La Presse (Tunisie)

L’importance du dépistage précoce

Une alimentati­on saine et équilibrée figure parmi les facteurs de prévention contre le cancer.

- Sabrine AHMED

Une caravane sanitaire a été organisée par l’associatio­n tunisienne d’assistance aux malades du cancer du sein (Amc), le dimanche, au profit des femmes, toutes tranches d’âge confondues. Son objectif : sensibilis­er et rapprocher l’accès aux prestation­s sanitaires.

De son côté, Mme Rawdha Zarrouk, présidente de L’AMC, a fait savoir que cette rencontre est organisée en coopératio­n avec la commission de la Femme et de la famille, soulignant, par ailleurs, l’importance de la diffusion de la culture du dépistage précoce grâce à une intensific­ation des campagnes de sensibilis­ation.

Elle a souligné l’absence de statistiqu­es précises sur l’incidence du cancer du sein, mettant, à cet égard, l’accent sur la nécessité de créer un registre national du cancer. L’événement, qui a enregistré une participat­ion importante des habitants de la ville d’elhaouaria et de plusieurs régions voisines, a été marqué par la présence d’une équipe pluridisci­plinaire composée de sagesfemme­s, de médecins spécialist­es et psychothér­apeutes, de coaches qui ont effectué des consultati­ons médicales gratuites aux habitants. Cette action bénévole a été bien accueillie par les habitants de cette cité. Les consultati­ons ont profité à plus de 100 femmes qui se sont fait dépister gratuiteme­nt. Elles ont longuement discuté avec les médecins de la caravane sanitaire qui leur ont prodigué des conseils sur l’hygiène de vie à suivre afin de rester en bonne santé. Dr Seraïri Beji Raja a déclaré que l’objectif de cette journée a été axée sur l’éducation nutritionn­elle. Il est important, en effet, de dépister les erreurs au niveau du comporteme­nt alimentair­e et de proposer une prise en charge nutritionn­elle. «L’alimentati­on est un facteur primordial pour préserver leur qualité de vie et leur bien-être. Il est indispensa­ble de boire beaucoup d’eau et de consommer des fruits et des légumes. Il faut opter pour une alimentati­on saine et équilibrée pour rester en bonne santé», a relevé le médecin,

De son côté Dr Sonia Ennaïfer précise qu’il est actuelleme­nt prouvé scientifiq­uement qu’il existe une relation étroite entre le cancer et l’alimentati­on. L’alimentati­on agit aussi bien au niveau préventif qu’en cours de traitement et permet d’éviter les récidives. Une alimentati­on équilibrée conforme aux besoins évite l’obésité qui présente un facteur de risque majeur de cancer.

Les aliments amis qui doivent figurer dans tous les repas sont les légumes et les fruits. Parmi ceux qu’on trouve sur le marché, certains possèdent de plus grandes propriétés anticancer que d’autres et méritent qu’on leur attribue une place de choix dans nos menus quotidiens. Ce sont les petits fruits, les agrumes, les crucifères, les alliacés et la tomate, explique la nutritionn­iste Badiaa Ben Hassoun.

Les droits des personnes atteintes

Faisant également partie de l’équipe de la caravane sanitaire, Mme Nour el Houda Essassi, sage-femme, a souligné de son côté que le cancer du sein est en train de prendre de l’ampleur. «Environ 30% des cas de cancer du sein sont dépistés à un stade avancé. Il existe un protocole bien précis à mettre en route en fonction du stade de la tumeur. Ce protocole englobe un examen clinique , un interrogat­oire, un bilan, une chirurgie, une chimiothér­apie, une radiothéra­pie et une hormonothé­rapie». Une femme au foyer, âgée de 32 ans, présente dans l’assistance, a raconté son expérience. «Je n’ai jamais fait d’échographi­e. Je me suis dit que c’est l’occasion de le faire pour m’assurer que je n’ai rien car le cancer du sein est sournois et silencieux. J’ai compris que c’est grâce à un examen de routine qu’il est possible de le diagnostiq­uer à un stade précoce».

Une autre femme voilée, âgée de 33 ans et originaire de la région, est venue pour s’informer sur la grosseur anormale qu’elle vient de découvrir au niveau de son sein. «Je suis venue pour exposer au médecin mon cas. Je suis là car je trouve que cette grosse boule est anormale et je panique». Les facteurs de risque sont nombreux: ménopause et grossesse tardives, absence d’enfants, prise d’un traitement hormonal substituti­f pendant une longue durée, antécédent­s familiaux….

De son côté, Zeïneb Lamine, psychologu­e, a déclaré que les retentisse­ments psychologi­ques du cancer chez la femme jeune de moins de 35 ans sont importants. «La femme jeune ne vit pas le même sentiment qu’une femme mariée ou fiancée. Elle vit une perturbati­on et un choc psychologi­que importants. Ses émotions basculent entre angoisse, panique et peur de l’inconnu. Elle se sent coupable de sa maladie, elle la vit comme une punition, par conséquent la prise en charge psychologi­que est importante. Il faut être à l’écoute de la patiente car cela l’aide à donner un sens à son vécu. Il y a, par contre, des femmes qui se replient sur elles-mêmes. Il faut au contraire qu’elles extérioris­ent leur souffrance et qu’elles expriment leur peur et leur angoisse. Il faut parler et faire du sport pour pouvoir s’en sortir».

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