La Presse (Tunisie)

Les 2°C de plus en plus difficiles à atteindre

A quelques jours de la COP24, L’ONU constate que l’écart entre l’effort nécessaire pour limiter la hausse des températur­es et ce que les États sont prêts à faire ne cesse de s’aggraver.

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Le monde est aujourd’hui sur la pente des 3°C supplément­aires d’ici la fin du siècle. Soit un climat du futur potentiell­ement destructeu­r pour les activités humaines. C’est ce que rappelle le rapport de L’ONU environnem­ent sur les contributi­ons déterminée­s au niveau national (CDN) des États membres de la Convention sur le climat. Ces plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre établis pour la prochaine décennie ne sont pas suffisants pour respecter l’accord de Paris, soit maintenir les températur­es en dessous des 2°C. Pire, la tendance n’est pas bonne : en 2017, les émissions mondiales ont atteint le niveau record de 49,2 milliards de tonnes de CO2 auxquels il faut ajouter 4,2 milliards de tonnes provenant de la déforestat­ion.

Pour emprunter la bonne trajectoir­e, il est essentiel que les émissions mondiales atteignent leur pic dès 2020 pour ensuite décroître fortement. Selon le rapport, 53 pays sur 195 y seront parvenus en 2020 représenta­nt 40% des émissions et 57% en 2030 (pour 60% des émissions, principale­ment du fait de la Chine). L’ONU s’est particuliè­rement penchée sur les membres du G20 qui pèsent les ¾ des émissions mondiales. Argentine, Australie, Canada, Union européenne, Corée du Sud, Arabie Saoudite, Afrique du Sud et États-unis ne sont pas sur la bonne voie pour respecter leurs propres engagement­s à 2030. Seuls le Brésil, la Chine et le Japon devraient atteindre la cible, mais principale­ment parce que leur contributi­on n’est pas très ambitieuse.

Toutes les techniques sont disponible­s pour rester à 1,5°C de réchauffem­ent

Dès lors, la quantifica­tion des tonnes qu’il va falloir éviter d’émettre donne le tournis. Selon le niveau d’ambition affirmé, les États devront, d’ici la fin de la prochaine décennie, réduire leurs émissions de 13 à 15 milliards de tonnes pour respecter la limite de 2°C et de 29 à 32 milliards de tonnes pour les 1,5°C. À cette date, l’humanité ne devra plus émettre qu’autour de 24 milliards de tonnes pour 1,5°C (34 milliards pour les 2°C), soit un effort de réduction de plus de 60%. Cela signifie que les États doivent relever le niveau de leur ambition par cinq pour rester à 1,5°C, par trois pour les 2°C. Difficile, mais pas impossible, tente de positiver L’ONU. «Le potentiel technique de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) est important et pourrait suffire à combler le déficit de réduction des émissions en 2030. Ce potentiel pourrait être atteint en partie en renforçant et en reproduisa­nt les politiques existantes et éprouvées qui contribuen­t simultaném­ent à la réalisatio­n des objectifs», estiment les rapporteur­s. Les solutions existent donc, il suffit de relever le niveau des ambitions.

Par ailleurs, le potentiel des actions menées par les collectivi­tés locales, les industriel­s et les citoyens pourrait être considérab­le. L’impact pourrait même atteindre 19 milliards de tonnes en 2030 si toutes ces actions étaient diffusées dans le monde entier. De plus, les émissions chuteraien­t de 10% à la même échéance si toutes les subvention­s aux énergies fossiles étaient supprimées.

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Réchauffem­ent climatique : 5 % de chances de le limiter à 2 °C

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