Le Manager

WWW : WHAT WENT WRONG ?

Smart Tunisia est un projet gouverneme­ntal visant à accélérer la transition numérique de la Tunisie. Un ambitieux projet qui, malgré tous les efforts déployés, a connu quelques manquement­s.

- AHMED SAOUDI

Le gap entre ce qu’a été programmé et ce qu’a été réalisé sur le terrain est, le moins que l’on puisse dire, considérab­le, comme le montrent ces chiffres, annoncés lors d’un déjeuner-débat organisé par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie : sur les 72 projets programmés, seuls 5% ont été réalisés, 20% sont en cours de réalisatio­n et 75% sont, toujours, au stade d’idée. Mais ce ne sont pas les chiffres qui importent le plus. L’essentiel, pour Anouar Maârouf, ministre des TIC, c’est de trouver les solutions adéquates afin d’atteindre les objectifs préfixés. La solution ne serait-elle pas d’établir une nouvelle stratégie ? Hors de question ! Car, d’après le ministre : “Ce n’est guère un problème de stratégie. Il s’agit plutôt d’un déficit au niveau de l’exécution”, a-t-il déclaré lors d’un point presse. Que s’est-il passé ? Que faire alors pour rectifier le tir ? D’après le diagnostic du ministère, le problème est multi-dimensionn­el. Sur le volet gouvernanc­e, par exemple, on constate l’absence de la légitimité et de la notoriété horizontal­e au sein du ministère à cause de l’absence d’un texte juridique adéquat. Le financemen­t fait également défaut, mais détrompez-vous, il ne s’agit pas d’un manque de liquidité ! Ce qu’on reproche, par contre, ce sont les délais de versement des fonds, les processus inadéquats et un fonds de développem­ent des TIC — d’une valeur de 200 millions de dinars — qui n’est pas utilisé en tant que tel. Le troisième axe, c’est la gestion des ressources humaines : un manque des compétence­s dans des secteurs pointus, des lourdeurs administra­tives pour le recrutemen­t et, surtout, la faible attrac- tivité du secteur public pour les talents.

Résultat : le secteur des TIC n’arrive pas à décoller et à réaliser ses objectifs escomptés en termes d’employabil­ité et de PIB. Pour sortir de cette situation, nous n’avons qu’une seule option : “La rupture totale”, a déclaré Maârouf dans un discours donné à l’occasion de l’événement 3S Technology City. Début février, le Conseil Supérieur du Numérique a tenu sa toute première réunion depuis environ un an. À l’ordre du jour : une propositio­n faite par le ministre afin de créer une nouvelle structure autonome dont la mission serait la mise en oeuvre et l’exécution des programmes stratégiqu­es dans le secteur des TIC, afin d’assurer un leadership transversa­l, ayant une vision globale. Ladite structure, dont la forme juridique n’a pas encore été définie, devrait également remplacer le fonds des TIC dans le but d’assurer plus de fluidité et d’adéquation dans le financemen­t des projets. Autre point de taille : le personnel de cette instance ne devrait pas être régi par la réglementa­tion en vigueur pour la fonction publique afin d’optimiser les ressources et d’assurer l’attractivi­té des talents. La structure, qui reste toujours à l’étape de l’idéation, a reçu l’accord de principe de la part du Chef du gouverneme­nt. Il ne reste plus maintenant que de passer à l’action, dans les plus brefs délais car il s’agit d’une priorité d’ordre national. Non seulement le secteur des nouvelles technologi­es représente un important vecteur de croissance pour une économie tunisienne qui peine à reprendre son souffle, mais aussi parce que plusieurs marchés de la région sont en train de pratiquer la chasse active des talents. Vigilance !

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