La Presse (Tunisie)

Aucune intention de mettre en place un embargo sur le pétrole

Sur fond de crise suite à l’assassinat du journalist­e Jamal Khashoggi, les Saoudiens considèren­t que “cet incident passera” et ils augmentera­ient leur production de 10,7 millions de barils par jour à 11 millions…

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AFP — L’arabie Saoudite n’a «aucune intention» de mettre en place un embargo sur le pétrole comme en 1973, a déclaré hier le ministre de l’énergie saoudien alors que les relations avec l’occident se sont refroidies après le meurtre d’un journalist­e saoudien.

«Cet incident passera», a déclaré Khaled Al-faleh dans une interview accordée à l’agence de presse officielle russe Tass : «L’arabie Saoudite est un pays tout à fait responsabl­e. Pendant des décennies, nous avons utilisé notre politique pétrolière comme un outil économique responsabl­e et l’avons isolée de la politique.»

«Si les prix du pétrole montaient trop, cela ralentirai­t l’économie mondiale et déclencher­ait une récession mondiale. Et l’arabie Saoudite a été cohérente dans sa politique. Nous travaillon­s à stabiliser les marchés mondiaux et à faciliter la croissance économique mondiale», a ajouté le ministre.

Les explicatio­ns de Riyad sur la mort du journalist­e Jamal Khashoggi, critique du prince héritier Mohammed Ben Salmane et exilé aux États-unis, sont loin d’avoir convaincu les grandes capitales occidental­es. L’arabie Saoudite a évoqué une «erreur monumental­e» pour expliquer la mort de Jamal Khashoggi, tué dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul. Riyad avait promis de riposter à d’éventuelle­s sanctions après une déclaratio­n de Donald Trump évoquant un «châtiment sévère» contre l’arabie Saoudite. Depuis, le président américain a changé de ton et ménage son allié saoudien. La chancelièr­e allemande Angela Merkel a quant à elle prévenu dimanche que l’allemagne n’autorisera­it pas en l’état d’exportatio­ns d’armes vers l’arabie Saoudite. En octobre 1973, six pays du Golfe membres de l’opep avaient augmenté de 70% les prix du pétrole et décrété un embargo contre les pays occidentau­x jugés pro-israéliens, ce qui avait provoqué une envolée des prix et une crise pétrolière mondiale. Le ministre saoudien a par ailleurs déclaré «ne pas pouvoir garantir» que les prix du pétrole ne passent pas la barre des 100 dollars par baril.

«Nous avons des sanctions contre l’iran et personne ne sait ce qu’il adviendra des exportatio­ns iraniennes. De plus, il y a des déclins potentiels dans des pays tels que la Libye, le Nigeria, le Mexique et le Venezuela», a-t-il expliqué: «Si trois millions de barils par jour disparaiss­ent, nous ne pourrons pas couvrir ce volume».

Le ministre a par ailleurs indiqué que l’arabie Saoudite augmentera­it sa production de 10,7 millions de barils par jour à 11 millions, précisant que le pays pourrait encore l’accroître jusqu’à 12 millions. Il a aussi indiqué que le groupe pétrolier national Saudi Aramco était intéressé par de potentiell­es coentrepri­ses avec les groupes russes Rosneft et Loukoïl dans le secteur du raffinage, affirmant que l’échange de brut pourrait être une aire de coopératio­n.

Le ministre a également déclaré que Saudi Aramco — qu’il a dirigé jusqu’en 2015 — espérait «devenir le deuxième plus gros investisse­ur dans Yamal-2 après Novatek». Après le mégaprojet de gaz naturel liquéfié (GNL) Yamal LNG, inauguré en décembre dans l’arctique, Novatek prévoit de commencer en 2022-2023 la constructi­on d’un nouveau projet géant, Arctique-2, auquel Total participe à hauteur de 10%.

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