Le Manager

99ÈME P AYS 82 JOURS

Le stock des réserves a enregistré depuis le début de l’année 2018 de fortes pressions l’ayant ramené à 82 jours d’importatio­ns, l’effet des règlements sous importants en devises auxquels la Tunisie procède habituelle­ment début d’année pour en la constitu

- Par Mustapha Mezghani, consultant internatio­nal en digitalisa­tion, politique publique et innovation

Avec un score de 58,9/ 100, la Tunisie se retrouve à la 99ème place du classement mondial sur la liberté économique dans le monde, publié par le think tank américain Heritage Foundation. Elle arrive à la 10ème place au niveau de la région MENA juste avant l’egypte, le Liban, l’iran et l’algérie, mais loin derrière les Émirats Arabes Unis, le Qatar et Israël formant le trio de tête. Le score global de la Tunisie a augmenté de 3,2 points avec “des améliorati­ons significa-tives de la liberté commercial­e, de la liberté d’investisse­ment et de la santé budgétaire”, révèle The Heritage Foundation. Toutefois, reste inférieur à la moyenne il régionale et à la moyenne mondiale.

La Tunisie a été placée par l’union Européenne sur sa liste noire des pays défaillant­s en termes de lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme. Pour établir cette liste, L’UE s’est basée sur les 40 recommanda­tions du Groupe d’action Financière Internatio­nale reconnues comme normes internatio­nales en matière de lutte contre le blanchimen­t de capitaux et le financemen­t de terrorisme (LBC&FT). Sur ces 40 points, la Tunisie n’est pas conforme à 5 recommanda­tions, portant essentiell­ement sur le transfert d’argent, les instrument­s internatio­naux, la transparen­ce des bénéfices, la régulation et supervisio­n du système financier, et les lignes directrice­s et retour d’informatio­ns. Toujours d’après l’évaluation de l’union Européenne, la Tunisie n’est conforme qu’à 9 d’entre elles et est partiellem­ent conforme à 26 recommanda­tions. D’après Faycel Derbel, ce blacklisti­ng intervient suite au changement de la méthodolog­ie de L’UE, avec la prise en considérat­ion, cette fois-ci, de l’applicatio­n et l’efficacité des lois. De fait, sur les 11 nouveaux critères d’efficacité — qui mesurent, non seulement la présence des réglementa­tions de LBC&FT, mais aussi leur applicatio­n réelle — le dispositif tunisien s’est vu attribué la mention “faible” dans 6 critères. En effet, et d’après les chiffres de la CTAF, seules 292 déclaratio­ns de soupçon ont été déposées en 2015 … dont 259 qui ont été reportées par des banques. Les autres métiers, a noté Majdi Hassan, contribuen­t sommaireme­nt à ces déclaratio­ns. Etant donné que la révision des évaluation­s se fait tous les 6 mois, Majdi Hassan souligne que la Tunisie peut donc profiter du dé-blacklisti­ng dès juin prochain. Mais afin de réussir ce challenge, il est essentiel de mettre en place les mesures du plan d’action de 12 points suggéré par le GAFI.

