La Presse (Tunisie)

Une esthétique audacieuse et innovante

Présentée avant-hier à la Cité de la culture, la dernière pièce du comédien et metteur en scène Chedly Arfaoui a été présentée au public pour une de ses dernières représenta­tions.

- Asma DRISSI

Au milieu de la scène, de petites lanternes accrochées par des fils presqu’invisibles et des rideaux de fer, composent l’espace de jeu. Des sons forts et brutaux installent une ambiance pesante.

Dans cet espace indéfini, trois personnage­s habillés en militaire. L’un d’eux appelé Général commence un discours annonçant un coup d’etat, un discours imposant, délirant qu’on croirait tiré d’un des roman de Marquez.

«Freedom House», c’est l’étrange destin d’un Général qui se croit encore aux commandes malgré sa destitutio­n. Effrayant et fascinant avec ses militaires qui paraissent veiller sur une région abandonnée, il vit dans l’illusion de régner encore sur le pays.

L’arrivée de deux filles fuyant une situation chaotique dans le cabaret dans lequel elles travaillai­ent, renforce le clan et crée des rivalités. Chedly Arfaoui, qui nous a toujours habitués à un style et à une écriture s’approchant du cinéma, nous livre ici un travail encore plus soutenu, pour traiter des mêmes thèmes : une allégorie de ce qu’est la politique avec ses ressorts, ses mystères, ses combats, ses ambitions, sa cruauté, ses pièges, ses trahisons et ses crimes parfois.

Le pouvoir et la politique et les dessous de l’âme humaine sont au centre de la pièce. Et c’est des paradoxes que jaillit l’humour, et des contradict­ions qu’apparaisse­nt les divergence­s.

«Freedom House» est une comédie noire soutenue et relevée par un jeu de comédiens jubilatoir­e. Mohamed Hassine Grayaâ dans le rôle d’un général fou avec ses trois soldats, Abdelkader Ben Saïd, Chakib Romdhani et Moncef Ben Massoud évoluent dans un huis clos et révèlent d’une manière humoristiq­ue verbale et gestuelle la situation d’un pays qui s’est révolté contre la dictature. Chekra Rammeh et Mouna Talmoudi, dans le rôle de danseuses de cabaret, ont fait leur apparition sur scène introduisa­nt une note de gaieté au spectacle ouvrant à la pièce de nouvelles pistes. Entre humour et intrigue, le propos sort poignant.

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