La Presse (Tunisie)

Prisons : un risque élevé de radicalisa­tion

«Nombreux sont les individus condamnés en Belgique entre 2001 et 2011 dans des affaires de terrorisme et qui récidivent en tant qu’extrémiste­s islamistes ou terroriste­s», indique un rapport d’activité des services de renseignem­ent

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AFP — Les services de renseignem­ent belges s’inquiètent d’une menace terroriste persistant­e dans le pays, en raison de la radicalisa­tion en prison et du risque de récidive des condamnés pour terrorisme, «un problème d’une ampleur considérab­le» selon eux. La Sûreté de l’etat, le service civil de renseignem­ent en Belgique, s’exprime ainsi dans son rapport d’activité 2017-2018, consulté hier par L’AFP. Une démarche de transparen­ce rare saluée comme «une petite révolution» par les médias belges. Les prisons belges, note le rapport, «abritent aujourd’hui une population de détenus incarcérés pour terrorisme d’une importance jamais égalée auparavant», ce qui expose à un risque de «contagion» des idées radicales «plus considérab­le que jamais». «Compte tenu de la tendance actuelle et persistant­e à la récidive chez les anciens détenus incarcérés pour terrorisme, sans parler des prisonnier­s radicalisé­s +ordinaires+, la Belgique devra encore faire face pendant un certain temps à une menace terroriste latente», poursuiven­t les auteurs. La Belgique a été frappée par plusieurs attaques jihadistes revendiqué­es par le groupe Etat islamique, notamment en 2016 (32 morts à Bruxelles) et en mai 2018 (3 morts à Liège).

Les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles ont été perpétrés par une cellule également à l’origine de ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Les auteurs avaient pour certains combattu en Syrie, nombre d’entre eux étaient d’anciens condamnés. La Sûreté de l’etat présente le conflit syrien comme un «catalyseur» du phénomène de radicalisa­tion des détenus, en partie à l’origine de la récidive. «Nombreux sont les individus condamnés en Belgique entre 2001 et 2011 dans des affaires de terrorisme et qui récidivent en tant qu’extrémiste­s islamistes ou terroriste­s», est-il souligné.

Et ceux qui sortiront de détention «d’ici 3 à 5 ans», estil ajouté, «sont susceptibl­es d’entraîner une nouvelle vague d’extrémisme, voire de jihadisme dans notre pays». En proportion de sa population, la Belgique a été un des tout premiers pourvoyeur­s de combattant­s étrangers pour le jihad en Syrie, avec «depuis 2012, plus de 400» départs recensés, selon ce rapport.

Parmi ces combattant­s belges, un tiers est revenu, beaucoup sont morts, mais «environ 150» seraient encore «actifs sur place», un nombre resté «étonnammen­t stable depuis 2016». «L’implosion du califat n’a pas entraîné un retour massif» de ces jihadistes étrangers, est-il indiqué.

Dans un chapitre sur «Le salafisme, numéro un de l’extrémisme», la Sûreté de l’etat relève que l’enseigneme­nt à domicile (EAD) est un vecteur de radicalisa­tion.

«Près de 20% de parents d’élèves inscrits dans L’EAD seraient liés à des groupes extrémiste­s», ce qui est «une menace potentiell­e à prendre au sérieux au vu de la fragilité du public-cible».

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