Il est encore temps de contrecarrer le dumping !
• Témoignage de Slim Kaâbi, ex-industriel dans le secteur des chaussures et manager du bureau RAI spécialisé dans l’assistance aux jeunes promoteurs industriels.
• «Nécessité de créer la maison de l’investisseur et de faire face énergiquement à la contrebande et à l’importation sauvage», selon cet ex-industriel.
Les Journées nationales de promotion des secteurs du textilehabillement et du cuir et chaussures, organisées par le ministère de l’industrie et des PME, se sont déroulées à Tunis les 30 et 31 octobre. Ils ont connu la participation des hauts responsables dudit ministère, des P.-d.g. des entreprises des secteurs précités, des représentants de l’utica, des fédérations du textile-habillement et celle du cuir et chaussures, ainsi que des opérateurs et des professionnels afin d’examiner les moyens efficaces pour promouvoir ces deux secteurs.
Dans le cadre de ces journées, nous avons rencontré M.slim Kaâbi, ex-industriel dans le secteur des chaussures et manager du bureau RAI spécialisé dans l’assistance aux jeunes promoteurs, qui a participé à ces journées et qui a bien daigné nous formuler son témoignage au sujet de la promotion du secteur des chaussures actuellement en déclin.
Halte à l’importation sauvage
A ce sujet, il nous a indiqué que le vrai facteur qui a causé le déclin de ces deux secteurs précités et, en particulier celui des chaussures, c’est l’importation sauvage et incontrôlée, notamment de Turquie et de Chine. Il a indiqué que jadis, on a recensé en Tunisie 10.000 artisans dans le domaine des chaussures. Actuellement, il n’existe plus que 2.000 artisans environ à cause de l’importation sauvage qui a engendré la faillite de nombreuses entreprises de fabrication des chaussures dans le pays. A l’origine de cette faillite, a-t-il précisé, le phénomène du dumping, une pratique consistant à vendre des marchandises sur le marché extérieur à des prix beaucoup plus bas que ceux du marché national pour éliminer des concurrents.
Pour relancer les secteurs du textile-habillement et du cuir et chaussures, notre interlocuteur a suggéré, en premier lieu, l’enracinement de la culture de l’exportation chez les professionnels par l’organisation de plusieurs manifestations régionales de sensibilisation à ce sujet, et ce, par le Centre national du cuir et de la chaussure (Cncc), appuyé par le Cepex.
En second lieu, il a suggéré aussi l’organisation des foires et des salons «cuir et chaussures» à l’étranger et en Tunisie, notamment aux foires internationales de Sousse et Sfax. Il a indiqué qu’en 2015, on en a exporté pour un montant de 1.000 MD, sachant que l’on peut en exporter actuellement et en une seule année pour un montant de 3.000 MD à condition d’arrêter le fléau de l’importation sauvage et de la contrebande.
Pour la création de la maison de l’investisseur
Cet ancien industriel a adressé, en tant que bureau RAI, des correspondances au sujet de la création de la maison de l’investisseur au chef du gouvernement, aux ministères compétents et concernés, à l’utica et à l’ugtt. Ces correspondances appellent les responsables concernés à la nécessité de la création de la maison de l’investisseur à Tunis-capitale regroupant des représentants de l’apii, du Cepex, de la Sotugar, des chambres de commerce et d’industrie, de l’institut national de la statistique (Ins), des centres techniques sectoriels et des médiateurs bancaires. Cette maison aura pour mission d’informer, d’assister et d’accompagner tout jeune promoteur dans tous les secteurs industriels autres que les secteurs du textile-habillement et du cuir et chaussures. Ce qui permettra d’éviter des pertes de temps considérables et de garantir plus d’efficacité dans la réalisation du projet.
Il a indiqué que le jeune promoteur, ayant monté son projet industriel, doit au départ, tenir compte de l’augmentation progressive de la production (augmentation à raison de 20% à chaque trimestre), tout en s’impliquant dans l’exportation et en assurant la compétitivité et l’innovation du produit exporté. Il a précisé aussi que le Fonds de promotion des exportations (Foprodex), géré par le Cepex, serait d’un grand apport pour la dynamisation et la promotion de l’exportation dans les deux secteurs précités et, notamment, le cuir et chaussures.