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Instance Nationale des Telecom

Le 7 février dernier, l’instance Nationale des Télécommun­ications ( INT) a organisé un workshop sur l’indépendan­ce des instances de régulation, les enjeux et défis entre la réalité et la théorie. L’événement était marqué par la présence de plusieurs respo

- AHMED SAOUDI

L’indépendan­ce,entre la théorie et la pratique

Deux brillants savants en physique théorique décident d’aller pratiquer du yoga au sommet d’une montagne isolée. Mais voilà que quelques heures après leur départ, ils ont déjà perdu leur chemin. Le premier commence à paniquer et regrette d’avoir même quitté son labo. Son ami le rassure, tire une carte de son sac et se met à la besogne. Une heure plus tard, il lance un cri de joie : “Ça y est ! Je l’ai trouvé !” Il pointe alors de son doigt une lointaine montagne, à peine visible : “Tu vois cette montagne, cher ami ? Oui ? Nous sommes là-bas!” Ceci ne devrait pas surprendre personne: il existe un gap plus ou moins considérab­le entre la théorie et la pratique. En théorie, il est simple d’assurer l’indépendan­ce des instances de régulation; Pour cela, il suffit de mettre en place le cadre juridique nécessaire, une autonomie financière et voilà ! Dans la pratique, en revanche, la solution pourrait être beaucoup plus complexe, d’autant plus, dans un secteur très concurrent­iel et très vital tel que les télécoms. En théorie, les instances de régulation sont indépendan­tes de toute influence externe. En pratique, il est courant, voire recommandé, que ces instances soient tenues responsabl­es devant la loi et les représenta­nts du Peuple. Car l’indépendan­ce totale “is only for Gods”, s’exclame Francesco Sciacchita­no de l’italian Autorità per la Garanzie nelle Comunicazi­oni (AGCOM), l’équivalent italien de L’INT. Le responsabl­e était en Tunisie pour présenter les résultats d’une étude sur l’indépendan­ce de L’INT. Cette étude vise à mettre l’accent sur les points limitant l’indépendan­ce de l’instance et propose des solutions pour y remédier.

Les critères

D’après Sciacchita­no, l’indépendan­ce du régulateur peut être qualifiée grâce à un ensemble de critères dont, certaines, sont des règles informelle­s qu’il serait difficile d’inclure dans un texte de loi. Les salaires au sein du régulateur, par exemple, doivent avoir un certain niveau minimum afin de garantir que les salariés ne soient pas influencés voire attirés par le secteur privé. Sur le plan législatif, plusieurs axes d’améliorati­on sont à envisager. La loi tunisienne, par exemple, n’indique pas explicitem­ent que L’INT est un organisme indépendan­t. Grande lacune qu’il faut résoudre dans les plus brefs délais.

Interview avec Hichem Besbes, Directeur général de L’INT

Vu le rôle très important que joue le régulateur, il est essentiel qu’il soit indépendan­t dans ses décisions et que ces dernières ne soient pas motivées par la politique ou autres intérêts qui peuvent nuire au secteur. Dans le cadre du nouveau code du numérique, et dans le cadre de projets de jumelage que nous sommes en train de préparer avec les régulateur­s italien, espagnol et français, nous avons voulu discuter de l’indépendan­ce de l’instance avec les profession­nels du secteur. Aujourd’hui, nous sommes indépendan­ts vu notre autonomie administra­tive et financière. L’indépendan­ce financière est très importante afin de pouvoir recruter les profils nécessaire­s, lancer les études nécessaire­s, etc. Mais indépendan­ce ne veut pas dire rupture totale avec les autres composants de l’état. Bien au contraire, il peut y avoir des coopératio­ns entre l’exécutif et les instances, sans que cela touche l’indépendan­ce. Ce workshop nous a permis d’avoir une idée approfondi­e sur les expérience­s européenne­s, ce qui va nous permettre d’écrire un code du numérique à la hauteur des attentes.

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