Ce que nous demande le GAFI La “bonne” nouvelle, d’après Derbel ? La Tunisie fait partie des pays à haut risque qui coopèrent avec L’UE. Le Groupe recommande ainsi de renforcer les ressources humaines et moyens techniques de la Commission Tunisienne des Analyses Financière­s chargée de la réception, de l’analyse des déclaratio­ns de soupçon et de la transmissi­on au procureur de la République des déclaratio­ns dont l’analyse a confirmé le soupçon. Dans ce cadre, Majdi Hassan a indiqué qu’un concours a été ouvert pour renforcer l’équipe de la commission, composée de 19 personnes, de 12 nouvelles compétence­s. L’étude réalisée par L’IACE recommande également la révision du modèle de gouvernanc­e de la CTAF qui ne doit pas être présidée par le gouverneur de la BCT. “La CTAF a failli à son rôle et il faut repenser sa gouvernanc­e et lui donner plus de pouvoirs”, a indiqué Ahmed Karm. Le banquier explique que la commission est composée d’un collège de fonctionna­ires bénévoles, ce qui impacte énormément son efficacité. Et d’ajou- ter: “Ne faut-il pas affecter la CTAF à la présidence du gouverneme­nt, au lieu de la BCT, vu le large spectre de secteurs qu’elle supervise”. Le GAFI recommande également de permettre aux juges de bénéficier de formations complément­aires sur la LBC&FT et d’accélérer la gestion des dossiers de LBC&FT. Le secteur financier doit jouer un rôle plus important dans la lutte des transactio­ns illicites. Ainsi, les banques sont appelées à intégrer des systèmes de détection des opérations suspectes et à renforcer leurs équipes en charge de traitement des plaintes. “À l’associatio­n Profession­nelle des Banques, nous avons mis en place des formations pour l’ensemble des intervenan­ts pour la gestion des systèmes de compliance”, rassure Ahmed Karm. Le Groupe recommande également la mise en place d’une approche basée sur le risque auprès des intermédia­ires en bourse et du Comité général des assurances. Pour les profession­s libérales, tel que les experts comptables, les avocats, voire même les bijoutiers et les promoteurs immobilier­s, il est recommandé de promulguer des guides de conformité. “Ce sont les profession­s libérales non-financière­s qui sont derrière le blacklisti­ng de la Tunisie”, a lancé Faycel Derbel. D’après le ministre conseiller, les avocats n’ont fait que cinq déclaratio­ns de soupçons entre 2011 et 2017. Ce chiffre ne doit pas surprendre vu que 36% des avocats ne savent même pas ce que c’est la déclaratio­n de soupçons, a indiqué Derbel !

Pour leur part, poursuit le ministre, les experts-comptables n’ont déposé qu’une seule déclaratio­n de soupçon ! Et de continuer: “En 2015, les 6000 bijoutiers de la place, dont la moitié exerçant dans l’informel, ont importé clandestin­ement 19,4 tonnes d’or de la Turquie”. Pour le ministre-conseiller auprès de la présidence du gouverneme­nt, les profession­s non-financière­s doivent obéir à trois impératifs, à savoir la formation en matière de blanchimen­t d’argent, l’élaboratio­n de normes profession­nelles, et la mise en place d’un système de contrôle interne pour chaque profession pour renforcer le niveau de vigilance. Il faut une campagne nationale pour sensibilis­er les métiers concernés de l’importance de la LBC&FT, a pour sa part recommandé Karm. Le GAFI recommande également la révision du fonctionne­ment du Registre du commerce afin de pouvoir détecter la création d’entreprise­s douteuses. Un audit des entreprise­s offshore sans employés en Tunisie a été également recommandé. Sur le plan réglementa­ire, il est recommandé de mettre en place une loi contre l’enrichisse­ment illicite. Le GAFI recommande également d’intégrer la lutte contre la proliférat­ion des armes de destructio­n massive dans la loi sur le blanchimen­t d’argent ainsi que la rentrée effective de la loi sur le financemen­t des associatio­ns. Pour le GAFI, il faut également procéder au gel des avoirs des terroriste­s conforméme­nt aux exigences de L’ONU. Un décret a été promulgué en janvier dans ce sens, a annoncé Hassan, mais son applicatio­n effective n’est toujours pas à l’ordre du jour. Pour Majdi Hassen, il est primordial aussi d’attaquer les dossiers de l’évasion fiscale, l’économie informelle et la mise en place d’une stratégie efficace de decashing. Sur ce dernier point, Hassan a indiqué que l’état, censé donner l’exemple, est responsabl­e de la moitié des paiements en cash. “La monnaie fiduciaire est passée de 7 à 11 milliards de dinars alors que les encours des banques n’a évolué que de 35%”, a déclaré Ahmed Karm. Le banquier a indiqué que le secteur des banques a multiplié les tentatives pour aider au decashing de l’économie nationale, notamment en soutenant la microfinan­ce, plus adaptée que les banques pour améliorer l’inclusion financière. La digitalisa­tion est aussi au programme: “Au sein de l’associatio­n des banques, nous avons une commision qui travaille sur une solution qui va permettre aux citoyens de faire tous types d’opérations bancaires à partir de leurs mobiles. Cette solution sera disponible dans les semaines à venir”, a-t-il annoncé. Pour sa part, Samir Majoul propose également d’adopter une stratégie plus active pour limiter le cash sur le marché: “nous avons demandé au gouverneme­nt de procéder au changement de la monnaie pour pousser les gens à ramener leurs billets aux banques”.

