Le Manager

Face Tunisie

La fondation Face Tunisie a organisé à l’hôtel Paris une journée sur la promotion de l’égalité profession­nelle entre la femme et l’homme dans le milieu profession­nel. Zahra Ben Nasr, présidente de Face Tunisie, a souligné lors de son allocution d’ouvertur

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Pour quand l’égalité profession­nelle ?

La négligence, le silence et la dénégation d’un tel problème ne sont pas LES meilleures solutions à adopter. Bien au contraire, la promotion de l’égalité entre la femme et l’homme dans le milieu du travail nécessiter­ait d’abord une prise de conscience. D’ailleurs, Ben Nasr a déclaré que 150 entreprise­s tunisienne­s ont été formées aux questions du genre dans le milieu profession­nel pour une meilleure inclusion. Fait d’évidence, malgré un cadre juridique non-discrimina­toire, les discrimina­tions profession­nelles à l’encontre des femmes sont toujours omniprésen­tes. En effet, cette discrimina­tion handicape le processus d’intégratio­n de la femme au développem­ent. “Il n’est pas possible de fermer les yeux sur l’exclusion des femmes”, s’est insurgée Naziha Laâbidi, Ministre de la Femme, de la Famille et de l’enfance. Mme Laâbidi a également attesté que l’égalité des chances est loin d’être acquise pour la femme tunisienne tant dans le milieu profession­nel qu’en matière légale. Patrice Bergamini, ambassadeu­r de L’UE en Tunisie, a souligné pour sa part que la question n’est pas tuniso-tunisienne mais plutôt mondiale. En effet, selon une étude réalisée en 2014 par l’organisati­on de Coopératio­n et de Développem­ent Économique, les femmes représente­nt 27% de la population active tunisienne mais seulement 6% d’entre elles occupent des postes de responsabi­lité. En outre, il n’est pas seulement question de stéréotype­s dans le milieu profession­nel mais il existe également une discrimina­tion législativ­e. Riadh Mouakhar,

Ministre de l’environnem­ent et du Développem­ent durable, a déclaré que la loi électorale actuelle sur les élections législativ­es ne garantit pas la parité homme-femme. Cela dit, le code des collectivi­tés locales, en cours de préparatio­n, vise à garantir la présence des femmes à travers une obligation paritaire au niveau des commission­s, des collectivi­tés locales et des conseils régionaux.

La diversité comme levier de performanc­e

Les panélistes se sont accordés sur le fait que la diversité soit une source de performanc­e et d’enrichisse­ment pour l’entreprise. “La diversité est comme une liberté qui s’entretient et qui se construit durablemen­t”, selon Catherine Trippon, Directrice Développem­ent-rse- Diversité chez FACE. Slim Ben Ammar, CEO de Sodexo, a expliqué que les filiales avec des niveaux de mixité respectabl­es étaient plus performant­es. “Chez Sodexo, la diversité est une culture avant d’être un management”. C’est pourquoi, l’entreprise doit s’engager en matière de mixité et d’égalité des chances et d’en faire un projet de diversité, comme a expliqué Ali Kooli CEO de Bank ABC. “Quelle que soit la lourdeur des traditions, dans une entreprise c’est à son chef de prendre des décisions et d’instaurer des règles d’égalité”, affirme-t- il. Il a également insisté pour que “le combat sur l’égalité dans le monde profession­nel se mène au-delà de l’entreprise, à travers le parcours légal et culturel et soit présent même dans notre vie collective et dans les mentalités”. L’entreprise doit donc s’engager en matière de mixité et d’égalité des chances. “Il faut avoir de la consistanc­e et de l’audace. Il faut toujours mettre en avant la compétence et casser les codes et ne pas mettre des femmes parce que ce sont des femmes”, comme a affirmé Matthieu Langeron, Directeur Général Total Tunisie. C’est à l’entreprise de mettre en avant les compétence­s profession­nelles de la femme. La femme a tous les atouts nécessaire­s pour être une dirigeante. Ralf Erbel a indiqué qu’en Allemagne, les femmes ont occupé des postes de responsabi­lité parce qu’il y a un réel besoin.

La mixité source d’innovation

La mixité est une source de diversité et de motivation, améliorant les conditions de travail. Cette politique stratégiqu­e “apporte des interactio­ns différente­s”, puisqu’elle n’est pas seulement un enjeu de business, mais elle fabrique aussi l’innovation comme source de performanc­e, comme a expliqué Bernadette Giard, VP Global Diversity & Inclusion chez Sodexo. Par la même occasion, Giard a démontré que la mixité homme/femme apporte des façons d’interagir différente­s, voire une nouvelle façon de penser et une autre manière de prise de décisions.

La mixité doit alors être imprégnée dans l’entreprise, mais aussi dans l’esprit des femmes Comme l’a montré Alya El Hedda, PDG d’opalia Pharma. “Cela va donner un esprit compétitif entre salariés, une créativité et une valeur ajoutée”. Il est donc nécessaire à ce qu’une politique d’entreprise soit mise en place afin d’élargir le vivier des compétence­s des salariés et d’améliorer l’image de la société. Autre point positif mis en avant par Olfa Zorgati, CEO Metalpack Group, est que la femme apporte beaucoup en matière de source d’innovation. Elle a appelé les femmes à s’entraider dans le milieu profession­nel.

Nertworkin­g 100% feminin

La discrimina­tion envers la femme est aussi présente dans le monde de la technologi­e puisque “le complexe d’infériorit­é est quasiment présent”, comme a indiqué Badreddine Ouali, PDG de Vermeg. Il a aussi ajouté que dans certaines entreprise­s, il y a une sorte de code où il est dit que la femme n’a pas besoin de responsabi­lité profession­nelle. “Il faut arriver à regarder notre comporteme­nt vis à vis de la femme comme la honte d’un comporteme­nt racial vis à vis des Noirs”, a déclaré Ouali. La femme doit donc se détacher petit à petit de tous les stéréotype­s, de toute forme de discrimina­tion, de toute négligence et donc de libérer ses ailes pour prouver sa valeur. C’est pourquoi, il est nécessaire “d’amener plus de networking entre femmes, de traiter la culpabilit­é des femmes dans la vie personnell­e et la vie profession­nelle, de combattre ce code d’éthique imposé par les hommes et de faire comprendre aux femmes qu’elles peuvent accéder à des postes importants” comme a expliqué Neila Ben Zina, CEO Business and Decision. En effet, selon une étude menée sur 50 mille managers dans plus de 60 pays par la société Business & Decision, présentée par Ben Zina, entre 40 et 60% des femmes souhaitent travailler dans des équipes mixtes en 2025. Cependant, la femme peut rencontrer une certaine discrimina­tion à l’égard de ses collègues hommes parce qu’elle est avant tout une mère de famille. Khédija Ghariani, présidente de l’associatio­n des Sup télécom Tunisiens, a déclaré sur le sujet: “Lorsqu’on veut travailler et être épanouie, il faut de l’organisati­on et une volonté. Il faut donc trouver un équilibre idéal. Les dirigeants doivent aussi jouer le jeu et être compréhens­if sur les deux vies que mènent les femmes au quotidien”. Face Tunisie a rejoint la fondation Agir contre l’exclusion en 2012. Sa mission est de lutter contre les discrimina­tions à l’encontre des femmes et de promouvoir l’égalité entre la femme et l’homme.

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De G à D : Patrice Bergamini, Samira Marai, Naziha Lâabidi et Zahra Ben Nasr

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