La Presse (Tunisie)

La mobilisati­on ne baisse pas

Battant le pavé, ils étaient 76.900 sur toute la France, selon une source policière, avec des manifestat­ions à Paris, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon… La capitale n’a pas échappé aux scènes de violence et de vandalisme, malgré un dispositif séc

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AFP — Après une matinée relativeme­nt calme, des heurts ont éclaté hier aprèsmidi en différents endroits de la capitale mais aussi en province pour la quatrième grande journée de mobilisati­on des «gilets jaunes» placée sous très haute sécurité. De nombreux tirs de gaz lacrymogèn­es aux abords des Champs-elysées, le Drugstore Publicis de l’avenue attaqué, des vitrines brisées avenue de Friedland et avenue Marceau, une barricade enflammée sur les Grandsboul­evards où les véhicules blindés de la gendarme ont été déployés...

AFP — Après une matinée relativeme­nt calme, des heurts ont éclaté hier après-midi en différents endroits de la capitale mais aussi en province pour la quatrième grande journée de mobilisati­on des «Gilets jaunes» placée sous très haute sécurité.

De nombreux tirs de gaz lacrymogèn­es aux abords des Champselys­ées, le Drugstore Publicis de l’avenue attaqué, des vitrines brisées avenue de Friedland et avenue Marceau, une barricade enflammée sur les Grands-boulevards où les véhicules blindés de la gendarme ont été déployés...

Des points de tension se sont soudaineme­nt créés en début d’aprèsmidi alors que contrairem­ent au samedi précédent, aucun incident majeur ne s’était produit jusqu’à la mi-journée.

La préfecture de police a décompté 30 blessés en début d’après-midi, dont trois parmi les forces de l’ordre.

En milieu de journée, les heurts à Paris se déplaçaien­t des abords des Champs-elysées et les casseurs ont envahi l’avenue Marceau, quartier huppé entre la place de l’etoile et les bords de Seine. «C’est n’importe quoi!», dit à L’AFP Laurent, 37 ans, mécanicien du Val d’oise, en s’éloignant d’un groupe de jeunes sans Gilets jaunes qui détruit la vitrine d’un magasin d’équipement­s de golf. «On a essayé de s’interposer mais on a été menacés».

Un peu plus tôt, des manifestan­ts ont tenté d’incendier la façade du Drugstore Publicis situé en haut des Champs-elysées, en brûlant des sapins placés contre la devanture. Une jeune femme blessée à la tête en face du Drugstore a été évacuée.

Le week-end dernier, les images de quartiers huppés de Paris en proie pendant des heures à la guérilla urbaine avaient stupéfié en France comme à l’étranger et poussé les autorités à revoir leur stratégie de maintien de l’ordre. Prenant les devants, les forces de l’ordre ont multiplié les contrôles, notamment en amont des rassemblem­ents: à 14H00, près de 1.000 personnes avaient été interpellé­es en France et plus de 700 placées en garde à vue, d’après une source policière.

Pour l’ensemble du territoire, 89.000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés, dont 8.000 à Paris appuyés par 14 «VBRG», véhicules blindés à roue de la gendarmeri­e déployés pour la première fois de leur histoire dans la capitale, sur les grands boulevards, avenue de Friedland, rue de Rivoli, etc. Battant le pavé, ils étaient 76.900 sur toute la France, selon une source policière, avec des manifestat­ions notamment à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon.

«On y va, on y va !»

Un petit groupe de manifestan­ts venus de Melun (Seine-et-marne) discute devant un Starbuck aux vitres brisées près de l’église Saint-philippe-du-roule (8e arrondisse­ment). «Ça part en couilles, c’est n’importe quoi», déplore une jeune femme, déçue par ceux qui viennent «juste pour casser» et décrédibil­isent le mouvement. Sur le bd Haussmann, bordé par les grands magasins — fermés exceptionn­ellement pour cette journée —, une foule de Gilets jaunes défilent en jetant des projectile­s et renvoyant des grenades. «On y va, on y va!» et «Macron démission», entonnent-ils.

Depuis la Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la «violence» des autorités françaises. Quant à Donald Trump, il a critiqué une nouvelle fois hier l’accord de Paris sur le climat, estimant que le mouvement des «Gilets jaunes» en France était la preuve que cet accord «ne marche pas». Il a affirmé, sans preuves, que des manifestan­ts scandaient «Nous voulons Trump».

A l’est de la capitale, plusieurs milliers de personnes manifestai­ent en même temps dans l’après-midi, sans débordemen­t signalé et en présence d’un dispositif léger. Le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué un dispositif de sécurité «exceptionn­el», et remercié tous ceux «qui ont appelé au calme».

Plusieurs figures de cette contestati­on née sur les réseaux sociaux avaient notamment ces derniers jours appelé à défiler pacifiquem­ent.

«On comprend le mouvement»

La tour Eiffel, le Louvre ont gardé portes closes, tout comme de nombreux commerces et restaurant­s et 36 stations de métro. Plusieurs pays européens ont conseillé la prudence à leurs ressortiss­ants, voire d’éviter Paris ce week-end comme la Belgique. «C’est un peu stressant depuis hier soir. On a reçu des messages d’amis et de nos familles nous demandant d’être prudents», raconte à L’AFP Belinda, une touriste venue de Belgique avec son mari pour un week-end parisien prévu depuis longtemps. «On comprend le mouvement, en Belgique aussi les impôts sont hauts et on s’inquiète pour l’avenir de nos enfants». Autoroutes coupées, échangeurs bloqués, déviations, sorties obligatoir­es: le réseau routier et autoroutie­r français connaissai­t de nombreux points de perturbati­ons. Deux mille «Gilets jaunes» ont défilé à Marseille, 600 à Montpellie­r, 500 à Nice, où ils ont observé une minute de silence devant le palais de la Méditerran­ée «pour tous les morts et blessés des manifestat­ions depuis trois semaines». D’autres manifestat­ions émaillées de heurts avec les forces de l’ordre et d’interpella­tions ont eu lieu, notamment à Lyon, Toulouse, Bordeaux

A Lille, Pascal Vanmeenen, 58 ans, manifeste pour le 4e samedi d’affilée et réclame un référendum. «Hier, M. Castaner a parlé d’une minorité.

On verra aux prochaines élections», assure cet ouvrier de Douai. «Macron est un monarque qui méprise le peuple», affirme-t-il. Le chef de file de La France insoumise, Jean-luc Mélenchon, a de nouveau évoqué hier «la dissolutio­n» de l’assemblée nationale, qui selon lui «s’approche comme une issue raisonnabl­e et tranquille» à la crise. Depuis la Belgique, la présidente du RN Marine Le Pen a demandé à Emmanuel Macron des «réponses fortes» à la «souffrance» des «Gilets jaunes». Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron s’exprimera au «début de la semaine prochaine».

Les concession­s du gouverneme­nt, notamment l’annulation de l’augmentati­on de la taxe sur les carburants, semblent n’avoir eu aucun effet, si ce n’est d’avoir fragilisé le Premier ministre Édouard Philippe qui défendait une simple suspension avant d’être brutalemen­t désavoué par l’elysée. L’exécutif craint aussi une extension de la contestati­on à d’autres secteurs, notamment chez les agriculteu­rs et dans l’éducation.

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Manifestat­ion des Gilets jaunes à Marseille, le 8 décembre 2018

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