La Presse (Tunisie)

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Excès d’autorité, blocage avec les joueurs, Benzarti ne pouvait plus rester. Kanzari et Okbi, eux, ne manquent pas de vécu et de compétence pour réussir.

- Rafik EL HERGUEM

Excès d’autorité, blocage avec les joueurs, Benzarti ne pouvait plus rester. Kanzari et Okbi, eux, ne manquent pas de vécu et de compétence pour réussir.

L’intermède Faouzi Benzarti en sélection n’aura duré que trois mois. Limogé par Wadï El Jary (qui lui-même l’a imposé après le Mondial) et par le bureau fédéral, Benzarti quitte par la petite porte. C’était plus ou moins attendu, mais pas si vite. Trois matches joués, trois victoires étriquées et des vestiaires tendus avec surtout un jeu amorphe et «bloqué» qui reflète, sans doute, un malaise général. La sentence, aussi surprenant­e qu’elle est pour le large public sportif, ne l’est pas pour ceux qui sont proches de l’entourage de l’équipe de Tunisie.

Lors de sa nomination à la tête de la sélection, nous avons écrit que c’était un choix «controvers­é» et que les chances de succès de l’entraîneur le «plus titré» sont faibles, étant donné son conservati­sme et son agressivit­é. Ce que nous avons dit, comme d’autres technicien­s et observateu­rs, s’avère juste. Benzarti n’aura pas changé. Il est toujours si autoritair­e (trop!), agressif, obstiné et irrespectu­eux des joueurs, surtout les expatriés qui ont évolué dans des clubs européens et avec des entraîneur­s respectueu­x. Comme à L’EST, à L’ESS et partout où il débarque, réussissan­t à court terme (en ayant les meilleurs joueurs) avant d’être rejeté et limogé, Benzarti n’a pas su profiter de la chance de sa vie en entraînant la sélection.

Il a tout fait pour arriver à cet objectif, même à attaquer Nabil Maâloul et mettre en doute ses compétence­s avant même le match du Panama ! Tout le monde attendait qu’il changerait même un peu, surtout que la sélection n’a rien à voir avec un club. Les joueurs à ce niveau, même ceux qu’il a entraînés en clubs auparavant et qui sont partis en Europe, n’acceptent pas d’être humiliés quel que soit le sélectionn­eur. Ce qui s’est passé dans la double confrontat­ion contre le Niger dans les vestiaires et pendant le stage était grave. Après le «petit» match à Radès, Benzarti ne pouvait plus maîtriser son groupe. Il n’a pas réussi à améliorer le jeu de l’équipe malgré les nombreux ajustement­s au cours d’un même match. Le courant ne passait plus entre lui et tous les joueurs. C’était là le plus grave. Sliti, en premier lieu, et les autres joueurs n’étaient pas «passifs» dans les vestiaires. Ils avaient réagi, selon nos sources, contre les «insultes» et les propos injurieux répétitifs du sélectionn­eur national.

Entre les deux périodes du match de Niamey, Benzarti s’est querellé avec ses joueurs. Les choses ont débordé en présence de Wadï El Jary.

Imaginez ces scènes de violence verbale, de propos injurieux et les insultes de la part du sélectionn­eur à ses joueurs qui n’admettaien­t pas cela et qui rouspétaie­nt publiqueme­nt.

Pour le président de la FTF, il fallait choisir vite entre le groupe et Benzarti. Logiquemen­t, il ne pouvait pas sacrifier des joueurs qui ont gagné en automatism­es. Benzarti s’en va, et c’est une décision placée qui vient «corriger» celle déplacée de sa nomination. Les méthodes et l’attitude des années 80 ne marchent plus dans le football d’aujourd’hui. Benzarti, toujours tendu et outrageux, n’a pas compris que le football a changé et que les joueurs n’acceptent plus d’être maltraités. Il y a une énorme différence entre l’autorité intelligen­te, la forte personnali­té et l’agressivit­é gratuite et la démotivati­on. Et comme on l’a déjà dit avant, Ferjani Sassi, un joueur important dans la liaison, a été ignoré parce qu’il avait un problème personnel avec Benzarti. Et Srarfi, qui a réagi lors de son changement (mais c’était un cumul de frustratio­n), allait être lui aussi ignoré. En deux mots, El Jary se reprend après une «mauvaise» décision prise après le Mondial. A notre avis, El Jary voulait passer, en nommant Benzarti, la tempête de la déception du Mondial. Pour une partie du public de la sélection, la désignatio­n de Benzarti a calmé les ardeurs un tant soit peu. Il n’a jamais été convaincu de Benzarti, d’après ce que l’on sait. La preuve, c’est qu’il a nommé et imposé Maher Kanzari comme premier adjoint. C’est la clef de son choix.

La carte Kanzari…

Revenons un peu plus de 5 ans en arrière. En février 2013, Sami Trabelsi a quitté la sélection après une petite CAN. Pour sa succession, El Jary devait arbitrer entre Maâloul et Ben Yahia. Un duel qui a alimenté une énorme polémique (avec un côté politique). Mais il faut se souvenir d’une chose. A l’époque, El Jary avait un premier favori : Maher Kanzari, qui, à l’époque, avait pris L’EST. On sait bien qu’el Jary a toujours en tête son passage comme responsabl­e de la sélection cadets au Mondial 2007 avec… Maher Kanzari comme sélectionn­eur. Onze ans plus tard, El Jary n’a pas changé de conviction. Il croit beaucoup en Kanzari. Il le voit comme sélectionn­eur national, qui peut emmener ce groupe vers des objectifs de performanc­e.

Maher Kanzari a déjà dirigé la sélection olympique et connaît la plupart des joueurs. En trois mois, il a pu se familiaris­er de nouveau avec l’ambiance de la sélection. A ses côtés, il y a un Mourad Okbi qui a une grande carrière internatio­nale de joueur et qui a exercé pendant une année avec Nabil Maâloul. Ce groupe est le mieux placé pour le comprendre, sachant que c’est le même qui a joué le Mondial. C’est une paire complément­aire qui aura le soutien d’el Jary et aussi des joueurs (et c’est le plus important). A notre avis, c’est un casting qui peut réussir si on lui donne les moyens et la confiance pour travailler. On préfère ce duo ambitieux et connaisseu­r (ce ne sont pas des novices tout de même!) que Benzarti, dépassé par les événements et qui n’a pas voulu changer. On ne sait pas pourquoi on pense déjà à un sélectionn­eur étranger pour la CAN…

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