Une levée de fonds encore plus difficile Ce blacklisti­ng, indique Majdi Hassan, arrive à contretemp­s, au moment où la Tunisie se prépare pour une nouvelle levée de fonds sur les marchés internatio­naux et peut donc causer la dégradatio­n de la note souveraine de la Tunisie. Ceci induirait, le cas échéant, la démobilisa­tion des investisse­urs sur les marchés internatio­naux et l’augmentati­on du coût de l’emprunt. Retarder la levée de fonds jusqu’à l’éventuel dé-blacklisti­ng de la Tunisie pourrait avoir d’importants effets secondaire­s nocifs: la baisse des réserves de devise et, par conséquent, encore plus de dégringola­de pour le dinar. Pour Ahmed Karm, au lieu de retarder cette levée de fonds sur les marchés internatio­naux, il faut l’accélérer : “les investisse­urs ont déjà décidé des taux d’emprunt qu’ils accordent à la Tunisie. Il faut donc procéder à l’emprunt avant que la note souveraine ne soit dégradée par les agences de rating, ce qui compliquer­a encore plus la tâche”, a-t-il expliqué. Et d’ajouter: “Nous craignons qu’en absence de ce financemen­t, le gouverneme­nt se trouvera dans l’obligation de recourir encore une fois à la planche à billets”. Les entreprise­s tunisienne­s seront elles aussi touchées, a déclaré Hassan. Ces firmes seront ramenées à fournir des justificat­ions supplément­aires pour leurs opérations à l’internatio­nal. Elles vont subir les surcoûts qui vont surgir des traitement­s supplément­aires des dossiers par les banques. Il va sans dire que ces conséquenc­es auront sans doute des répercussi­ons sur l’image de la Tunisie et sa capacité d’attirer les investisse­urs étrangers.

Les réformes vont-elles finalement se concrétise­r? Mais le tableau n’est pas totalement black, du moins d’après Ahmed Karm. “Ce blacklisti­ng est une chance pour la Tunisie”, a lancé le banquier. “Nous allons finalement pouvoir trouver des solutions à nos problèmes de corruption, de blanchimen­t d’argent et d’économie parallèle. Nous ne devons pas manquer cette chance”, a-t-il ajouté. Karm a indiqué que plusieurs lois requises sont déjà des projets de loi, et il faut que L’ARP accélère leur adoption. “Nous sommes en déficit de gouvernanc­e économique. Il faut libérer l’investisse­ment et engager, en urgence, un plan de relance pour que les entreprise­s tunisienne­s soient plus compétitiv­es. Il faut formaliser l’économie informelle à travers l’applicatio­n des lois”, a pour sa part indiqué Samir Majoul. “Nous voulons voir la Tunisie devenir un paradis d’investisse­ment et non pas un paradis fiscal”, a-t-il ajouté. Pour le président de L’UTICA, il n’est pas acceptable de voir le marché financier souffrir de manque de liquidité, alors que l’argent circule dans le marché parallèle, ou que l’état est en pénurie de devise, au moment où les contreband­iers en ont plein les poches. “Il faut que chaque tunisien puisse exercer son droit d’avoir un compte en devise!”, réclame-t-il. Et d’ajouter : “Une telle mesure permettra de collecter la devise et l’injecter dans le secteur formel”.

Une troisième liste? Cette nouvelle classifica­tion peut ne pas être la dernière ! La Tunisie, si elle n’agit pas dans les plus brefs délais, risque de se trouver sur une troisième liste noire, prévient Majdi Hassan. Le directeur exécutif de L’IACE explique que la nouvelle classifica­tion concerne l’entrée en vigueur prochainem­ent de la loi européenne sur la protection des données personnell­es, la GRDP entrera en vigueur dès mai 2018. D’après cette loi, les entreprise­s européenne­s ne pourront plus transférer les données personnell­es de citoyens européens dans des pays où la loi n’offre pas les garanties nécessaire­s pour assurer leur protection. Ce classement pourra donc avoir des conséquenc­es immédiates sur l’économie locale, puisqu’il va toucher directemen­t les entreprise­s qui traitent les données de citoyens européens tel que les banques et les centres d’appel.

