Editorial
« Investir en Tunisie, start-up democracy »
« Investir en Tunisie, start-up democracy » La confiance retrouvée
Notre démocratie naissante peine à se redresser économiquement, malgré les efforts colossaux, il faut le dire, d’un gouvernement de compétences censé principalement préparer les élections et parer au plus pressé pour ce qui est de la situation économique. Une situation économique le moins que l’on puisse dire difficile qui commence à peine à voir une lueur d’espoir, au loin. Il faut dire également que le legs des deux gouvernements de la Troïka menée par Ennahdha n’a pas été pour faciliter la tâche du gouvernement actuel, bien au contraire. Des caisses vides, une masse salariale publique surdimensionnée en raison des recrutements partisans et des indemnisations notamment, des millions de dollars de prêts pour la consommation principalement et surtout une situation politique pesante, menaçante, bref défavorable, entravant l’investissement privé tant local qu’étranger. L’investissement public étant lui en panne ou du moins avançant à vitesse minima faute de moyens adéquats. Et pourtant, il fallait maintenir les moteurs en marche pour que la machine avance en faisant acte d’innovation tant la mission est ardue. Face à cette situation le gouvernement Jomaa a pris ses responsabilités à bras-le-corps ainsi que des mesures audacieuses. Des mesures qui fâchent, mais nécessaires, répondant à des besoins à court et moyen terme et surtout il a engagé des réformes tout aussi audacieuses pour le long terme. Et ce, malgré les obstacles de diverse nature dont une déferlante revendicative syndicale, un secteur bancaire déficient, une productivité « ramadanesque », des déficits multiples, le plus pesant étant celui de l’énergie et aussi un blocage au niveau de l’adoption de certaines lois déterminantes proposées à L’ANC qui s’est érigée de fait en parlement. « La production pétrolière, elle, a chuté de 13% par rapport à 2013, passant de 66 000 barils/jours en 2013 à 57 000 barils/jours en 2014. La production du gaz a chuté elle aussi de 8%. Nos pertes en termes de fiscalité et de devises se chiffrent à 900 millions de dinars. Nous exportons moins et nous importons de plus en plus de pétrole et de gaz. L’énergie est un secteur qui plombe l’économie à tous les niveaux. Et dire que nous avons soumis à L’ANC deux projets de loi, l’un sur la maîtrise de l’énergie et l’autre sur l’investissement dans les énergies renouvelables. Deux lois qui restent malheureusement jusqu’à aujourd’hui bloquées. C’est dire que nous sommes nos propres ennemis en la matière », ainsi parlait Mehdi Jomaa l’autre jour, lors d’une rencontre de presse organisée à la veille de la tenue, lundi 8 septembre, de la conférence internationale « Invest in Tunisia, start up democraty ». Une rencontre à même de booster les investissements directs étrangers qui ne sont pas arrivés jusqu’au jour d’aujourd’hui au niveau souhaité, celui leur permettant de renforcer notre démocratie naissante en participant à la création de projets structurants, générateurs de richesses et d’emplois, si nécessaires à endiguer la hausse du chômage dont le taux actuel est de 15% et qui touche en particulier les régions intérieures du pays et les jeunes notamment diplômés. Et il faut le dire également que le chômage est un fléau qui menace notre démocratie naissance en général et la sécurité du pays en particulier. Les mouvements islamistes extrémistes radicaux recrutant principalement parmi les désespérés, les chômeurs, les déçus de la révolution… Une telle conférence, qui se tient donc dans une telle conjoncture nationale, sans parler de la conjoncture régionale et internationale, marque le retour de la Tunisie en tant que site d’investissement attractif mais qui propose des offres et des choix du pays. Un site qui rassure également dans la mesure où une note stratégique a été préparée pour l’occasion dans le but d’éclairer les investisseurs et leur donner une meilleure visibilité de ce que veut la Tunisie et de ce qu’elle sera demain. « Nous ne voulons pas de donateurs. Nous voulons des investisseurs qui vont accompagner une politique, une vision, une stratégie. C’est pourquoi d’ailleurs le document, la note stratégique présentée à la conférence s’intitule : « Un pays, une vision, un avenir ». Une approche innovante en la matière dans la mesure où tout ou presque a été diagnostiqué, analysé : la sécurité, la politique, le climat social, les choix stratégiques en matière de développement…bref des préalables à l’investissement pris en considération et présentés dans ce document qui répond ainsi aux questions, par ailleurs légitimes, que peut se poser un investisseur privé ou institutionnel avant de s’engager. S’agissant de la nouvelle vision stratégique de l’économie du pays, elle est fondée essentiellement sur l’investissement dans une démocratie naissante et après presque quatre ans de révolution. Elle s’articule essentiellement autour de quatre principaux axes qui sont le rééquilibrage des finances publiques, la relance de la croissance et de l’emploi, notamment par la promotion entre autres de l’investissement privé à travers la restauration de la confiance, le développement régional et une nouvelle politique sociale basée sur la solidarité et l’intégration sociale. Une telle note stratégique a été accompagnée de 22 idées de projet dans divers domaines comme l’industrie, les Tic, l’énergie …qui pourraient intéresser les investisseurs, et c’est là une autre innovation. Les bases d’un partenariat gagnant-gagnant ainsi jetées, la Tunisie attend dès lors « un signal fort de l’ensemble de la communauté internationale politique, financière et d’affaires pour dire qu’aujourd’hui, il y a une confiance retrouvée dans l’avenir du pays. » ◆