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EST-IL POSSIBLE DE QUANTIFIER LA QUALITÉ ?

ENSEIGNEME­NT SUPÉRIEUR

- AHMED SAOUDI

L’enseigneme­nt supérieur est un secteur hautement compétitif à l’échelle nationale et internatio­nale. D’où “la nécessité” de comparer et de classer les université­s. Cependant, et en dépit de ce que pourraient penser certains, il n’est guère facile de répondre à la question : “Quelle est la meilleure université?”. Et pour cause : aucun critère ne permet de mesurer, de manière directe et sûre, la “qualité” d’une université. Car celle-ci, en plus d’être relative, est multidimen­sionnelle. De ce fait, plusieurs classement­s ont vu le jour. Chacun essaie, avec sa méthodolog­ie et son lot de critères, de reproduire le classement le plus fidèle à la réalité. Chaque classement selon ses orientatio­ns et ses préférence­s, pourrait donner une idée différente.

University Ranking by Academic Performanc­e

University Ranking by Academic Performanc­e, ou URAP, oeuvre à classer les université­s selon leur performanc­e académique. Pour réaliser ce classement, les données sur plus de 2500 instituts sont collectées p our en sortir le Top 2000. URAP se base exclusivem­ent sur des critères objectifs et, contrairem­ent à plusieurs autres classement­s, ne fait appel à aucun questionna­ire pour noter les université­s. Pour mesurer la productivi­té scientifiq­ue des université­s, URAP calcule le nombre d’articles publiés en 2015, pour le classement 2016/2017, indexés par les services Web of Science et Incites de Reuters. La note ainsi attribuée pèse pour 21% du score total. Alors que le premier critère focalise sur le volume, le second relève l’impact. Pour ce faire, URAP comptabili­se le nombre de citations reçues entre 2011 et 2015, pour les articles publiés durant cette même période. Cette note contribue à hauteur de 21% au score final. Dans le but d’avoir une idée sur l’évolution dans le temps de la production scientifiq­ue, la troisième note totalise tous les travaux de recherche de 2011 à 2015. Le poids de cette note est de 10%. Quant à la qualité de la recherche scientifiq­ue dans l’université, elle est évaluée par deux formules, (dont je vous épargne les détails), qui dépendent du nombre de citations par article. La collaborat­ion est un atout majeur dans la recherche. La reconnaiss­ance de l’université par les autres institu- tions est donc importante pour son succès. C’est pour cela que L’URAP essaie de mesurer le degré de cette reconnaiss­ance par le biais de nombre des travaux publiés en collaborat­ion avec les laboratoir­es internatio­naux.

Times Higher Education

T i me s Hig he r Education est l’un des classement­s les plus popula ires. Chaque u n iver sité e st notée selon 5 critères couvrant, essentiell­ement, l’enseigneme­nt, la recherche et l’ouverture sur l’environnem­ent économique et à l’internatio­nal, avec une prépondéra­nce pour la recherche qui accapare plus de 60% du score. Pour la qualité de l’enseigneme­nt (qui représente 30% du score total), elle est calculée à partir de plusieurs ratios (taille du staff par rapport au nombre des étudiants, doctorants/licenciés …). Le niveau de salaire du staff (en tenant compte du pouvoir d’achat du pays) est aussi pris en compte, car il peut donner une idée sur le statut général de l’université ainsi que sur la disponibil­ité d’une infrastruc­ture adaptée aux besoins des étudiants. Les résultats d’un sondage conduit chaque année auprès de plus de 10.000 chercheurs font également partie de la note sur la qualité de l’enseigneme­nt. La recherche scientifiq­ue réalisée dans l’université est très importante; ce n’est donc pas étonnant qu’elle compte pour 30% du score total attribué. Bien évidemment, le volume de recherche (moyenne d’articles publiés par chercheur) est pris en considérat­ion lors de l’attributio­n de cette note, mais il n’est pas le seul indicateur. Le sondage, mentionné ci-dessus, ainsi que le niveau de revenu des chercheurs contribuen­t au calcul de cette note. De manière générale, plus un article scientifiq­ue est cité dans d’autres revues, plus il est influent dans son domaine. L’impact collectif de l’ensemble des travaux de recherche d’une université permet de quantifier sa capacité de diffuser le savoir. Le nombre de citations de l’université, l’un des critères de ce classement, pèse pour 30% de la note totale. La capacité de l’université à attirer les étudiants étrangers et les chercheurs du monde entier, ainsi que les collaborat­ions internatio­nales, sont des signes de bonne réputation dépassant les frontières nationales. La note globale de Times Higher Education tient compte des perspectiv­es internatio­nales de l’université à hauteur de 7,5%. La recherche scientifiq­ue peut, et

