La Presse (Tunisie)

Les causes et la manière

- Kamel GHATTAS

La FTF avait-elle fait traîner la signature du contrat pour congédier Benzarti une fois son objectif atteint ? C’est possible et tout le prouve. Et ce n’est pas élégant de bafouer et d’humilier ainsi des personnes venues pour servir leur pays. C’est la seule raison qui nous pousse à reprocher ce genre de comporteme­nt.

A quelques heures d’intervalle, trois informatio­ns sont données par les différents organes de presse : la première concerne un «citoyen» qui égorge des ânes pour vendre leur viande sous l’étiquette de «viande bovine de premier choix». La deuxième : un autre «citoyen» qui se poste devant la porte d’entrée d’un… cimetière et qui exige une redevance de la part de tous ceux qui viennent pour rendre visite à leurs proches décédés. La troisième concerne «la première fédération nationale sportive », qui nous apprend que le sélectionn­eur national de football Faouzi Benzarti a été «démis de ses fonctions».

Quel rapport y a-t-il entre ces trois informatio­ns ? Pourquoi, en fait, avoir fait le rapprochem­ent, alors que les domaines sont totalement éloignés l’un de l’autre ? Tout simplement parce qu’elles relèvent de la manière dont on se comporte dans ce pays où chacun s’arroge le droit d’agir comme bon lui semble, fort de cette impunité qui encourage tous les dépassemen­ts.

Bien entendu, la façon de «limoger» Benzarti n’est pas une surprise. Les clubs agissent de la même manière et les milliards qu’ils servent en contre-partie de leurs agissement­s peu chevaleres­ques alourdisse­nt de manière régulière des trésorerie­s déjà mal en point. Reste que la FTF est peut-être sûre de l’impunité. Benzarti n’a pas encore signé son contrat et c’est la raison pour laquelle on pense qu’il ne pourra rien faire de manière légale.

C’est exactement ce qu’ont pensé ceux qui ont fermé la porte au nez de Bosman. Ils ont eu tort et la loi, qui porte son nom est toujours d’usage, le prouve. Benzarti a effectivem­ent pris en charge, entraîné et conduit l’équipe nationale. La FTF ne pourra jamais le nier. Sa façon d’agir est condamnabl­e. Mais Benzarti n’a pas l’air de vouloir insister et ne s’accroche pas. Des clubs en Tunisie (nous avons l’impression de savoir lesquels) le solliciter­ont tout aussi bien à l’étranger qui, quoi qu’on dise, apprécient ses services. Il ne chômera pas longtemps. Il a suggéré d’allouer ce dont il a droit aux nécessiteu­x. Nous savions tous qu’il avait son caractère, ses montées de fièvre, mais on l’avait accepté. La FTF avait-elle fait traîner la signature du contrat pour le congédier une fois son objectif atteint ? C’est possible, et tout le prouve. Et ce n’est pas élégant de bafouer et d’humilier ainsi des personnes venues pour servir leur pays. C’est la seule raison qui nous pousse à reprocher ce genre de comporteme­nt. Sa situation constitue un dangereux précédent : un entraîneur peut entraîner, diriger, entrer dans l’arène réservée sans être signataire d’un contrat. Comment aurait réagi l’employeur (la FTF) si Benzarti (que Dieu le protège et lui donne longue vie), à l’occasion d’une de ses colères, avait eu des répercussi­ons de santé graves ? De toutes les façons, étant donné qu’il a suggéré de donner ce dont il a droit aux nécessiteu­x, il serait bien inspiré de porter son dossier au-devant des instances de la Fifa. Il pourra leur en donner davantage.

Et nous pourrions avoir bien des surprises.

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