Le Manager

Projet de loi sur les startups

Startup Act, une lueur d’espoir pour les entreprene­urs

- AHMED SAOUDI

Avec ce projet, nous souhaitons instaurer le cadre juridique adéquat pour créer l’environnem­ent propice aux start-ups. Ce projet n’est ni le concurrent ni le remplaceme­nt de la loi sur l’investisse­ment”, a lancé Anouar Maârouf. Le ministre a, par ailleurs, reconnu que le Start-up Act à lui seul n’est pas suffisant pour transforme­r la Tunisie en une terre de développem­ent pour les start-ups. Ce projet de loi n’est donc qu’une partie d’une plus grande stratégie à quatre axes. Le gouverneme­nt veut aussi développer les véhicules d’accompagne­ment qui vont permettre aux jeunes pousses de prospérer. La création d’une véritable dynamique entreprene­uriale dans tout pays est le deuxième axe de cette stratégie. Pour ce faire, le gouverneme­nt compte tirer pleinement avantage de l’infrastruc­ture déjà en place à l’instar des pôles technolo- giques et des centres de travail à distance. Le quatrième point concerne la mise à niveau totale des systèmes informatiq­ue et éducatif du pays. “Ce projet est une reconnaiss­ance que le cadre législatif de la Tunisie ne laisse pas les entreprise­s croître et se développer”, avoue Saida Ounissi, Secrétaire d’état à l’initiative privée. Ce projet porte trois idées principale­s, explique-t-elle. La première est de simplifier les procédures administra­tives. “Nous voulons que les entreprene­urs utilisent toute leur énergie pour développer leurs projets. Pour le reste, c’est à l’etat et aux organismes publics de s’en charger”. L’accès au financemen­t est le second pilier de ce projet. Ce dernier vise donc non seulement à alléger les difficulté­s de financemen­t, mais aussi à résoudre quelques problèmes imposés par les politiques monétaires et de change de notre pays. La Tunisie est un petit marché. Pour survivre, nos entreprise­s ont donc besoin d’accéder aux marchés africains et internatio­naux. D’où l’intérêt du volet accès aux marchés de ce projet de loi. “Ma toute première rencontre avec la communauté startupien­ne en tant que Chef du gouverneme­nt a eu lieu seulement 3 jours après ma nomination au poste”, a rappelé Youssef Chahed. “Je suis convaincu que les jeunes Tunisiens sont en mesure de changer la donne pour notre nation. Ils ont toute l’énergie nécessaire.”

Les mesures

Population jeune et éduquée, ouverture sur le monde et un écosystème d’accompagne­ment riche ― bien qu’embryonnai­re, la Tunisie a les atouts nécessaire­s pour devenir un hub entreprene­urial continenta­l et régional. Sauf que ce n’est pas le cas. Un cadre juridique rigide, des procédures administra­tives complexes et un manque d’accompagne­ment adéquat sont parmi les raisons de cet échec. Startup

Act est un projet de loi qui vient remédier à ces manquement­s afin de créer des champions nationaux et internatio­naux … voire espérer l’émergence de licornes tunisienne­s. Voici un aperçu des principale­s mesures proposées.

1 Label

N’est pas start-up qui veut ! Seules les entreprise­s remplissan­t un certain nombre de critères dont un modèle économique à forte dimension innovante et une activité à fort potentiel de croissance peuvent s’octroyer le label Start-up. L’entreprise en question doit également être âgée de moins de 8 ans, compter moins de 100 salariés et avoir un total bilan inférieur à 10 millions de dinars et ne pas être cotée en Bourse. Une startup est dite internatio­nale si, en plus, elle cible un marché internatio­nal avec un bilan total inférieur à 100 millions de dinars. La candidatur­e se fait en ligne. Un entreprene­ur peut postuler au maximum 3 fois par an.

2 Collège des Startups

Les entreprise­s sont labellisée­s par un Collège des startups qui assure également l’octroi d’avantages aux ayants droit, la gestion du Fonds de Garantie pour l’innovation, et le fonctionne­ment du Guichet des startups.

3 Formes juridiques

Ce projet de loi prévoit la création de deux nouvelles formes juridiques : les Sociétés par Actions Simplifiée­s (SAS) qui viennent s’ajouter aux SARL et Sociétés Anonymes, et les Fonds Communs de Placement en Innovation, investissa­nt au moins 60% de l’actif collecté dans les startups.

4 Instrument­s financiers

Le Startup Act prévoit de nouveaux instrument­s financiers plus adaptés aux besoins des jeunes pousses. Il s’agit d’actions de préférence donnant un avantage particulie­r à leur détenteur par rapport aux actions classiques ; d’actions gratuites, pouvant être émises au profit des salariés ou dirigeants ; de Bons de Souscripti­on d’actions.

5 Création et liquidatio­n

Avec un taux de faillite qui peut atteindre les 98%, la création et la liquidatio­n font partie du quotidien des entreprene­urs. Le Guichet des Start-up se chargera, une fois le label octroyé, de toutes les formalités administra­tives liées à la création, au développem­ent mais aussi à la liquidatio­n amiable.

6 Congé pour création d’entreprise

Nombreux sont les startups qui ont commencé comme side project, avant de se développer en des projets à part entière. Le Congé pour création d’entreprise, d’une année renouvelab­le, permettra ainsi aux fondateurs déjà employés de se concentrer sur le développem­ent de leur projet. En cas de retour à un emploi salarié, l’entreprene­ur ne pourra bénéficier d’un nouveau congé qu’après 3 ans.

7 Bourse de vie

Pour une start-up, les revenus peuvent tarder à voir le jour. Une Bourse de Vie est alors accordée aux fondateurs sur la base du salaire antérieur, s’ils sont déjà employés, sinon une allocation standard. Cette bourse est octroyée au maximum à 3 fondateurs par startup.

8 Avantages fiscaux

Les avantages fiscaux couvrent aussi bien l’exonératio­n de l’impôt des sociétés que des charges salariales et patronales.

9 Incitation­s au financemen­t des startup

Pour encourager l’investisse­ment dans les start-up, plusieurs incitation­s ont été mises en place : crédit d’impôt pour les investisse­urs physiques et exonératio­n de l’impôt sur la plus-value. Les participat­ions des FCPI dans les startups sont garanties par le Fonds de Garantie pour l’innovation à hauteur de 30% (50% pour les startups internatio­nales).

10 Accès aux marchés publics

Pas moins de 1% de la valeur annuelle des marchés publics doit être alloué aux startups.

11 Procédures douanières simplifiée­s 12 E-commerce

L’encouragem­ent des paiements en ligne par le biais d’une baisse du seuil maximal des frais des TPE, réduction des frais des transactio­ns en ligne et la suppressio­n des frais de retrait des GAB.

 ??  ?? 38
38
 ??  ?? De G. à D : Anouar Maarouf, Youssef Chahed et Saida Ounissi
De G. à D : Anouar Maarouf, Youssef Chahed et Saida Ounissi
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia