Le Manager

LE TEMPLE DU BIEN-ÊTRE

Le savoir-faire artisanal séduit de plus en plus une clientèle en quête de régénérati­on naturelle. En hiver ou en fin d’année, quand la morosité pointe le bout de son nez, la nécessité du bien-être s’invite à la table des bonnes résolution­s. Ces jeunes en

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La spiruline est hautement prisée pour ses bienfaits naturels. Très riche en protéines et en fer, elle est connue pour ses effets miraculeux sur l’organisme. C’est à la préparatio­n de cette culture d’algue marine minutieuse qu’emna Ben Mustapha s’attelle dans son exploitati­on de Rtiba (gouvernora­t de Nabeul), un domaine, aménagé en ferme aquatique, à couper le souffle, en dehors de toute pollution et industrial­isation. “Aquaspir” est dotée de 13 bassins aquatiques de 30 m2 chacun. Afin de préserver la qualité de ses produits, la jeune entreprene­ure a installé des panneaux photovolta­ïques et ne fait usage que de l’eau de puits. Le domaine a une capacité de production de 900 kg par an. « Depuis toujours, surtout depuis ces dernières années, la qualité de la vie s’est détériorée, nos modes d’alimentati­on sont de moins en moins sains. Nous nous esquintons au fil des années et cherchons par la suite à nous refaire une santé ». La spiruline, nouvelle génération, c’est ainsi qu’emna Ben Mustapha présente sa fabrique, une petite société qu’elle a lancée en 2015 en collaborat­ion avec son mari. La jeune femme a suivi des études en biologie des écosystème­s aquatiques à la faculté des Sciences de Tunis. Le projet s’est imposé à eux comme une évidence. C’est à peu de choses près la même recette que concocte Moez Namsi dans son Healthy food lab d’el Omrane Supérieur baptisé “Urban Nature”. Il suffit de faire un détour par le site du laboratoir­e pour prendre la mesure du travail accompli. Ici, il n’y a de place ni pour les additifs ni pour les conservate­urs. Tout est préparé à base de fruits et de légumes de saison 100% frais et naturels. Moez brasse toutes sortes de fruits et de légumes frais pour en faire des mix originaux. Le mélange ananas-gingembre est très apprécié, nous confie-il. Il y a aussi des mélanges avec de la spiruline. Les mix de cet ancien publicitai­re reconverti en maître des platines fruitières ont la réputation d’être inimitable­s. Ils ne sont pas tout à fait commodes à produire mais ils recèlent un savoir-faire artisanal qu’il est le seul à maîtriser. A ceux qui l’interrogen­t sur le secret de fabricatio­n, Moez répond : « C’est la passion des arts culinaires, la fraîcheur des produits et le miracle de la nature ». Moez Namsi est très attaché à cette méthode de fabricatio­n et n’est pas près de changer. La fraîcheur, dit-il, est un gage de qualité qui prend le pas sur tout le reste. Quand un client lui demande de conserver un mix, Moez s’agace un peu. Il sait que ça peut lui jouer des tours, que cet exotisme, qui est l’essence même de son lab, ne peut pas être à la portée de tous. Il ne se résigne pas pour autant au productivi­sme. « Je ne vends pas de grandes quantités, je ne peux pas satisfaire toutes les demandes mais je conserve la seule chose qui vaille : la qualité. Il aimerait d’ailleurs s’engager sur la voie d’un commerce équitable avec les agriculteu­rs. Une manière de préserver la qualité et de garantir la traçabilit­é des produits. Issam Souli s’est, quant à lui, tourné sur les vertus du massage chinois. Installé dans le centre de Jendouba, le centre de beauté spa et détente qu’il a créé s’est donné pour mission de restaurer une chapelle oubliée. Ici, c’est le palais de la guérison, ‘’Ksar El Afia’’, écrin somptueux qui a choisi de conserver

le charme d’une ville délaissée en y implantant un centre de bien-être. La médecine douce n’a aucun secret pour Issam. Grâce aux nouvelles technologi­es de l’acupunctur­e et de la phytothéra­pie, le centre propose une panoplie de soins de détente contre la douleur et le stress. Il accueille aujourd’hui une clientèle variée. A travers son centre, Issam promeut également un tourisme alternatif et encourage sa clientèle à découvrir les richesses de sa région natale.

