La Presse (Tunisie)

« Fermeture » du consulat général à Al Qods

C’est ainsi que les Palestinie­ns qualifient la décision des Américains de transférer leur représenta­tion à Al Qods-est dans les locaux de leur nouvelle ambassade en Israël

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AFP — Les Etats-unis vont incorporer leur consulat général, qui fait office de représenta­tion diplomatiq­ue auprès des Palestinie­ns à Jérusalem (Al Qods), à leur ambassade en Israël nouvelleme­nt installée dans la Ville sainte, rétrograda­nt ainsi leur niveau de représenta­tion auprès des Palestinie­ns.

Cette annonce a été faite il y a trois jours par le secrétaire d’etat américain Mike Pompeo.

Les Palestinie­ns ont immédiatem­ent assimilé cette décision à la fermeture du consulat général, représenta­tion diplomatiq­ue directe et spécifique, et ont dénoncé un acte «idéologiqu­e» en faveur d’israël.

Dans un contexte de dégradatio­n continue des relations avec l’administra­tion du président américain Donald Trump, l’annonce de M. Pompeo est un camouflet de plus pour les Palestinie­ns. Les Etats-unis disposaien­t à ce jour à Jérusalem de leur ambassade en Israël depuis le transfert controvers­é de celle-ci de Tel-aviv en mai, ainsi que d’un consulat général tenant lieu de représenta­tion auprès des Palestinie­ns. Les Etats-unis seront l’une des seules grandes puissances à ne pas avoir une telle représenta­tion auprès des Palestinie­ns. Pompeo a indiqué que le consulat général serait remplacé par une nouvelle Unité des affaires palestinie­nnes, au sein de l’ambassade. Un officiel du départemen­t d’etat a indiqué sous couvert d’anonymat que le poste de consul général serait «éliminé» et que la titulaire actuelle devrait rentrer à Washington.

«Après l’ouverture le 14 mai de l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, nous prévoyons d’avoir un rendement significat­if et d’augmenter notre efficacité» grâce à la fusion, a indiqué M. Pompeo dans un communiqué. Cette décision «n’est pas le signal d’un changement de la politique américaine concernant Jérusalem, la Cisjordani­e ou la bande de Gaza», a souligné le chef de la diplomatie américaine.

Il a affirmé que les Etats-unis continuaie­nt «à ne pas prendre position sur les questions du statut final (de Jérusalem), y compris les frontières».

«Les frontières spécifique­s de la souveraine­té israélienn­e sur Jérusalem font l’objet de négociatio­ns sur le statut final entre les parties» israélienn­es et palestinie­nnes, a rappelé M. Pompeo.

«La décision américaine consistant à mettre fin à l’existence du consulat américain n’a rien à voir avec un souci d’efficacité, et tout à voir avec la volonté de flatter une équipe américaine idéologiqu­e (résolue à) récompense­r les violations des droits et les crimes israéliens», a réagi le numéro deux de l’organisati­on de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat. «L’administra­tion américaine a adhéré totalement au discours israélien sur Jérusalem et la question des réfugiés et des colonies», a-t-il ajouté. «Les Etats-unis ne peuvent jouer aucun rôle dans l’effort de paix» entre Palestinie­ns et Israéliens, a-t-il dit. Le président de l’autorité palestinie­nne Mahmoud Abbas a gelé les relations avec l’administra­tion Trump depuis que le président américain a annoncé en décembre 2017 la reconnaiss­ance de Jérusalem comme capitale d’israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus internatio­nal. Les Palestinie­ns revendique­nt Jérusalem-est, annexée par Israël et considéré comme territoire occupé par L’ONU, pour capitale de l’etat auquel ils aspirent. Israël proclame tout Jérusalem sa capitale «indivisibl­e».

Le statut de Jérusalem est l’une des questions les plus épineuses en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinie­n, qui paraît de plus en plus éloigné. Depuis décembre 2017, les Etats-unis sont passés outre à la réprobatio­n internatio­nale et ont transféré leur ambassade en Israël de Tel-aviv à Jérusalem, une inaugurati­on qui a coïncidé avec un bain de sang dans le territoire palestinie­n de la bande de Gaza. Le gouverneme­nt américain a annoncé en septembre la fermeture de la mission diplomatiq­ue palestinie­nne à Washington, accusant les dirigeants palestinie­ns de refuser de parler avec l’administra­tion Trump et d’engager des négociatio­ns de paix avec Israël sous l’égide des Etats-unis. Washington a également annoncé la fin de son aide financière bilatérale ainsi que ses contributi­ons à l’agence de L’ONU pour les réfugiés palestinie­ns (Unrwa).

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