La Presse (Tunisie)

Washington rétablit lundi des sanctions « plus agressives »

Les Iraniens seraient autorisés à utiliser les revenus des ventes permises de pétrole uniquement pour l’achat de biens humanitair­es. Huit pays pourront continuer à acheter le pétrole iranien…

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AFP —Six mois après avoir claqué la porte de l’accord sur le nucléaire iranien, les Etats-unis ont confirmé hier qu’ils rétablirai­ent lundi leurs sanctions les plus draconienn­es contre Téhéran, visant le pétrole et les banques, mais les doutes persistent sur cette campagne controvers­ée de «pression maximale». Washington a promis les sanctions «les plus fortes de l’histoire» pour faire plier l’iran, et a réimposé cet été un premier train des mesures qui avaient été levées en échange de l’engagement pris en 2015 par les autorités iraniennes auprès des grandes puissances de ne pas se doter de la bombe atomique.

AFP —Six mois après avoir claqué la porte de l’accord sur le nucléaire iranien, les Etats-unis ont confirmé hier qu’ils rétablirai­ent lundi leurs sanctions les plus draconienn­es contre Téhéran, visant le pétrole et les banques, mais les doutes persistent sur cette campagne controvers­ée de «pression maximale». Washington a promis les sanctions «les plus fortes de l’histoire» pour faire plier l’iran, et a réimposé cet été un premier train des mesures qui avaient été levées en échange de l’engagement pris en 2015 par les autorités iraniennes auprès des grandes puissances de ne pas se doter de la bombe atomique. Malgré les protestati­ons des dirigeants iraniens, des alliés européens de Washington ainsi que de la Chine et de la Russie, le second volet entre en vigueur lundi. Il s’agit de sanctionne­r, en leur barrant l’accès au marché américain, tous les pays ou entreprise­s qui continuero­nt d’acheter du pétrole iranien ou d’échanger avec les banques de la République islamique. «L’objectif est de priver le régime des revenus qu’il utilise pour semer la mort et la destructio­n à travers le monde», a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.

Huit pays seront toutefois autorisés à continuer d’acheter du pétrole iranien pendant au moins six mois supplément­aires, «mais uniquement car ils ont fait preuve d’efforts importants pour ramener leurs importatio­ns de brut vers zéro», a-t-il annoncé. La liste de ces pays sera connue lundi. A ce stade, on sait que l’union européenne dans son ensemble n’en fait pas partie mais qu’elle inclut la Turquie. Les observateu­rs s’attendent à ce que des dérogation­s soient également octroyées à la Corée du Sud, l’inde, le Japon et peut-être la Chine. L’administra­tion de Donald Trump assure que la mise en oeuvre des sanctions sera beaucoup plus «agressive» que par le passé, avec moins de dérogation­s et plus de contrôles — les revenus des ventes de pétrole autorisées iront sur des comptes bloqués et sont censés être utilisés uniquement pour l’achat de biens humanitair­es par l’iran.

Liste noire américaine

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a affirmé que 700 noms seraient ajoutés à la liste noire américaine, soit 300 de plus que ceux qui en avaient été retirés après 2015. Il a aussi dit que les Etats-unis souhaitaie­nt couper plusieurs institutio­ns financière­s iraniennes frappées par des sanctions du circuit bancaire internatio­nal Swift, hormis pour les «transactio­ns humanitair­es». «Swift doit faire un choix: se soumettre à la menace de sanctions américaine­s ou continuer à faciliter des transactio­ns avec des banques sur liste noire», se réjouit Behnam Ben Taleblu, de l’organisati­on Foundation for Defense of Democracie­s qui milite pour une ligne dure. «Les sanctions vont faire mal», prédit un diplomate européen, alors que l’iran, son économie et notamment le rial, sa monnaie, souffrent déjà depuis plusieurs mois. Selon lui, «c’est le même plan de bataille qu’avec Kim Jong Un et la Corée du Nord: sanctions, pression maximale et ensuite ils sont prêts à négocier».

Le milliardai­re républicai­n répète qu’il est prêt à rencontrer les dirigeants de la République islamique pour négocier un accord global sur la base de 12 conditions américaine­s: des restrictio­ns beaucoup plus fermes et durables sur le nucléaire que le texte de 2015, jugé laxiste par Washington, mais également la fin de la proliférat­ion de missiles et des activités jugées «déstabilis­atrices» de Téhéran au Moyenorien­t (Syrie, Yémen, Liban...). «C’est un voeu pieux», dit à L’AFP Ali Vaez, de l’internatio­nal Crisis Group. «Malgré la pression économique, les Iraniens ont pu continuer à soutenir leurs alliés régionaux pendant 40 ans», depuis la révolution islamique de 1979, souligne-t-il.

Flou sur les intentions

D’autant que la situation diffère aujourd’hui de celle de 2012, quand Barack Obama avait imposé les sanctions qui seront rétablies. A l’époque, «le monde était uni derrière les sanctions contre l’iran», explique Barbara Slavin, du cercle de réflexion Atlantic Council. «Cette fois, il s’agit de l’administra­tion Trump qui tente d’imposer au reste du monde une politique dont la plupart des pays ne veulent pas. «L’UE veut ainsi aider l’iran à engranger quelques bénéfices économique­s de son adhésion à l’accord de 2015, pour éviter qu’il le quitte à son tour et relance la course à l’armement nucléaire. Au-delà du niveau de pression que les Américains pourront exercer, le flou demeure sur leurs intentions. Mike Pompeo a parlé de «rétablir la démocratie» et, selon Ali Vaez, certains veulent «un changement de régime à Téhéran», avec le risque de favoriser l’aile dure du pouvoir iranien. Cette stratégie est encore compliquée par le récent refroidiss­ement des relations avec l’arabie Saoudite à la suite du meurtre du journalist­e Jamal Khashoggi. Riyad est un allié-clé de Washington, qui espérait créer une Alliance stratégiqu­e du Moyen-orient, réunissant les pays arabes du Golfe, l’egypte et la Jordanie pour contrer l’iran chiite. «Ce projet est mort en même temps que Jamal Khashoggi», lâche Barbara Slavin.

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