La Presse (Tunisie)

A quoi bon... ? !

- Par M’hamed JAIBI M.J.

Nous autres journalist­es politiques, chroniqueu­rs, commentate­urs ou analystes, qui avons traversé toutes les ères bourguibie­nnes sans lâcher prise, sommes confrontés depuis la fameuse révolution du 14-Janvier, à un véritable no-man’s land politique qui fait désespérer le bon sens et incurver la bonne volonté.

Les nouveaux arrivants de tout bord n’ayant jamais songé à vraiment «arriver», encore moins à réformer, ont cru inventer la roue. Or rien sous leur règne, pourtant démocratiq­ue, n’a su tourner rond comme la lune autour de la terre. Un mouvement aisé et serein qui date de la nuit des temps.

Ils évoluent tous et toutes comme s’ils étaient «dans la lune», la tête en l’air et les pieds dans la mélasse. Mais peut-on reprocher à des nouveaux venus de se perdre en chemin ? Ignares en politique et en la chose publique, ils ont mis en avant leur virginité, puis leur peu d’expérience, leur immaturité. Mais à quoi bon dissimuler ce que huit années de galère ont corroboré : ils n’ont pas le profil mais prétendent et s’entêtent. Alors, à quoi bon s’évertuer à expliquer, à analyser, à démontrer ou à contrer ? Au lieu de se raviser, leur diagnostic est net : nous serions les suppôts de Satan. Pas seulement pour les islamistes, en fait pour tous les acteurs malgré eux d’une légitime révolte populaire qui ne leur a pas demandé la permission. Le 14 janvier 2011, en effet, des millions de Tunisiens qui ne lisaient aucun journal tunisien, ne suivaient nullement nos infos, ne connaissai­ent ni nos ministres ni nos lois, se sont pris d’affection pour la politique et la communicat­ion. Et chacun a choisi son camp : les uns au pouvoir ou tout autour, les autres dans l’éternelle contestati­on, les sit-in, les blocages de routes et les revendicat­ions. Et place aux illégitime­s ambitions !

Mais «la politique est un métier», comme disait si bien Khemaïs Chamari, tout comme le journalism­e. Et dans ces métiers, le savoir s’acquiert et l’expérience forge. A condition que la vocation y soit.

Si ce n’est pas le cas, à quoi bon ?!

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