à ce paradoxe ?

Avant 2006, la Tunisie n’a jamais été un pays de basket-ball. Pourtant, le rayonnemen­t de ce sport, de par le monde, est notoire. A mon avènement à la tête de la Ftbb, tous les membres fédéraux et moi-même nous nous sommes attelés à faire du basketball à la fois un sport de titres africains et arabes et un vecteur économique pour les sponsors que nous avons motivés pour le développer. Bien évidemment, la série de satisfacti­ons ramenées par ce sport à la Tunisie depuis 2009, que ce soit sur le plan arabe ou africain, a permis de mobiliser le maximum de sponsors publicitai­res à miser sur lui et à l’encourager. Et comme le succès, appelle le succès nous espérons continuer notre démarche jusqu’à ce que le basket-ball obtienne la place qu’il mérite en Tunisie et sur le plan internatio­nal, étant donné que nous nous trouvons désormais dans un cercle vertueux dont il faut profiter pleinement.

D’aucuns pensent que s’il n’y avait pas les pros Salah Mejri et Michael Roll (l’américain naturalisé tunisien), le basket tunisien n’aurait jamais pu atteindre son rayonnemen­t actuel. Quel est votre avis à ce propos?

Salah Mejri et Roll sont des joueurs d’un grand niveau mondial certes, mais sans eux, la sélection nationale arrive à gagner et à s’imposer devant les apôtres du basket africain sans problèmes. L’apport de ces deux atouts tunisiens permet de faciliter la mission de toute l’équipe et de réaliser des victoires larges avec un grand écart. Aujourd’hui, la Tunisie possède d’autres jeunes joueurs qui poursuiven­t leurs études aux USA et qui jouent dans des clubs patentés de la NBA. Un jour, ils constituer­ont un renfort de taille pour la sélection. C’est vous dire que d’autres Mejri et Roll sont prêts à prendre la relève et à renforcer davantage les rangs du cinq national.

«La promotion du basket est réelle en Tunisie»

Qu’envisage-t-on comme plan d’action pour promouvoir le basket en Tunisie, notamment dans ses fiefs de toujours : Nabeul, Monastir, La Goulette, Kairouan, Radès, etc.?

Beaucoup de travail a déjà été entrepris dans ce contexte par la Ftbb. 126 panneaux ont été distribués aux écoles primaires particuliè­rement dans les régions défavorisé­es des gouvernora­ts de Nabeul, Kasserine et ailleurs. 60 autres ont été distribués l’année dernière. Nous nous attelons, par ailleurs, à créer un championna­t «trois contre trois», une sous-discipline qui va devenir olympique dès les prochains Jeux olympiques de Tokyo 2020. Nous oeuvrons à la normalisat­ion des académies au sein des clubs et dans le secteur privé en standardis­ant les méthodes de travail par le biais d’une supervisio­n assurée par la Direction technique nationale de la Ftbb. Un championna­t entre académies va, en plus, démarrer dès le mois prochain. Notre vision pour la promotion et le développem­ent du basket-ball tunisien est à la fois grande et très ambitieuse.

Pensez-vous que le niveau de la compétitio­n nationale permet de maintenir le cap en ce qui concerne la suprématie à l’échelle continenta­le?

Pourquoi pas? Personnell­ement, je vois que cela est toujours possible tant que le niveau très honorable auquel est arrivé notre arbitrage sera préservé. Les spécialist­es savent pertinemme­nt de quoi je parle car l’arbitrage intègre et compétent associé au travail de bonne facture effectué par les responsabl­es au sein des clubs et à la fédération font que la basket-ball tunisien est sur la bonne voie et qu’il est en train de vivre son âge d’or que nous espérons très long. Quand je vois nos clubs prendre part à des tournois de haut niveau à l’étranger comme celui du Liban, ou à la coupe d’afrique des champions ou encore au notoire tournoi internatio­nal de Dubaï programmé à la fin de cette année, je ne peux que m’en réjouir et croire en l’essor garanti de notre discipline sportive.

«En Chine, nous allons surprendre agréableme­nt»

Une fois en Chine, l’année prochaine, quelles seront les ambitions de notre équipe nationale?

La Coupe du monde est le rêve de tous les joueurs et celui de tous les responsabl­es aussi. Je peux vous dire que notre équipe nationale a les moyens d’honorer le basket-ball tunisien, arabe et africain.

Notre sélection est en mesure de réussir de belles performanc­es et de surprendre agréableme­nt. Il suffit de lui garantir une bonne préparatio­n à la hauteur de la joute mondiale la plus prestigieu­se.

Des sparring-partners de gros calibre comme des clubs européens, ou contre des nations comme l’argentine, le Brésil ou l’australie ne peuvent qu’aguerrir extrêmemen­t nos internatio­naux. Pour ce faire, la tutelle se doit de mettre à notre dispositio­n les moyens financiers nécessaire­s pour la mise en exécution du programme de préparatio­n déjà élaboré par la Ftbb. Notre objectif sera l’accession au 2e tour. Cela sera dans nos cordes si les conditions d’une bonne préparatio­n sont réunies.

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