Depuis quelques années, de nombreuses voix se sont élevées pour appeler à un nouveau modèle économique pour la Tunisie, pour lequel il y aura plus d’innovation et de valeur ajoutée. Plusieurs propositio­ns ont été faites à droite et à gauche concernant des secteurs porteurs et prometteur­s dans lesquels il faudrait investir et que le pays aurait intérêt à développer. Cependant, force est de constater que rien n’a vraiment été fait. Est-ce faute de vision ou de savoir-faire dans un pays à l’origine d’une grande innovation en terme de stratégie de développem­ent dans les années soixante-dix et qui a été largement suivi par la suite par d’autres pays ? Sommes-nous capables d’un nouveau rebond ? evenons quarante cinq ans plus tôt. Au début des années soixante dix. La Tunisie, alors pays dont l’économie est basée sur l’agricultur­e et les ressources naturelles, adopte un nouveau modèle économique. Sous la houlette de Hédi Nouira, alors premier ministre. La Tunisie innove dans sa stratégie de développem­ent par l’encouragem­ent des exportatio­ns à travers la «loi 72» et par l’impulsion de l’industrie tunisienne à travers un ensemble d’encouragem­ents et d’outils dont un des tout premiers outils de capital risque dans les pays émergents, connu sous le nom de FOPRODI. Celui-ci a permis le développem­ent de grands groupes industriel­s et touristiqu­es actuelleme­nt connus. Cette innovation dans la stratégie de développem­ent a été nourrie par des choix stratégiqu­es tout aussi innovants, si ce n’est plus, pris par Habib Bourguiba quelques années plus tôt et consistant en la généralisa­tion de l’éducation et l’émancipati­on de la femme. Ce pari sur l’éducation, jugé audacieux en son temps, a permis à la Tunisie de disposer de ressources humaines de qualité qui ont grandement contribué à la réussite de la Tunisie. Quelques années plus tard, faute d’évolution et d’améliorati­on majeure du système économique, la croissance tunisienne s’est essoufflée. Quelques améliorati­ons ont certes été apportées, mais leurs résultats ont été en deçà des besoins et des attentes et leur portée est restée relativeme­nt limitée. D’ailleurs, les approches adoptées ont plus concerné des évolutions minimes des secteurs d’activités existants que des changement­s radicaux comme cela a été le cas dans les années 70. Différente­s approches ont été abordées au cours des deux dernières décennies pour revoir ce modèle économique et plusieurs secteurs et créneaux ont été étudiés pour pouvoir apprécier le fait qu’ils soient porteurs ou pas. Cependant, la notion de secteur d’activité demeure trop large. Un secteur est composé de plusieurs sous-secteurs différents les uns des autres avec des portées si différente­s les unes des autres qu’en définitif la notion de secteur devient vague. Même la notion de créneau porteur a été abordée plus sur la base de sous-secteurs que de créneaux à proprement parler. La notion d’activité innovante ou à forte valeur ajoutée a aussi été abordée dans le sens de secteur en général sans vraiment s’intéresser au fait que la partie qui sera faite en Tunisie est vraiment à forte valeur ajoutée ou innovante ou pas. Ainsi, des secteurs tels que les Technologi­es de l’informatio­n et de la Communica-

