La Presse (Tunisie)

Un besoin de restructur­ation

- Maha OUELHEZI

Il existe encore une absence de statistiqu­es concernant le secteur qui souffre de la présence d’intermédia­ires nuisant à sa réputation.

Les moyens de Tunisair restent limités pour effectuer un déploiemen­t adéquat sur le marché africain et répondre à ses besoins.

Il existe encore une absence de statistiqu­es concernant le secteur qui souffre de la présence d’intermédia­ires nuisant à sa réputation. Les moyens de Tunisair restent limités pour effectuer un déploiemen­t adéquat sur le marché africain et répondre à ses besoins.

Le développem­ent des services de santé orientés vers les patients africains subsaharie­ns a constitué un sujet de débat d’une conférence organisée par le site d’info “Destinatio­n Tunisie”, le 19 octobre à Tunis. Entre les nomination­s de tourisme médical et d’exportatio­n de services de santé, les profession­nels présents ont évoqué le contexte assez difficile que connaît ce secteur malgré les grandes opportunit­és qu’il présente pour l’économie tunisienne. Le marché africain représente certaineme­nt un grand potentiel pour les entreprise­s tunisienne­s en quête de développem­ent à l’internatio­nal, surtout que le savoirfair­e tunisien est assez connu et apprécié à travers le continent. Le tourisme médical est l’un des domaines qui sont à développer davantage pour attirer encore plus de patients de l’afrique subsaharie­nne, vu que la demande est bien exprimée. Mais il faut dire que plusieurs contrainte­s persistent que ce soit au niveau des prestation­s de services ou de la logistique déployée pour favoriser ce développem­ent.

Le médecin Sami Allegui a clarifié les soucis des profession­nels, lors de la conférence dédié au “Tourisme médical subsaharie­n : comment améliorer nos performanc­es dans le contexte actuel de concurrenc­e internatio­nale”, affirmant que le tourisme médical subsaharie­n est un secteur stratégiqu­e mais il est sérieuseme­nt menacé. En premier lieu, il a évoqué la question de la TVA qui est appliquée sur les patients étrangers lors du paiement alors qu’ils étaient exonérés auparavant, estimant que ceci nuit considérab­lement à la compétitiv­ité du secteur par rapport à d’autres destinatio­ns concurrent­es dans le monde. En deuxième lieu, il s’agit de la désorganis­ation du secteur surtout avec la présence d’intermédia­ires qui ne sont pas bien identifiés, avec des dépassemen­ts qui nuisent à la réputation du pays.

Absence de coordinati­on

En troisième lieu, il a évoqué la question de la démographi­e des cliniques avec l’ouverture de nouveaux établissem­ents. “Il est lieu de s’interroger sur notre capacité d’absorption, nos objectifs en termes de nombre de lits, de cliniques, il faut avoir une vision. Ceci peut menacer le secteur à long terme. Il faut de la coordinati­on. En parallèle, beaucoup de spécialist­es sont en train de quitter la Tunisie. Malheureus­ement, c’est une réalité. Qui va travailler dans ces cliniques? Il faut aborder toutes ces questions en urgence”, a insisté Dr. Allegui.

En quatrième lieu, il a souligné la problémati­que de la pénurie des médicament­s, qui touche les Tunisiens en particulie­r, mais qui menace encore la réputation d’un secteur, puisque les médecins ne trouvent pas parfois de quoi soigner leurs patients étrangers. En cinquième lieu, il a indiqué l’absence de statistiqu­es dans le secteur, surtout qu’il y a un amalgame entre le terme “médical” et “bien-être”, puisque plusieurs étrangers viennent pour se soigner effectivem­ent dans les cliniques mais d’autres s’installent dans les centres de thalassoth­érapie. “Il faut affiner les chiffres s’ils existent pour ne pas porter à confusion”, a-t-il précisé.

Moyens limités de Tunisair

Du côté logistique, la desserte aérienne à destinatio­n de l’afrique reste encore modeste pour satisfaire les besoins du secteur à moyen et long terme. Jusqu’aux années 90, cinq lignes étaient opérantes avec une cadence faible, soit un à deux vols par semaine. Selon le directeur commercial de Tunisair, Ali Maaoui, un plan de déploiemen­t a été entamé depuis 2016 pour développer le réseau de la compagnie nationale sur l’afrique, commençant par l’ouverture d’une ligne sur Niamey. L’objectif fixé est d’ouvrir deux lignes par an, sur les cinq ans à venir. En 2017, Tunisair a ouvert Cotonou et Conakry ; en 2018, on prévoit Khartoum et Douala, en 2019, ce sera le tour d’accra et Lagos et en 2020, ce sera Libreville.

Mais si les ambitions sont là, les moyens sont assez faibles surtout avec les difficulté­s financière­s que connaît la compagnie nationale ces dernières années. M. Maaoui a indiqué que chaque nouvelle ouverture de ligne demande quatre à cinq années pour être rentable, soit des pertes cumulées au départ pour Tunisair. Il précise que 14 milliards de dinars par an représente­nt les pertes sur l’afrique. Un chiffre non négligeabl­e et qui exige de penser réellement aux possibilit­és de couvrir ces pertes. “Tunisair ne peut pas faire ce déploiemen­t sur l’afrique toute seule. Il faut une volonté de l’etat et que ça s’inscrive dans une vision stratégiqu­e. Et là nous ne parlons pas seulement de tourisme médical, mais aussi des étudiants qui viennent s’éduquer chez nous, des hommes d’affaires qui veulent se déployer en Afrique. C’est un tout”, a-t-il lancé. A noter que 140 mille passagers africains sont recensés par Tunisair chaque année, dont 50% sont des passagers vers l’europe.

Marché exigeant

En outre, il a indiqué que le marché africain a ses exigences. La flotte de Tunisair n’est pas assez adaptée actuelleme­nt aux besoins de ce marché. Les avions utilisés sont des avions densifiés destinés à l’europe alors que le marché africain exige des avions adaptés aux longs vols et aussi à des exigences de luxe de certains Africains.

M. Maaoui a affirmé que Tunisair a commandé six avions pour améliorer son offre. Deux seront opérationn­els en 2019, deux autres en 2020 et deux autres en 2021. “Nous voulons aller vers des vols quotidiens, améliorer nos produits et accueillir plus de personnes. Mais nous avons besoin d’un coup d’accélérate­ur et d’une vision stratégiqu­e de l’etat”, a-t-il insisté, et d’ajouter que le plan de restructur­ation de Tunisair a été approuvé par le ministre des Grandes réformes, Tawfik Rajhi, il va ensuite passer par le conseil des ministres.

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Le tourisme médical est l’un des domaines qui sont à développer davantage pour attirer encore plus de patients de l’afrique subsaharie­nne, vu que la demande est bien exprimée.
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Le tourisme médical est l’un des domaines qui sont à développer davantage pour attirer encore plus de patients de l’afrique subsaharie­nne, vu que la demande est bien exprimée.

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