Vivement une politique de sport…
L’etat peine encore à définir les grandes lignes d’une politique sportive qui trace les objectifs et explique l’ordre des priorités et l’optimisation des ressources.
Les sportifs, avec toutes leurs casquettes et rôles dans le paysage sportif tunisien, attendent depuis des années que le ministère des Sports ouvre les vrais dossiers du sport et donne l’impulsion nécessaire pour développer le sport et les performances des sportifs. Une nouvelle ministre désignée qui relève une autre (fort contestée avec un petit bilan), le problème n’est pas là. On a une cascade de ministres qui ont défilé sans pour autant que les problèmes ne soient résolus et que les choix ne changent. On a presque les mêmes choix et la même manière de gérer les dossiers avec des procédures administratives lourdes et pratiquement inefficaces qui se poursuivent depuis des années. Presque tous les sportifs que vous interrogez vous diront que le système qui gère les affaires du sport doit changer et que les défaillances de ce système sont si multiples et permanentes qu’il doit changer.
Les attributions…
Cela fait plus de 50 ans qu’il n’y a pas de vraie politique de sport en Tunisie. Les régimes politiques ont beau changer, sans qu’aucune politique claire et définie du sport ne soit instaurée. Par politique (terme large et assez compliqué), en sport, on entend une ensemble de choix expliqués et des approches qui justifient la gestion des ressources humaines et matérielles et les objectifs choisis dans tous les domaines du sport.
Que veut l’etat du sport ? Quels sont les axes prioritaires pour améliorer les performances? Quels types de sport encourager le plus ? Quels plans d’action pour coordonner les études et la pratique du sport ? A quel point l’etat détientil le sport et comment voit-on la participation du secteur privé dans le financement ? Quels rôles pour les fédérations sportives, mais aussi pour les clubs dans le sport ? Et enfin, quelles solutions pour moderniser l’infrastructure sportive existante ? Toutes ces questions, parmi d’autres, expliquent la politique sportive. Tout ce qu’on a pour le moment, ce sont des choix classiques qui répondent aux procédures administratives et qui ont tué le sport tunisien.
Ces choix sont parfois contradictoires et ne sont pas réfléchis car obéissant à une logique donnée. Le ministère des Sports, avec une armada de fonctionnaires, de chargés de mission et de partenaires, peine encore à définir ses attributions. En 2018, un ministère des Sports n’est plus obligé de tout définir et de plonger dans la bureaucratie.
Dans le sport moderne et dans les pays développés, la structure et les attributions du ministère des Sports sont claires et ont évolué. Plus de spécialisation, plus d’implication du secteur privé et des compétences, financement conséquent et des budgets élevés, priorité à la formation de la base et le savoir et une modernisation des méthodes de travail au niveau de l’élite, le tout avec des investissements lourds en infrastructure sportive, et les performances sont là.
Pour le cas tunisien, notre ministère et derrière lui l’etat n’ont pas pu tracer une vraie et ambitieuse politique de sport. Ce secteur n’est pas une priorité pour l’etat avec un budget du ministère qui ne dépasse pas les 3% du budget total et qui baisse, faute de recettes. Secteur de l’éducation physique (des enseignants au chômage et livrés à eux-mêmes), instituts de sport (une véritable catastrophe tellement c’est mal géré !), infrastructure (à part quelques sites et quelques villes, les stades et les salles sont mal entretenus surtout pour les jeunes compétitifs qui s’entraînent dans de mauvaises conditions), rôle des fédérations sportives, statut des clubs (le statut amateur ne sied plus dans certains sports coûteux), formation et suivi des cadres techniques, dossier de l’élite (les sports individuels, plus performants mais marginalisés) et encouragement de l’investissement dans le sport, et d’autres dossiers et axes sont sur le bureau de la nouvelle ministre. Il faudra faire les premier pas…