Centre des Jeunes Dirigeants
Un déjeuner-débat a été organisé par le CJD en partenariat avec la Konrad-adenauer-stiftung fin février autour de la question du financement et de la loi de finances : les difficultés des PME tunisiennes. Une rencontre de nature à rapprocher les PME des a
Le financement et la loi de finances les difficultés des PME tunisiennes
Wafa Laamiri, Présidente Nationale du CJD, a d’emblée pointé du doigt ce qui constitue le talon d’achille du site Tunisie : l’aversion au risque en matière de financement. Si la Tunisie est classée 42ème sur 137 dans le Global Entrepreneurship Index 2017, le ratio de l’acceptation du risque est largement en deçà de la moyenne mondiale, rappelle-t-elle. Et d’ajouter que parmi les difficultés du financement, il convient de signaler la réticence des banques à prendre des risques, à quoi s’ajoutent les coûts des crédits et la rigidité des instruments. A ce titre, Samir Bechouel, DG de L’API, présentant le rapport d’une étude sur les obstacles pour la création et le développement des entreprises, réalisée à la demande de L’API, a confirmé que le financement constitue la première difficulté, en plus du délai de réponse très long, une décision centralisée, un système de déblocage par tranches inapproprié ainsi qu’une aversion au risque. Wafa Laamiri enfonce davantage le clou en affirmant que le cadre légal est peu incitatif à la prise de risque, en l’occurrence la dernière loi de 2011 sur les activités des SICARS. Résultat des courses, les entreprises souffrent d’une insuffisance de fonds propres sur tous leurs cycles de vie, à savoir de la création au développement voire la restructuration, en passant par l’exploitation. De son côté, Hela Kaddour Fourati, Tunisian Managing Director à l’american Enterprise Fund –(TAEF) confirme le côté nuisible de ce problème législatif pour certains mécanismes de financement. A titre d’illustration, elle explique qu’un fonds mezzanine a dû être géré de l’étranger à défaut d’un cadre légal en Tunisie. Sans cette solution, le manque à gagner aurait été considérable car ce fonds rencontre une grande réussite. Bouthaina Ben Yaghlane, Présidente-directrice générale de la CDC (Caisse des dépôts et consignations), nuance les pro- pos affirmant que la CDC, qui finance des projets structurants à caractère national dans le secteur public, privé ou dans le cadre d’un PPP essaie de booster les prises de risques. A ce titre, la CDC a des participations dans dix organismes et de ce fait 67 entreprises sont financées de manière indirecte à travers des FCPR( Fonds commun de placement). La CDC dispose de plusieurs fonds spécifiques : un fonds de gestion, le CDC Gestion ; un fonds d’accompagnement et de développement des entreprises, CDC Croissance et un fonds d’accompagnement des entreprises tunisiennes à s’installer en France et vice versa : le Fonds de colocalisation avec BPI France. Pour Bouthaina Ben Yaghlane, le problème ne se situe pas uniquement au niveau du financement mais également dans l’absence d’accompagnement. A cet effet, une convention a été signée entre la CDC et L’API. Tahar Hatira, PDG de la SOTUGAR, rappelle que son institution facilite également le financement d’une manière indirecte. Elle fournit une garantie aux organismes qui financent les PME. Il a précisé que la SOTUGAR a un délai moyen de réponse de deux semaines. S’agissant de la BFPME, son nouveau PDG Slim Feriani affirme que la banque a approuvé 50 dossiers de financement sur les 500 reçus. Il ajoute que 60% des dossiers approuvés par la BFPME se situent dans les zones défavorisées. Le plus difficile est de saisir à quel niveau placer le curseur qui permet d’accentuer cette démarche et de rechercher l’équité. Fin des fins, et pour répondre aux questionnements des présents sur les nouvelles mesures d’incitation à l’investissement, Mme Sihem Nemssia, Directrice générale des études et de la législation fiscale au ministère des Finances, a souligné que la vision générale du ministère des Finances est d’encourager les secteurs prioritaires, à savoir l’agriculture, le Développement régional et l’export. La nouvelle loi d’incitations fiscales vise 3 objectifs : la réduction des taux d’imposition, l’élargissement de l’assiette de l’impôt et la rationalisation des incitations fiscales. Slim Feriani a conclu sur une note optimiste rappelant que la Hongrie a mis près de dix ans pour se redresser. Soit, mais saurons-nous tenir jusque-là sans la manne financière de L’UE ?