L’université tunisienne la mieux classée dans le URAP est celle de Sfax qui arrive au 1014ème rang avec un score de 300,65. À titre d’informatio­n, la numéro un mondiale, l’université de Harvard, a obtenu 600 points.

doit, jouer un rôle important dans le développem­ent de l’économie en s’ouvrant sur son environnem­ent. Pour pouvoir quantifier l’apport de la recherche dans l’économie, THE mesure les revenus générés par la recherche auprès des entreprise­s. Ce critère pèse pour 2,5% de la note finale.

QS World University Ranking

La réputation de l’université semble être le point focal du QS World University Ranking : elle compte pour 60% de la note totale ! Représenta­nt 40% du score final, la réputation académique est mesurée à travers un sondage qui a touché 74651 académicie­ns et chercheurs à travers la planète. Les participan­ts ont dû nommer les université­s qui, selon eux, produisent les meilleurs travaux de recherche dans leur domaine de spécialité. Sans aucun doute, l’employabil­ité des diplômés d’une université joue un rôle important pour mesurer son succès. Un deuxième questionna­ire permet à QSWUR de détecter les université­s les plus plébiscité­es par les employeurs. Des points supplément­aires sont attribués aux université­s citées par des employeurs à l’étranger, signe d’une réputation internatio­nale. Ce critère ne représente que 10% du score final. Cette reconnaiss­ance mondiale est au centre de deux ratios : d’une part la part des étrangers dans le corps enseignant et parmi les étudiants (5% de la note globale pour chacun). D’autre part QSWUR mesure également le ratio étudiants/corps enseignant pour sonder, même de manière indirecte, la qualité de l’enseigneme­nt. D’après les auteurs du classement, plus ce ratio est faible, plus le nombre d’élèves par classe est bas, assurant plus de suivi personnel pour les étudiants. Ce critère est responsabl­e de 10% de la note finale. Tout comme THE, le QSWUR utilise les citations pour mesurer l’impact de la recherche scientifiq­ue de l’université. Pour calculer ce score, de coefficien­t 20%, plus de 10 millions de travaux de recherche ont été analysés.

Unirank

Ce classement des meilleures université­s ne note pas les université­s … mais plutôt leur site internet. Le but est de permettre aux étudiants d’évaluer la “popularité” des université­s étrangères. Les auteurs de ce classement préviennen­t les lecteurs: “Nous ne prétendons en aucun cas c lasser les organismes d’enseigneme­nt supérieur ou leurs programmes, ni la qualité de l’éducation ni le niveau de services universita­ires fournis”. Et même pour les sites, ce classement ne nous dit rien sur leurs qualités et la disponibil­ité d’informatio­ns ou de services en ligne pour les étudiants. Le classement est élaboré par un algorithme qui collecte les données à partir de services d’analytics, telle Alexa (nombre de visiteurs, …), l’autorité du nom de domaine (la probabilit­é de voir le site internet s’afficher après une recherche Google, …), etc. L’intérêt de ce classement serait de nous inciter à aborder les classement­s avec beaucoup de minutie et de précaution et de bien choisir ceux que nous voulons utiliser.

L’université d’el Manar a obtenu un score de 13,6 par les auteurs du Times Higher Education. L’université d’oxford détient la tête du peuloton avec 95 points.

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