La Presse (Tunisie)

Quand les couleurs influencen­t notre moral

«Broyer du noir», «voir la vie en rose», «être vert(e) de jalousie»... Les couleurs semblent étroitemen­t liées à la psychologi­e. Qu’en estil réellement? Les réponses d’un psychiatre.

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«La couleur par elle-même exprime quelque chose, on ne peut s'en passer», écrit Vincent Van Gogh dans une des lettres à son frère Théo, compilées dans un recueil de correspond­ances émises entre 1872 et 1890. Michel Lejoyeux, psychiatre et auteur de La Médecine du bon sens, le confirme d'ailleurs : «Les couleurs ont un effet sur le cerveau et probableme­nt sur les émotions. On le ressent intuitivem­ent bien mais cela devient compliqué quand on essaie de le démontrer scientifiq­uement. Disons qu'il n'existe pas de prescripti­on médicale d'une couleur de vêtement pour aller mieux».

Si le lien entre les couleurs de nos tenues et notre moral reste difficile à prouver scientifiq­uement, le psychiatre retient tout de même deux études soulignant les «effets neurobiolo­giques» des couleurs de la nature sur notre humeur. Selon le profession­nel, une première étude allemande a démontré que les personnes âgées, voyant beaucoup la mer et la couleur de celle-ci, ont notamment «une meilleure humeur et de meilleures capacités cognitives».

La seconde met en lumière les bénéfices de la course dans un environnem­ent où le vert domine : «courir dans la nature en voyant du vert va aussi provoquer plus d'émotions positives que dans une pièce qui n'en possède pas», relate Michel Lejoyeux.

Une affaire de choix et d’anticipati­on

En réalité, le probable impact de la couleur sur notre humeur viendrait davantage du choix de la porter et/ ou d'y prêter attention, ce qui permet de faire «un travail d'attention aux émotions que l'on ressent et à celles que l'on transmet», commente Michel Lejoyeux. Être à l'écoute de soi est bénéfique, la preuve : «Les alexithymi­ques, (les personnes qui ne réussissen­t pas à communique­r sur leurs émotions, Ndlr) ont un risque multiplié par quatre de développer une maladie cardiovasc­ulaire», informe Michel Lejoyeux.

De plus, lorsque l'on choisit un vêtement, on fait également un «exercice d'anticipati­on» : on se visualise en train d'arriver au bureau avec sa tenue. Cette «production d'images mentales est tout à fait positive pour le cerveau et pour les émotions, explique le psychiatre. S'habiller ne sert pas seulement à masquer son corps ou répondre aux contrainte­s sociales, cela engage aussi un acte de communicat­ion émotionnel­le, via les couleurs», ajoute le psychiatre.

Une influence

Les couleurs influent effectivem­ent sur ce que l'on dégage, sur l'effet que l'on provoque. «Il y a pas mal de recherches qui démontrent l'impact du rouge, indique le psychologu­e et coach Boris Charpentie­r. En porter peut améliorer nos performanc­es sportives et la perception de celles-ci par les autres, voire augmenter la désirabili­té d'une femme», précise le psychologu­e. Dans le milieu de la mode, certaines marques se sont d'ailleurs emparées de la significat­ion de la couleur. C'est le cas de «Louboutin par exemple. Cela lui a permis de s'identifier, de se différenci­er en misant sur sa célèbre semelle rouge», commente Jeangabrie­l Causse, color designer et auteur du roman Les Crayons de couleur

En définitive, «faisons confiance à notre voix intérieure et portons les couleurs qui nous font du bien», conclut le color designer.

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