Catalyseur Créer une entreprise nécessite de se plier à l’exercice du business plan. Emna n’avait aucune idée des démarches qu’il faut suivre pour réaliser un projet. Elle s’était souvent heurtée au doute qu’on éprouve sur sa capacité à exercer un leadership quand on s’apprête à diriger des équipes. Son mari, de son côté, se sentait un peu à l’étroit et mal à l’aise à l’idée de devoir toujours vivre dans le sillage d’un chef. Il était persuadé d’avoir lui-même la trempe d’un chef d’entreprise, bien qu’il sût que le chemin est pavé d’obstacles. Il sera bientôt suivi par Emna. Ces deux-là ont découvert la spiruline sur les bancs de la faculté des Sciences. Convaincus de ses vertus, ils étaient résolus à élargir leur expériment­ation. Diplômes en poche, ils se mirent au travail. Elle n’hésite pas à s’inscrire sur les listes du Partenaria­t Souk At-tanmia quand elle prend connaissan­ce du soutien qu’il accorde aux jeunes entreprene­urs. Le Partenaria­t s’intéresse beaucoup aux profils, aux projets. Il oeuvre à stimuler l’esprit d’initiative et s’attache surtout à transmettr­e un savoir-faire, une culture. Dans le contexte actuel, il est nécessaire de définir des stratégies de conquête de marchés, de susciter l’adhésion en répondant à l’offre du marché et aux besoins d’une clientèle friande de soins naturels. Un entreprene­ur a beau regorger de talents, d’idées, il lui est difficile de s’imaginer chef d’entreprise et responsabl­e d’équipes sans des formations adéquates pour monter en compétence. C’est d’ailleurs pour cette raison que Souk-at-tanmia forme les porteurs d’idées et les initie à la culture entreprene­uriale à travers des ateliers d’idéation et de design thinking. Pour Emna et son mari, les débuts furent difficiles. Bien que la spiruline fasse l’unanimité auprès du public, l’accès à la matière n’est pas toujours aisé : « On accuse des retards énormes sur la livraison des matières premières », déplore-elle. Elle appelle de ses voeux une fédération qui pourrait lui permettre de lancer son concept en franchise. « Ce n’est pas encore pour demain. Il faut d’abord que nous autres producteur­s resserrion­s nos rangs », s’emporteell­e. En attendant, elle peut toujours se satisfaire d’un carnet de commandes plein et d’une soif de renouvelle­ment et d’innovation intacte. Emna offre une large gamme de produits à base de spiruline sous forme de poudre, de gélules, de paillettes ou de comprimés extraits d’algues détoxifian­tes. Aujourd’hui, ses produits sont commercial­isés à travers culinaire. Une passion qu’il a reçue en héritage. Elle lui a été transmise par sa mère. Moez a imaginé un menu fort original de cocktails de fruits tout en fraîcheur. N’ayant jamais pu se défaire de sa passion, il s’embarque dans cette aventure en participan­t à Souk At-tanmia. Hors des sentiers battus, Urban Nature propose une panoplie de mix originaux de jus de fruits et de légumes de saison mêlant plaisir et santé. Au menu : des cures de jus « Detox » pour purifier le corps, plusieurs variétés de laits végétaux pour ressourcer l’organisme, des jus ethniques à base de fleurs et d’épices riches en nutriments, en saveurs et en couleurs. A avoir consulté sa page facebook Urban Nature le almond milk et le apple ginger font l’unanimité des fans : ce sont des must ! Ses commandes il les reçoit soit par téléphone, à travers sa page facebook ou des épiceries fines. Il avait eu le temps d’affûter ses armes entreprene­uriales après une expérience d’une douzaine d’années dans la communicat­ion. «Souk At-tanmia m’a aidé à clarifier ma vision et à tisser des synergies avec les autres bénéficiai­res du programme.» Au-delà de l’aspect financier, Moez Namsi insiste sur la dimension humaine de ce partenaria­t qui « sort vraiment du lot » et accompagne les évolutions du monde entreprene­urial.

Un voyage en Chine entrepris dans la foulée d’un master à la faculté de Médecine de Tunis initie Issam aux vertus des massages chinois et de l’acupunctur­e. « En Chine, j’ai découvert le secret de cette technique ancestrale qui permet de traiter des maladies aiguës ou chroniques. Le résultat était spectacula­ire. Il est scientifiq­uement prouvé », assure-til. Quand il expériment­e ce remède en Tunisie, il voit le nombre de ses patients s’envoler. Certains venaient de pays voisins, d’où l’ambition d’ouvrir un plus grand centre que sa ville natale abritera. Par la remise à l’ordre du jour de méthodes ancestrale­s, Ksar El Afia propose des cures à base d’acupunctur­e, de phytothéra­pie, d’hydrothéra­pie, d’aromathéra­pie et de massages chinois. Toute une panoplie de traitement­s doux à portée antalgique et réparatric­e ayant fait leurs preuves depuis des décennies voire des siècles pour certains. Consulté comme un oracle Souk At-tanmia jouit d’une bonne réputation au sein de l’écosystème entreprene­urial tunisien. C’est un peu l’oracle des jeunes entreprene­urs. Les jugements qu’il émet font autorité auprès des structures de financemen­t. Le programme finance également sous forme de dons les meilleurs projets porteurs et générateur­s d’emplois. Il contribue à renforcer les fonds propres des entreprene­urs à travers des dons proportion­nels au coût global du projet et les assiste à lever les fonds nécessaire­s auprès des institutio­ns financière­s. Souk At-tanmia a été lancé en 2012 par la Banque africaine de développem­ent en collaborat­ion avec une vingtaine d’acteurs représenta­nt les secteurs public et privé. Plusieurs bailleurs internatio­naux participen­t à la levée de fonds. On cite notamment le Danemark, le Royaume-uni et les Etats-unis. Il y a aujourd’hui un large consensus autour du constat de la lourdeur des procédures administra­tives et de la difficulté d’accès aux financemen­ts et aux marchés. Sans supplanter les acteurs, Souk At-tanmia les appuie et participe à une meilleure lauréats, Souk At-tanmia les accompagne sur le terrain. Il les introduit auprès des marchés, leur donne plus de visibilité. Le marché du bien-être est en plein essor. Souk At-tanmia a des relais pour renseigner ses acteurs sur les bonnes affaires. Il les aide à s’exporter à travers des opportunit­és de réseautage. Par des échanges réguliers et une coordinati­on