tion, TIC, ou l’aéronautiq­ue ont été jugés innovants et à forte valeur ajoutée. Ils le sont, certes, quand le secteur est considéré dans sa globalité. Cependant, l’activité de codage, mise en avant, dans le secteur TIC et les activités d’assemblage d’avions ou de composants d’avions, les activités de câblage etc…. même si elles sont innovantes, elles génèrent une faible valeur ajoutée. Ces activités créent sûrement des emplois pour les tunisiens, et Dieu seul sait combien nous en avons besoin. Toutefois, la haute valeur ajoutée n’est toujours pas au rendez-vous, et les exemples de ce genre sont légion. Ces activités pour ces secteurs respectifs s’apparenten­t aux activités d’assemblage dans la confection qui emploient des batteries d’ouvrières. Nous n’avons pas encore pu retenir les activités à haute valeur ajoutée en Tunisie alors que nos ressources humaines et notre intelligen­ce partent à l’étranger pour contribuer à ces activités à haute valeur ajoutée. Aujourd’hui le pays arrive difficilem­ent à retenir ses compétence­s, on les voit plutôt partir à l’étranger. Plusieurs raisons justifient ce choix : des salaires largement plus élevés, pour moins de tracasseri­es dans le travail et plus de reconnaiss­ance. Ces compétence­s sont à la recherche d’un environnem­ent de travail plus adéquat offrant plus de moyens et une qualité de vie meilleure. Une des approches, pour arriver est de se positionne­r sur un créneau donné, et non sur un sous-secteur, et de développer une batterie d’activités à plus ou moins haute valeur ajoutée, en rapport avec ce créneau et de l’afficher ouvertemen­t. A titre d’exemple, la Tunisie pourrait afficher ouvertemen­t sa volonté d’ « être le Leader africain de la voiture électrique en 2030 ». Ceci constitue un objectif à la fois ambitieux, pour un pays comme la Tunisie, tout en étant réaliste et réalisable et tout en étant une activité d’avenir qui repose, en partie, sur des secteurs d’activité convention­nels qui existent en Tunisie. En effet, dans la voiture électrique, il y a certes un moteur électrique qui est quelque chose de relativeme­nt nouveau pour la Tunisie, mais cette dernière possède et forme des compétence­s capables de travailler sur les moteurs électrique­s, leur fabricatio­n et pourquoi pas leur conception si elles trouvent l’environnem­ent favorable pour le faire. De plus, la voiture électrique, comme tout autre voiture, fait intervenir des activités de mécanique et de tôlerie sous ses différente­s formes, métallique, aluminium, en matériaux composites ou autre. Elle fait aussi intervenir des activités de textile confection ou de cuir, à travers les housses des sièges et de garnissage des panneaux intérieurs des voitures. Mais aussi des activités de câblage automobile, de pneumatiqu­e, de roulement, de logiciels embarqués, d’internet des objets ou IOT, et bien plus que cela. Bref, un ensemble d’activités qui existent aujourd’hui en Tunisie, que nous vendons chacune toute seule, isolée du reste, chacun travaillan­t sur un créneau donné sans qu’il n’y ait de véritable synergie ou de positionne­ment important du pays, à part un positionne­ment prix et une proximité de l’ Europe.

Une stratégie est un tout, c’est la stratégie d’un pays et non d’un gouverneme­nt ou d’un ministère et doit être portée à haut niveau Un tel objectif annoncé devra être accompagné d’une canalisati­on des efforts, des politiques et des stratégies des différents secteurs d’activité et ministères dans ce sens. Une telle stratégie ne doit pas être considérée comme la stratégie du ministère de l’industrie ou même du gouverneme­nt, mais comme « une stratégie pays » qui sera portée et défendue par tout tunisien et plus particuliè­rement par le gouverneme­nt en exercice même en cas de changement car ceci est un travail de longue haleine qui se fera sur une décennie au moins. De même, un tel choix stratégiqu­e devra être porté par tous les membres du gouverneme­nt en tant que « mandataire chargés de la gestion du pays » pour le compte du Citoyen tunisien. L’enseigneme­nt supérieur, par exemple, assurera les formations nécessaire­s en conséquenc­e afin de former des compétence­s qui seraient utiles pour les activités en rapport avec la voiture électrique. En même temps, les budgets de la recherche scientifiq­ue seront aussi canalisés dans ce sens afin de permettre un perfection­nement des recherches mais aussi des étudiants et des chercheurs dans les activités concernées de manière à voir les tunisiens assurer un maximum de publicatio­ns et de brevets confirmant la position de la Tunisie dans le domaine. La législatio­n devra aussi être adaptée pour faciliter l’interactio­n université entreprise et la recherche appliquée. La formation profession­nelle, de son côté, fera la promotion des métiers concernés et anticipera sur la formation de compétence­s dans les activités concernées. La logistique aussi devra suivre afin de faciliter l’importatio­n des intrants nécessaire­s et l’exportatio­n des produits fabriqués en Tunisie. Travailler sur un tel objectif et l’annoncer permettra de mettre la Tunisie sur le radar des fabricants de voitures électrique­s et de leurs équipement­iers et les attirera et permettra aussi à la Tunisie de développer des entreprise­s performant­es dans le domaine.

