Attaque en zone démilitarisée contre des soldats du régime
L’opération a été lancée par Hayat Tahrir Al-cham, ex-branche syrienne d’al-qaïda, qui contrôle la majeure partie de la province
AFP — Au moins huit combattants du régime syrien ont été tués dans un assaut jihadiste contre leur position près de la province syrienne d’idleb (nord-ouest), où une «zone démilitarisée» est pourtant prévue, a annoncé hier une ONG.
La mise en place d’une «zone démilitarisée» de 15 à 20 kilomètres de large a été l’objet d’un accord le 17 septembre entre la Russie, allié du régime, et la Turquie, parrain des rebelles, pour séparer les territoires insurgés d’idleb des régions gouvernementales attenantes, dans le nordouest syrien.
L’accord devait entrer en vigueur à la mi-octobre, mais sur le terrain, certaines dispositions n’ont pas été respectées et des escarmouches opposent régulièrement les forces de Bachar Al-assad aux rebelles et jihadistes. L’attaque s’est déroulée vendredi soir dans le nord-ouest de la province centrale de Hama, voisine d’idleb, a indiqué l’observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh). Il a été lancé par Hayat Tahrir al-cham, organisation dominée par l’ex-branche syrienne d’alQaïda, qui contrôle la majeure partie d’idleb, selon L’ONG. «Hayat Tahrir Al-cham a donné l’assaut contre une position du régime, dans un secteur aux franges de la zone démilitarisée», a déclaré à L’AFP le directeur de l’osdh, Rami Abdel Rahmane. Huit combattants du régime et deux jihadistes de HTS ont été tués dans l’offensive suivie d’affrontements, d’après la même source.
L’attaque intervient au lendemain d’une offensive du régime qui a tué 23 combattants rebelles dans le nord de Hama, l’assaut le plus meurtrier depuis l’annonce le 17 septembre de l’accord russo-turc prévoyant la «zone démilitarisée». L’initiative a permis d’éviter une offensive de grande ampleur du régime contre la région d’idleb, l’ultime grand bastion insurgé et jihadiste en Syrie et à ce titre dans le viseur de Bachar Alassad, déterminé à reconquérir l’ensemble du territoire. Comme le stipulait l’accord, les groupes rebelles ont annoncé avoir retiré leur artillerie lourde du secteur mais les jihadistes ont refusé de quitter la zone. Ankara et Moscou semblent juger que l’accord est entré en vigueur malgré les violations, accordant un délai implicite pour que toutes ses dispositions soient respectées à terme sur le terrain.
Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a récemment exprimé son mécontentement au sujet de l’application du texte, dénonçant des manquements de la part de la Turquie. Evoquant la zone démilitarisée, il avait assuré que «les terroristes sont toujours présents avec leurs armes lourdes», selon l’agence officielle Sana.
Depuis son déclenchement en 2011, le conflit syrien a fait plus de 360.000 morts et poussé sur les routes de l’exil des millions de civils.