La guerre contre l’extrémisme un interminable combat
Le public des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2018) a eu rendez-vous lundi avec la première du nouveau film de Mahmoud Ben Mahmoud intitulé Fatwa, un long métrage de fiction en lice dans la compétition officielle des longs métrages.
Le film raconte l’histoire de Brahim (Ahmed El Hafyane), un Tunisien installé en France qui, depuis son divorce, rentre à Tunis pour enterrer son fils Marouane, mort dans un accident de moto. Au fil des événements, il découvre que son fils Marouane militait au sein d’une organisation salafiste et décide de mener son enquête pour identifier les personnes qui l’ont endoctriné. Peu à peu, il en vient à douter des circonstances de sa mort. Finalement, il parvient à comprendre les raisons de sa radicalisation et à identifier les personnes qui l’ont endoctriné. Décidé par la suite à rentrer en France, il fut assassiné à l’aéroport au moment où il lisait un livre sur l’extrémisme religieux.
Le réalisateur revient à travers cette histoire aux trois premières années après le 14 janvier 2011 marquées par la montée de la pensée obscurantiste qui s’est reflétée, notamment dans la nouvelle attitude vestimentaire de plusieurs femmes (le voile et le niqab), la fermeture parfois sans raisons convaincantes de plusieurs espaces d’art et de culture, ainsi que des bars. Traitant à la base la question de l’émergence du phénomène de l’extrémisme religieux en Tunisie, le film évoque également les questions de l’identité tunisienne, du conflit entre les takfiristes et les modernistes. Le réalisateur livre, à travers le cours de l’histoire et les personnages choisis, quelques aspects de l’image de cette Tunisie post-révolutionnaire. Cela dit, le film trébuche dans les raisons de ce fléau, à savoir les conflits familiaux et le manque de communication entre les parents et leurs enfants, ce qui fait de ces derniers une proie facile aux réseaux d’endoctrinement religieux et aux mouvements terroristes.
Le film, qui s’achève avec l’assassinat de Brahim qui a pu découvrir toute la vérité sur la mort de son fils, est porteur de plusieurs messages: le danger, qui guette toujours ceux qui appellent à la modernité, persiste encore; le terrorisme ne se limite pas aux montagnes ni aux coins isolés, mais peut toucher n’importe quel endroit car la guerre contre l’extrémisme et l’obscurantisme demeure encore un interminable combat.