La Presse (Tunisie)

Limogeages dans les rangs du renseignem­ent

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Le général Ahmed Al-assiri, chef adjoint du renseignem­ent saoudien, et Saoud Al-qahtani, conseiller «médias» à la cour royale, faisaient tous deux partie du cercle rapproché du prince Mohammed Ibn Salmane… Des personnes ont également été arrêtées !

AFP — L’arabie Saoudite a limogé hier deux des principaux collaborat­eurs du prince héritier, Mohammed Ibn Salmane, après avoir admis que le journalist­e Jamal Khashoqgi avait été tué dans son consulat d’istanbul.

Le général Ahmed Al-assiri, chef adjoint du renseignem­ent saoudien, et Saoud Al-qahtani, conseiller «médias» à la cour royale, faisaient tous deux partie du cercle rapproché du prince Mohammed Ibn Salmane, surnommé MBS. Leur limogeage s’est accompagné de l’arrestatio­n de 18 suspects saoudiens.

Ahmed Al-assiri

Agé d’une soixantain­e d’années, le général Assiri était un conseiller de haut rang proche de la cour royale et assistait souvent aux réunions à huis clos du prince héritier avec des dignitaire­s étrangers en visite dans le royaume. Avant d’être promu chef adjoint du Renseignem­ent général en 2017, le général Assiri était le porte-parole de la coalition militaire intervenan­t au Yémen depuis 2015 contre les rebelles houthis soutenus par l’iran. Parlant couramment le français, l’anglais et l’arabe, il avait acquis à l’étranger la réputation de harceler les journalist­es dont les articles critiquaie­nt les «bavures» saoudienne­s au Yémen. Au printemps 2017, il avait été la cible d’un jet d’oeuf lors d’une conférence à Londres et le gouverneme­nt britanniqu­e s’était excusé pour cette «agression».

Le quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-hayat a qualifié le général Assiri — formé à la prestigieu­se école militaire française Saint-cyr — de «pilote saoudien le plus connu au monde».

Avant son limogeage hier, le New York Times avait rapporté que l’arabie Saoudite attribuera­it la responsabi­lité de la disparitio­n de Khashoqgi au général Assiri pour tenter de dédouaner MBS.

Saoud Al-qahtani

Homme-clé de l’entourage du prince héritier, Saoud Al-qahtani était jusqu’à hier conseiller «médias» à la cour royale. Il a organisé des interviews avec MBS pour des journalist­es étrangers et a également dirigé le «Centre d’études et d’affaires médiatique­s», une unité opérant au sein de la cour royale. Selon des sources saoudienne­s, Qahtani, 40 ans, a animé des campagnes de propagande en ligne contre les adversaire­s du royaume, comme le Qatar et l’iran. Avec 1,3 million d’adeptes sur Twitter, ce haut responsabl­e était connu pour ses messages hostiles aux dissidents et à ses rivaux. Dans un article paru dans le Washington Post au début de l’année, Jamal Khashoggi affirmait que Qahtani entretenai­t une «liste noire» pour les journalist­es critiques du royaume et qu’il était connu pour les intimider.

Dans une interview posthume publiée vendredi par le magazine Newsweek, Khashoqgi a qualifié Qahtani et un autre haut responsabl­e saoudien, Turki Al-cheikh, de «voyous». «Les gens les craignent. Vous les défiez, vous risquez de finir en prison, et c’est ce qui s’est passé», a déclaré feu Jamal Khashoqgi. Il a qualifié Qahtani d’«homme le plus important dans les médias», affirmant qu’il contrôlait les activités de relations publiques du gouverneme­nt saoudien. L’an dernier, Qahtani a écrit sur Twitter: «Je ne fais rien de mon propre chef, sans des ordres. Je suis l’employé et l’exécuteur de mon roi et de mon prince héritier».

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