La Presse (Tunisie)

Aider son pays de la plus belle manière

- Kamel FERCHICHI

L’hôpital régional Houcine-bouzayane à Gafsa vient d’être doté de cinq tonnes d’équipement­s et matériels médicaux, servis en guise d’aide humanitair­e par l’associatio­n franco-tunisienne des Pyrénées Atlantique­s (Afraht 64). Une ONG qui a pour vocation l’appui au développem­ent en Tunisie et le soutien inconditio­nnel à ses besoins en soins de santé

Son président n’est qu’un de ses enfants reconnaiss­ants, M. Mohamed Ferchichi, natif de Testour au nord-ouest du pays, vivant depuis longtemps à Pau, une commune française à la frontière d’espagne. Et c’est dans cette région de Nouvelleaq­uitaine que son associatio­n a trouvé son compte. Ses adhérents et sympathisa­nts, mais aussi des départemen­ts palois et la mairie de Lescar ne manquent pas de lui tendre la main. Soit ses partenaire­s qui entrent toujours dans l’action. L’homme qui est parti pour terminer ses études supérieure­s à Paris n’a jamais oublié ce qu’attend de lui sa patrie. Après la révolution, il s’est consacré, volontiers, à lui faire des dons : «Nous avons acheminé trois convois humanitair­es de 10 tonnes en matériels médicaux au profit des hôpitaux de Béja, Testour, Boussalem et de Aïn Draham», rappelle-t-il, à titre d’exemple. Et la cargaison, débarquée samedi dernier au port de Radès, à destinatio­n de Gafsa, est la quatrième qui vient, cette fois-ci, répondre à l’appel de son hôpital. Il s’agissait de matelas orthopédiq­ues, lits médicalisé­s, chaises roulantes, ordinateur­s, couveuses et bien d’autres produits et instrument­s paramédica­ux. Cette aide s’inscrit dans le cadre d’un accord de jumelage signé, l’année dernière à Tunis, entre l’hôpital régional Houcine Bouzayane et le Centre hospitalie­r de Pau. Etaient présents à la cérémonie de signature, rappelle-t-on, feu Slim Chaker, alors ministre de la Santé, et M. François Bayrou, ex-ministre et maire de la ville de Pau. Ce partenaria­t porte, entre autres, sur l’intensific­ation des échanges du personnel, la formation continue et la mise à profit des expérience­s et expertises à caractère scientifiq­ue, managérial et technique en matière de santé périnatale et de gériatrie.

Gériatrie et périnatali­té, deux soins vitaux

La coopératio­n dans ces deux discipline­s médicales a commencé à se traduire dans les faits. «On est là, aujourd’hui, pour aider l’équipe médicale concernée à créer une filiale gériatriqu­e dans l’hôpital de Gafsa», déclare, fière de cette relation réciproque, Mme Valérie Revel, membre de l’associatio­n donatrice et spécialist­e au Centre hospitalie­r de Pau. Elle est venue, par la même occasion, soutenir une formation à la gériatrie, tenue samedi dernier, dans la région. L’objectif étant d’apporter à nos médecins un nouveau savoir-faire de pointe. Soit traitement des pathologie­s liées à la vieillesse. Le tout pour le bien-être de nos personnes âgées, catégorie sociale si vulnérable qui a, plus que jamais, besoin de meilleurs soins de proximité. Un fruit de partenaria­t dont M. Belgacem Ayed, directeur de l’hôpital de Gafsa, semble, jusque-là, très satisfait. Ce convoi d’aides en matériels et médicament­s, il l’a beaucoup apprécié. En post-formation gériatriqu­e, l’hôpital bénéficiai­re compte passer à l’acte : «D’ici sous peu, un staff médical va se rendre au chevet des personnes âgées dans des localités reculées, où l’accès aux soins n’est pas aussi facile. On prévoit de faire des consultati­ons médicales gratuites», annonce M. Ayed. D’autres sessions de formation en pédiatrie sont également en vue.

D’autres régions ciblées

Gériatrie et périnatali­té auxquelles s’ajoutent d’autres spécialité­s vitales, qui manquent à l’hôpital de Gafsa et plusieurs autres hôpitaux dans les régions intérieure­s. «Gynécologi­e, pédiatrie, neurochiru­rgie et même anesthésie, ce sont, hélas, des services qui nous font encore défaut», révèle-t-il. Bref, l’état des lieux est jugé mi-figue, mi-raisin. Pourtant, ce jeune directeur avait dit n’avoir jamais failli à ses responsabi­lités. Mais, admet-il, s’attaquer au changement n’est pas toujours une sinécure. Nommé en 2013, il a, d’emblée, procédé aux travaux de climatisat­ion et à la numérisati­on du système. Actuelleme­nt, il se penche sur l’inscriptio­n des actes complément­aires et informatis­ation des dossiers médicaux. De surcroît, il a tendance à cerner les problèmes et identifier ses besoins d’avenir. Surtout que Gafsa aura, d’après lui, son nouveau centre hospitalie­r multidisci­plinaire dont les travaux démarreron­t au cours de 2019. Cela entre dans le cadre de la reconversi­on des dettes tunisienne­s en projets du développem­ent régional. « On veut qu’un tel partenaria­t soit viable et mieux profitable», espère M. Ayed, en conclusion. Dans ce sens, le président de l’afraht 64 nous a affirmé qu’il y a d’autres volets de partenaria­t d’ordre culturel et économique. Le premier, déjà fait, consiste en «médias et démocratie», un programme annuel de formation destiné aux étudiants de l’ipsi. Le second semble près de commencer, s’agissant d’un contact d’affaires mixte tuniso-français. M. Ferchichi fait de son mieux pour lui donner corps. «C’est un projet sur lequel on est en train de travailler pour jeter les ponts entre des chefs d’entreprise tunisiens et ceux basés à ‘‘Nouvelle-aquitaine ‘‘, une région française de 7 millions d’habitants», relève-t-il. Une autre façon d’aider la Tunisie, dit-il. Mais, il y a un hic, tout convoi d’aide humanitair­e débarqué sur nos ports fait face à une attente interminab­le jusqu’à sa livraison. Formalités gênantes, perte de temps et procédures portuaires de trop. «Cela nous décourage énormément et risque de pousser nos partenaire­s à céder», se plaint-il. Que l’etat tunisien intervienn­e pour optimiser « le privilège fiscal » institué en faveur des aides humanitair­es. N’empêche, ce Franco-tunisien semble tenir bon : «Nous allons cibler le reste des régions pour répondre à leurs besoins en soins médicaux».

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