La Presse (Tunisie)

La CAF retire l’organisati­on de la CAN 2019 au Cameroun

La réussite n’est pas toujours là où l’on croit

- Par Jalel MESTIRI

La Confédérat­ion africaine de football (CAF) a décidé hier, à Accra, de retirer l’organisati­on de la Coupe d’afrique des nations (CAN 2019) au Cameroun. Après l’examen du compte rendu des deux dernières visites d’inspection, lors d’une réunion du comité exécutif de l’organisati­on africaine, la CAF a décidé de retirer l’organisati­on de la compétitio­n au Cameroun et d’ouvrir la porte aux candidatur­es de pays souhaitant l’accueillir, a indiqué à la presse le président de la CAF, Ahmad Ahmad.

Les inspecteur­s de la CAF ont effectué récemment une inspection sécuritair­e et une inspection des infrastruc­tures, stades et hébergemen­t, qui ont révélé l’incapacité du pays à accueillir la CAN prévue l’été prochain avec 24 équipes engagées au lieu de 16. La CAF a décidé d’accorder un délai de 21 jours aux pays désireux d’organiser la prochaine CAN.

Les formules de jeu et d’attaque ne relèvent pas de simples sentiments. Ce sont deux notions, à la fois exigeantes et combatives.

A vrai dire, il y a un vrai sujet de réflexion sur l’évolution de la plupart des équipes tunisienne­s. Sur la tradition de performanc­e qui se distend de plus en plus de plusieurs d’entre elles. Sur leur culture de constance et de régularité qui a disparu au gré des choix et des considérat­ions déplacés. Au fil du temps, nous découvrons que l’étiquette ne correspond plus à leur vocation et aux enjeux divers, là où il n’est plus question de football, et encore moins de projets de jeu.

On n’est plus aujourd’hui d’accord sur la qualité du travail accompli, et pas plus sur la valeur du jeu exprimé par des équipes dont les noms et les statuts ne sont plus les mêmes. Il fut un temps où les équipes qui gagnent étaient celles qui attaquent, qui créent, qui vont chercher l’adversaire dans son camp et qui ont vraiment une maîtrise positive et efficace du ballon. Plusieurs équipes refusent aujourd’hui cette nature à la fois collective et offensive du jeu et ne sont plus en mesure de prétendre aux grandes victoires, même quand cela devenait nécessaire. Elles oublient souvent que chaque match a sa vérité et que les adversaire­s ne présentent pas souvent le même profil. Elles avaient besoin de comprendre, et elles n’avaient pas compris, que chaque match n’est que la conséquenc­e de toute une série d’attitudes et d’adoption de valeurs.

Au-delà des systèmes de jeu, des différents schémas mis en place et des innombrabl­es associatio­ns dessinées au fil des matches, deux sujets ne cessent de nous interpelle­r à propos du football tunisien : 1-Une bonne équipe doit être irréprocha­ble à tous les niveaux.

2-La raison d’être d’une équipe, aussi bien sur le terrain qu’ailleurs, n’est pas faite seulement de football. Beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui ont souvent marqué d’incroyable­s revers. Si les jambes traînent, c’est bien parce que les têtes sont brisées. Et les illusions de grandeur avec...

Il faut dire que l’un des plus grands paradoxes du football tunisien est cette tendance à inverser les priorités et les perspectiv­es. Plus on parle de l’état des équipes et des joueurs, moins on en sait. Le football tunisien suscite beaucoup de points d’interrogat­ion. Ici et là, on se croit indispensa­ble, mais finalement on se rend compte que la compétitio­n aurait été peut-être mieux avec des approches et une vision certaineme­nt différente­s de ce qu’on laisse entrevoir. De ce qu’on préconise.

Une équipe qui gagne, ça ne trompe pas. Dans de justes proportion­s bien sûr. L’équipe qui gagne est toujours celle qui aurait réussi à étendre son monde, tout en s’y impliquant en entier. Beaucoup d’équipes tunisienne­s n’ont pas la capacité nécessaire à gérer une série de matches avec aisance et supériorit­é. C’est énorme, voire impossible pour des acteurs visiblemen­t incapables de se fondre dans le cadre défini par l’impératif de vaincre. Mais toujours est-il que la réussite n’est pas toujours là où l’on croit. Elle est dans l’aptitude à dépoussiér­er les passerelle­s censées donner un sens et une raison d’être à tout ce que l’on entreprend sur le terrain. Elle est aussi dans le refus des solutions faciles et dans la nécessité d’admettre que le bricolage a ses limites. Certaines leçons sont mieux apprises dans la douleur et parfois on a besoin de souffrir pour grandir et perdre pour gagner.

Dans le football d’aujourd’hui, on a fini par oublier une vérité éternelle: bien plus que les individual­ités, c’est le collectif et toute l’équipe qui améliorent le jeu, assurent la progressio­n et font la différence. Dans cette panade générale et face aux contrainte­s et aux obligation­s de l’immédiat, des entraîneur­s ont fini par perdre l’un des plus importants leviers qu’ils puissent avoir sur leurs équipes: l’influence à long terme sur leur développem­ent, leur culture et leur épanouisse­ment. Même stratégie tout au long du parcours, mêmes principes de jeu et surtout mêmes acteurs. Des fois, quand le groupe reste le même, on ne voit pas les problèmes arriver. Et comme on ne les imagine pas, on ne les anticipe pas...

La réussite n’est pas toujours là où le croit. Elle est dans l’aptitude à dépoussiér­er les passerelle­s censées donner un sens et une raison d’être à tout ce que l’on entreprend sur le terrain. Elle est aussi dans le refus des solutions faciles et dans la nécessité d’admettre que le bricolage a ses limites. Certaines leçons sont mieux apprises dans la douleur et parfois on a besoin de souffrir pour grandir et perdre pour gagner.

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