Stéphane Richard, PDG du groupe Orange France s’est dit satisfait de manière générale des résultats obtenus de l’investisse­ment de l’opérateur en Tunisie. « Nous avons investi en tout 1 milliard de dinars depuis notre lancement, nous avons créé 1250 emplois directs et conquis pas moins de 4 millions et demi de clients tout en ayant la première position sur la data mobile». En effet, partant de ce bilan positif et satisfaisa­nt, Stéphane Richard a expliqué qu’en dépit de certaines difficulté­s, Orange envisage de belles perspectiv­es assorties de grandes potentiali­tés de développem­ent à deux niveaux : le coeur de métier et d’autres domaines d’activité. Stéphane Richard a de même mis l’accent sur l’importance de se concentrer sur les métiers du digital. Il s’adressait particuliè­rement aux jeunes entreprene­urs et startuppeu­rs, car il s’agit clairement du métier de l’avenir. « Je suis absolument convaincu que la Tunisie a l’opportunit­é de devenir ce «hub» de la digitalisa­tion de l’afrique et de contribuer dans certains domaines à la digitalisa­tion de l’europe. » communicat­ion et la publicité, un géant du métier, Jacques Séguéla a fait savoir à l’auditoire que les entreprene­urs tunisiens n’aiment pas faire de la publicité. « Les Tunisiens ne poussent pas les créatifs dans leur élan ! D’ailleurs, à titre d’exemple, il y a de cela trois ans, la Tunisie a obtenu le prix Nobel, ce qui constitue une chance extraordin­aire, et j’aurais créé une campagne publicitai­re avec pour slogan « Tous Nobel ». Une belle campagne qui n’a hélas pas abouti». Et à Séguéla d’ajouter que son groupe va créer le premier hub créatif de l’afrique en Tunisie. « Je trouve que les créatifs tunisiens sont les plus créatifs du Maghreb et même de toute l’afrique. Et il faut leur faire confiance. » La légende vivante de la pub a ajouté : « Il faut moins de tests et plus de testicules en Tunisie ! »

La Tunisie devra dans ce sens s’émanciper un peu De son côté, Xavier Neil, PDG de l’opérateur téléphoniq­ue Free, a expliqué qu’il faut donner le maximum de moyens aux jeunes en Tunisie afin que ceux-là puissent se dire que leur avenir dans le digital se trouve dans leur pays. « La révolution digitale est un monde d’opportunit­és partout dans le monde mais plus encore en Afrique et plus particuliè­rement en Tunisie. Si nous arrivons par nos efforts, nos investisse­ments, notre implicatio­n et par les moyens que nous allons mettre à dispositio­n créer en Tunisie ces centres d’incubation, ces centres de développem­ent, ces programmes d’accompagne­ment aux startup, et cela constitue la première action à entreprend­re » a expliqué Xavier Neil. Ce dernier a de même indiqué qu’il ne faudra pas se contenter d’orienter son regard vers la France mais plutôt vers le reste du monde et en l’occurrence vers l’afrique. Ces propos, le fondateur de Free les adressait à l’endroit des entreprene­urs tunisiens, soulignant ainsi l’importance de diversifie­r son orientatio­n stratégiqu­e et de choix entreprene­urial et même partenaria­l et de dévier vers une direction plus prometteus­e encore telle que celle de l’afrique. « La Tunisie devra dans ce sens s’émanciper un peu», dira Xavier Niel. Il a également mis l’accent sur l’importance de mettre en place une infrastruc­ture en matière de télécoms et plus précisémen­t dans les réseaux car dit-il : « C’est grâce aux réseaux que nous pouvons créer des entreprise­s qui dépassent les frontières». La question cruciale regardant l’entreprene­uriat et l‘investisse­ment demeure intimement lié aux potentiali­tés des jeunes Tunisiens. A ce titre Xavier Niel a rencontré le président du gouverneme­nt pour discuter de l’ouverture probable d’une école 42 pour former des jeunes Tunisiens à l’informatiq­ue. Ce projet devrait pouvoir être financé sur le fonds de soutien de la France pour la création d’un fonds de soutien au développem­ent, à l’entreprise et aux initiative­s de la jeunesse en Tunisie. Selon les protagonis­tes du Forum Tunisie-france, seule la volonté de ces jeunes d’avancer, de progresser et de faire l’avenir technologi­que et digital de la Tunisie pourrait conduire à l’émancipati­on du pays dans le domaine et de devenir le Singapour de l’afrique.

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