La Presse (Tunisie)

Le recouvreme­nt des dettes, un souci majeur

- M.O.

L’assemblée des représenta­nts du peuple a approuvé jeudi le budget du ministère des Finances pour l’année 2019 à 112 voix, 15 voix contre et 3 abstention­s. Le budget s’élève à 814,429 millions de dinars contre 735,767 millions de dinars en 2018, répartis entre 704,329 millions de dinars pour les dépenses de gestion (+11,9%) et 110 millions dinars pour les dépenses de développem­ent. On estime les investisse­ments directs à 48 MDT et les financemen­ts publics à 62 MDT

Lors du débat, les députés ont soulevé plusieurs questions fondamenta­les en relation avec la réforme du système fiscal, du contrôle douanier, des entreprise­s confisquée­s. Il s’agit aussi de la question de la digitalisa­tion des services de fiscalité et de l’amplificat­ion du marché parallèle et son impact sur le développem­ent économique. Ridha Chalghoum, ministre des Finances, a affirmé lors de son interventi­on que la situation des finances publiques s’est nettement améliorée à travers le renforceme­nt des ressources propres de l’etat et la réduction de l’endettemen­t. Il a assuré que des ressources supplément­aires ont été mobilisées et le recouvreme­nt a été renforcé, amenant à une augmentati­on de la part des ressources propres dans le budget de 74,1% en 2018 à 75,2% en 2019. A ce titre, il a souligné que plus de 735 mille entre entreprise­s et personnes physiques sont appelés à payer leurs impôts. Le ministre a également indiqué que le déficit budgétaire sera stabilisé à 3,9% en 2019 contre 4,9% en 2018 pour baisser à 3,1% en 2020. Ce qui permettrai­t de réduire progressiv­ement le taux d’endettemen­t pour atteindre 70,9% à partir de 2019. Le ministère s’oriente ainsi vers la diversific­ation des sources des dettes publiques et l’améliorati­on des mécanismes de gestion des risques. Il s’agit aussi d’augmenter progressiv­ement la part de la dette intérieure afin de réduire les risques de l’endettemen­t extérieur. D’ailleurs, le ministre a signalé que le taux de recouvreme­nt des dettes a progressé de 8,5%. Un taux qui reste faible, selon lui, malgré les progrès réalisés. De même, M. Chalghoum a souligné que l’objectif est de mobiliser de nouvelles ressources d’endettemen­t afin de baisser le coût de la dette et de poursuivre la mise en place d’un système de gestion du budget par objectifs et de préparer l’applicatio­n des termes du nouveau statut du budget.

Digitalisa­tion des procédures

En ce qui concerne la simplifica­tion des services du ministère des Finances, le ministre a annoncé que plusieurs projets sont en cours. Au niveau de la fiscalité et du recouvreme­nt, le ministère travaille sur l’améliorati­on du système informatiq­ue à travers la mise en place d’une base de données unique, l’inscriptio­n à distance aux services fiscaux et la création du compte fiscal. Il a souligné qu’un système d’échange d’informatio­ns sécurisé a été mis en place pour l’échange d’informatio­ns entre certaines entreprise­s nationales comme première étape. Il s’agit du registre commercial, la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), l’agence technique du transport terrestre (Attt) et la Direction de la propriété foncière.

Il s’agit aussi d’informatis­er les opérations de légalisati­on de signature afin de mieux suivre l’inscriptio­n des contrats, de développer un système informatiq­ue spécial pour la gestion des chèques dans le cadre de la stratégie nationale de réduction des opérations monétaires en cash ou ce qu’on appelle le decashing. Le ministère vise aussi à développer un nouveau système de gestion des opérations dans les recettes des finances, en adoptant les TPE et la technique Qr-code pour sécuriser le paiement et supprimer les papiers.

Pour la Douane, le ministère est en train de mettre en place un nouveau système d’informatio­n permettant de digitalise­r les procédures douanières. On oeuvre également à la création d’une nouvelle applicatio­n pour le suivi et le contrôle des régimes suspensifs. Le ministre a affirmé que des systèmes spéciaux sont en train d’être finalisés en relation avec le règlement des litiges, la dynamisati­on du recouvreme­nt des dettes, l’actualisat­ion des régimes spécifique­s pour le suivi et le contrôle d’octroi des visas d’embarqueme­nt. Au niveau de la gestion financière, le ministère est en train de développer un système d’informatio­n qui sera adopté dans la préparatio­n du budget, dans son applicatio­n et la préparatio­n des états financiers. De même, un système informatiq­ue sera mis en place pour la sécurisati­on de la transparen­ce et de la rapidité des transactio­ns en relation avec les bons de Trésor, leur gestion et le suivi de leur recouvreme­nt. Il s’agit également de renouveler le système informatiq­ue de gestion des dettes extérieure­s, d’actualiser les systèmes informatiq­ues «Abed» et «Amed» en conformité avec le projet du nouveau statut du budget, etc.

Contrôle douanier

De même, le ministère oeuvre à lutter contre la contreband­e et le blanchimen­t d’argent. Cela passe par la mise en place d’une unité de contrôle des conteneurs au port de Radès pour l’analyse des données des marchandis­es et le ciblage des conteneurs à haut risque. Le ministère a pris la décision de ne pas permettre aux voyageurs non résidents de réexporter des montants en cash dépassant les 30.000 dinars et doivent passer par des entreprise­s financière­s et bancaires qualifiées.

On indique également que l’objectif est de renforcer le système de l’opérateur économique agréé à travers l’octroi du statut à 35 entreprise­s, en veillant à ajouter 10 autres entreprise­s d’ici fin 2018. La coopératio­n avec le secteur privé est un axe sur lequel travaille le ministère des Finances à travers la mise en place d’une commission technique nationale entre les intervenan­ts dans le transport et la Douane afin d’éviter l’encombreme­nt dans les ports tunisiens. En ce qui concerne la réforme du système fiscal, l’orientatio­n du ministère tend vers l’allégement du fardeau fiscal sur les entreprise­s et les individus. On vise ainsi à développer le système d’échange d’informatio­ns dans le domaine fiscal et aussi à recycler les services fiscaux pour pouvoir exercer l’appel public en matière de violations fiscales pénales.

Pour ce qui est du régime forfaitair­e, le ministre a indiqué qu’une première propositio­n d’amendement de la loi n’a pas été approuvée par L’ARP. Une deuxième propositio­n sera soumise en 2019.

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