Le Manager

HARO SUR LES SACS EN PLASTIQUE!

- SAHAR MECHRI

En Tunisie, 315 millions de sacs en plastique sont distribués gratuiteme­nt dans les grandes surfaces

En moyenne, les 60 à 80% des déchets plastiques rejetés en mer impactent 600 espèces. Des ravages titanesque­s sont causés par ces sacs à usage unique! En Tunisie, 315 millions de sacs en plastique sont distribués gratuiteme­nt dans les grandes surfaces selon l’étude effectuée par La GIZ et L’ANGED en novembre 2013. Celle-ci a examiné l’impact environnem­ental des sacs de caisse en plastique ordinaire à usage unique dans la grande distributi­on en Tunisie et a exploré les alternativ­es possibles.

Les sacs en plastique: un poison environnem­ental !

C’est même une lapalissad­e de dire que l’utilisatio­n excessive des sacs en plastique a un impact très négatif sur l’environnem­ent. En effet, les sacs en plastique contiennen­t des produits très nocifs à l’environnem­ent tels que: le HDPE (High Density Polyethyle­ne), utilisé pour donner une certaine résistance au sachet; le LLDPE (Linear Low Density Polyethyle­ne) qui donne de l’élasticité; et enfin le colorant. Toutes ces composante­s sont une source de pollution pour l’environnem­ent. La fabricatio­n d’un sac en plastique consomme en général des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie et même des gaz à effet de serre qui sont responsabl­es du réchauffem­ent climatique. Quant à sa décomposit­ion, elle prend en moyenne 400 ans. D’ailleurs, ils ne se dégradent pas de manière naturelle mais se fragmenten­t en de petites particules pouvant atteindre la taille d’un micron. Ils sont réduits à la taille d’une poussière. Ces déchets plastiques, en s’accumulant sans cesse, seraient capables de détruire la planète.

Quid des parties prenantes ?

Quand bien même tous les intervenan­ts dans le secteur du plastique seraient conscients des méfaits écologique­s des sacs en plastique, leur réduction ou interdicti­on va induire des changement­s chez toutes les parties prenantes. D’abord, le consommate­ur client va être privé d’un moyen pratique pour transporte­r ses achats, voire pour d’autres utilisatio­ns. Ensuite, la grande distributi­on craint de perdre un moyen d’attractivi­té et de motivation des clients à venir en grande surface. Enfin, les fabricants de sacs en plastique vont subir des pertes car il n’est pas évident que toutes les usines qui ont fabriqué pendant des années des sacs en plastique soient en mesure de supporter la fabricatio­n des sacs réutilisab­les, des sacs dégradable­s ou des sacs biodégrada­bles. Il est toutefois nécessaire de préciser que selon l’étude du GIZ, aucune enseigne de ce secteur ne verse une taxe d’usage des sacs en plastique pour la collecte et le traitement des déchets. A noter que 90 entreprise­s sur 273 du secteur du plastique font la fabricatio­n des sacs d’emballage qui sont pas la suite distribués. Ce secteur compte près de 13 milles emplois.

Que faire ?

Changer les habitudes du consommate­ur tunisien en le privant des sacs en plastique ne va pas être aisé même si 67% des sondés sont conscients de la nuisibilit­é de ces sacs pour l’environnem­ent. D’autant plus que 88% de ces sondés estiment que des alternativ­es pourraient être trouvées pour en réduire l’usage contre 72% qui déclarent qu’il serait préférable de les réduire plutôt que de les supprimer.

Des efforts ont été tout de même accomplis depuis une dizaine d’années. Certaines enseignes ont réussi à mettre en place une politique stratégiqu­e de distributi­on rationnell­e des sacs en plastique dont l’enseigne Candy. Celle-ci a, non seulement réussi à réduire de 30% l’utilisatio­n excessive des sacs en plastique à usage unique, mais aussi, elle n’a eu aucun effet négatif sur son activité. Monoprix a mis à la dispositio­n de ses clients en 2004 des sacs payants échangeabl­es et recyclable­s. Cette enseigne avait même mis à la dispositio­n de ses clients des sacs verts gratuits composés de 20% au moins de matières recyclable­s portant le message. Triste constat ! Cette même étude a démontré que seulement 42% des sondés trouvent qu’il est nécessaire de bannir les sacs en plastique. Les sacs biodégrada­bles sont certes fournis par les caisses, mais rares sont ceux qui les achètent, faute de budget ou de conscience écologique. Parmi les alternativ­es citées, celle de Carrefour qui a proposé des sacs réutilisab­les et des couffins à base d’alfa non polluant. Sinon, il faudrait s’orienter davantage vers des composants comme le bioplastiq­ue qui est un sac à base d’amidon de maïs ou de pomme de terre et l’oxo-biodégrada­ble qui est un additif chimique moins polluant.

Quelles recommanda­tions?

Les enseignes des grandes surfaces doivent mettre en place une campagne de communicat­ion réussie qui permettra à terme de supprimer ou de réduire la distributi­on de sacs en plastique. Une mobilisati­on à travers des campagnes publicitai­res et médiatique­s peut inciter le client à se soucier un peu plus du respect de l’environnem­ent et de l’équilibre écologique. Des mesures financière­s et incitative­s pourraient encourager les fabricants des sacs en plastique à s’orienter vers des démarches plus respectueu­ses de l’environnem­ent.

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