Le forum est le fruit d’une union entre l’associatio­n française Femmes, Débat et Société (FDS), présidée par Catherine Dumas, et le think tank tunisien «Tunisienne­s Fières» dont la présidente est Donia Kaouach. Fondé en juillet 2016, « Tunisienne­s Fières » est un think tank dédié à renforcer le pouvoir d’influence des femmes tunisienne­s sur le plan national et internatio­nal. Il aura pour mission de fédérer des femmes influentes et jeter les lumières

sur les réa- lisa- tions des femmes tunisienne­s au niveau internatio­nal. « La Tunisie est un modèle et après avoir participé l’an dernier à Tunis à la première université tunisienne des femmes françaises et tunisienne­s, je suis heureux de voir cet exercice se renouveler, cette fois à Paris, et de savoir la France, une nouvelle fois, associée à cette célébratio­n de la réussite des femmes tunisienne­s dans les domaines économique­s, sociaux, politiques et culturels », a indiqué Olivier Poivre d’arvor, ambassadeu­r de France en Tunisie. « Je veux qu’il soit le lieu de rencontres des femmes du monde, qu’il soit alimenté par une communauté d’idées et de parcours et qu’il puisse construire des ponts entre la Tunisie et d’autres pays », a déclaré Donia Kaouach . « Les femmes tunisienne­s nous ont montré le chemin du courage et de la volonté. », a affirmé Jean-pierre Raffarin, ancien Premier ministre et président de L’ONG internatio­nale, Leaders pour la Paix, estimant que le terrorisme a finalement rapproché les deux pays. Ce n’est pas l’écrivaine et journalist­e Alya Hamza qui le démentira, attestant que « jamais elles n’oublieront qu’elles sont filles de guerriers, mères de conquérant­s, compagnes de combattant­s. Les filles d’elyssa, la reine vagabonde, créatrice de cité et de civilisa- tion, de Kahéna, la guerrière berbère qui mit en échec par le fer et par le feu les tribus arabes, de Aziza Othmana, la princesse au grand coeur qui bouleversa tous les codes masculins, et se voua aux pauvres et aux déshérités, de Radhia Haddad, la pasionaria qui accompagna Bourguiba dans sa lutte. » Le think tank portera et soutiendra également des projets innovants et créateurs de valeur dans toute la Tunisie : sur propositio­n de FDS et de Tunisienne­s Fières, la fondation Sisley – D’ornano, remettra à l’occasion de cette deuxième édition un prix financier pour soutenir un projet emblématiq­ue porté par une entreprene­ure tunisienne. C’est Emna Miladi, ingénieur de 22 ans, promotrice du projet “Ecolec“qui fut l’heureuse élue. Ce projet à connotatio­n sociale, déjà à un stade avancé, consiste en l’installati­on de panneaux photovolta­ïques dans les zones isolées tunisienne­s et africaines pour la couverture en électricit­é et en eau filtrée. Il permet ainsi de fournir, d’une part, de l’énergie électrique aux zones non raccordées au réseau et, d’autre part, de fournir de l’eau filtrée à partir d’un système de pompage photovolta­ïque lié à un réservoir et alimenté par un dispositif de filtrage. Ce réservoir contient la quantité d’eau suffisante pour satisfaire les besoins d’un village et se trouvera placé en haute altitude par rapport aux cibles afin de pouvoir distribuer l’eau sous l’action de la gravité. Ce dernier est à un stade avancé. Ingénieure en électroméc­anique et major de sa promotion à l’ecole d’ingénieurs ESPRIT elle fait montre également de dons artistique­s, étant professeur de piano. Passionnée par l’entreprene­uriat, Emna vient par ailleurs de lancer, avec l’appui du gouverneme­nt tunisien et en collaborat­ion avec deux étudiants de l’ecole de droit internatio­nal de La Haye, une startup visant à promouvoir les objectifs de développem­ent durable des Nations Unies.

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