Bourbier révolutionnaire
La création «Fantastic City Again» d’ahmed Amine Ben Saâd a été présentée sur la scène du 4e Art devant un parterre de spectateurs, venu découvrir sa prouesse scénique. Une création qui en jette visuellement mais qui finit par entraîner le spectateur dans
Plongés dans les méandres d’un monde parallèle, celui de la révolution tunisienne revisitée autrement, «Fanstastic City Again» comme l’indique son titre est la reconstruction d’une cité sur scène. La pièce met en scène quatre personnages, quatre portraits, quatre vies qui se croisent et s’entrechoquent sur un fond de vécu troublant, oppressant, houleux. Ils essaient de résister aux aléas de leur époque à travers l’art. La pièce retrace le sort d’amina, artiste incarcérée suite à sa performance, et qui a été contrainte de trouver un compromis avec le pouvoir en place contre sa liberté. Une fois libre, elle s’unit à son exmari, sa soeur, et un autre réalisateur : tel un gang qui revendique le terrorisme artistique, le quatuor attaquera virtuellement les sites de la Présidence et celui du Parlement pour présenter au public une pièce de théâtre inédite, et forcément dérangeante. Affligeante pour le pouvoir actuel… Commence alors une reconstruction de la révolution tunisienne et de ses tournants les plus marquants : assassinats politiques, droits acquis menacés, montée du fanatisme religieux et de l’islam politique, artistes persécutés et autres maux de la société tunisienne post-révolutionnaire qui persistent encore, sept ans après le déclenchement de la révolution. Le texte de Sihem Akil a été interprété par elle-même aux côtés de Mounira Zakraoui, Basma Baâzaoui, Mohamed Châabane et Ahmed Taha Hamrouni. Si la mise en scène parvient à capter l’attention au départ, le public finit peu à peu par se perdre dans un rythme lent pendant 1h40, soutenu par un texte qui fait l’éloge de la lutte artistique, plus précisément théâtrale, celle qui survivra aux politiciens et aux troubles politiques. Des répliques au premier degré, pas évidentes à encaisser par moments mais soutenues par l’interprétation des acteurs, spécialement, celle de Mounira Zakraoui. Le mouvement des acteurs manquait de synchronisation mais ne nuit nullement à leur jeu. La lenteur du rythme cède la place à un texte imposant, qui se ressent à travers quelques scènes imagées. Des scènes qui se succèdent et qu’on arrive difficilement à saisir. Le 4e Art vivra au rythme des Journées théâtrales de Carthage ouvertes à partir d’hier 8 décembre 2018.