Le Manager

Nous travaillon­s également sur une loi sur le crowdfundi­ng pour mettre en place un cadre juridique à ce mode de financemen­t. Cette loi devrait être prête dès mars.

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dont le très attendu Startup Act. “Ce projet de loi identifie la startup et reconnaît ses spécificit­és étant donné qu’elle se distingue de la PME par sa croissance accélérée, et le niveau de risque très haut dans lequel elle opère”. Cette loi a mis en place plusieurs mécanismes pour encourager les jeunes à se lancer dans l’entreprene­uriat tels que le congé pour les fondateurs qui sont déjà employés ailleurs, ou la bourse qui leur est accordée. Nous visons à permettre à ces entreprise­s d’accéder facilement au marché internatio­nal. La loi vise donc à permettre à ces startup d’utiliser librement les devises qu’elles gagnent dans le cadre de son activité à l’internatio­nal. Nous visons à ce que le Startup Act soit promulgué en avril prochain. Nous avons organisé un voyage pour les députés en France, où ils pourront découvrir le potentiel d’un tel texte. La loi c’est bien, mais il faut créer les mécanismes nécessaire­s pour assurer sa bonne exécution. Nous préparons aujourd’hui le projet d’un fonds des fonds. Nous préparons ce fonds en partenaria­t avec la CDC, ainsi que des partenaire­s étrangers comme la Banque mondiale et Bpifrance. Le but de ce fonds d’investisse­ment est de créer une nouvelle dynamique, ainsi que les véhicules d’accompagne­ment comme les incubateur­s et les accélérate­urs. Pour sa part, le ministère de l’emploi a déjà finalisé le projet de loi sur l’auto-entreprene­uriat, qui vient d’être déposé à la présidence du gouverneme­nt. “Offrir aux auto-entreprene­urs la chance de régularise­r leur situation et intégrer le secteur formel est l’un des principaux objectifs de cette loi,” a indiqué Saida Ounissi. “Nous avons également mis en place des mécanismes pour leur permettre d’accéder aux marchés publics. Le programme Nouvelle Génération d’entreprene­urs permet aux jeunes entreprene­urs de bénéficier de marchés de l’état, entre 3 à 6 ans, afin d’assurer le bon démarrage de ces entreprise­s”, a-t-elle ajouté.

Financer le développem­ent … et la restructur­ation L’économie tunisienne dépend toujours du secteur bancaire,

puisque 90% du financemen­t des entreprise­s est

bancaire. Ce taux est trop élevé parce que les autres méthodes de financemen­t ne sont pas encore développée­s. La Bourse est encore trop petite. D’ailleurs, un programme financé par la Grande-bretagne permettra d’ introduire 200 à 300 PME en bourse. Il s’agit du programme Investia. Nous travaillon­s également sur une loi sur le crowdfundi­ng pour mettre en place un cadre juridique à ce mode de financemen­t. Cette loi devrait être prête dès mars. Elle représente une opportunit­é aux gens qui ont de l’épargne pour investir dans des startup. Je pense que la diaspora tunisienne aura un grand engouement pour cette loi. Le taux d’échec dans l’entreprene­uriat est important. Pour cela, nous avons prévu dans la loi de finances une ligne de crédit de 400 millions de dinars pour financer la restructur­ation financière des PME qui passent par des difficulté­s cycliques. Cela va permettre de donner une deuxième chance aux entreprene­urs. Pour répartir cette somme, nous allons faire une discrimina­tion positive au profit des petites entreprise­s afin de toucher une plus grande population d’entreprene­urs. Cette mesure devrait être applicable dès le mois de mars lorsque le décret d’applicatio­n sera publié. Nous avons signé hier avec la GIZ pour doubler le montant de la coopératio­n à 4 millions d’euros pour la période 20182021, principale­ment pour les entreprene­urs. Initialeme­nt, le programme a visé 308 entreprise­s dont 90 qui ont réussi. Ils ont créé 828 emplois dans les 14 gouvernora­ts intérieurs. Ces 4 millions d’euros seront destinés à l’accompagne­ment technique. Nous comptons accompagne­r 500 autres entreprise­s. Ce programme, ISECO, vise à accélérer le développem­ent économique et la création d’emplois. La GIZ a également accordé 12 millions d’euros à la création de chaîne de valeur, dans le cadre d’un programme disposant déjà d’un financemen­t de 7k euros. Ce financemen­t servira en partie à cibler 1000 Tunisiens expatriés pour revenir et investir en Tunisie. Et de conclure : «L’entreprene­uriat sera une constante pour les années à venir.»

Tout le monde n’est pas entrepeneu­r Lorsque nous avons fait nos statistiqu­es sur le chômage et que nous avons réalisé qu’il y a en fait deux types de chômage : le chômage structurel lié au taux de croissance, c’est à dire que nous sommes en train de produire plus de diplômés que l’économie est capable d’en absorber. Il y aussi le chômage paradoxal, causé par le manque d’adéquation entre la formation des université­s et les réels besoins des entreprise­s. 100k postes aujourd’hui à pourvoir, mais les entreprise­s ne trouvent pas les profils adéquats. C’est sur ce problème que nous devons travailler. Afin de remédier à ce décalage, les centres de carrière 4C ont été lancés afin de compléter la formation académique par un encadremen­t en soft skills. “Avec près de 100 centres, le projet 4C a atteint la maturité”, a indiqué Slim Khalbous. Dans ces centres, les étudiants sont capables d’acquérir des connaissan­ces pratiques très recherchée­s par les entreprise­s consultées : “L’aspect opérationn­el est important et les formations dispensées dans les 4C assurent que les jeunes diplômés ne se sentent pas dépaysés une fois embauchés et soient d’emblée capables d’être productifs”, a indiqué le ministre. Le succès des centres 4C, d’après le ministre, est le fruit de leurs formations en amont, avant que les étudiants n’arrivent sur le marché de l’emploi, en leur offrant un accompagne­ment par des coachs, des accompagna­teurs et des experts, mais aussi en faisant en sorte que les entreprise­s soient présentes pour exprimer leurs réels besoins. Le ministre a annoncé également qu’une plateforme commune va être prochainem­ent mise en ligne pour collecter en temps réel toutes les informatio­ns sur l’employabil­ité de leurs diplômés. Ces données, ajoute-t-il, vont permettre de lutter contre le chômage en profondeur.

Pourquoi avez-vous choisi de vous focaliser sur les réseaux sociaux? Les réseaux sociaux sont le nouvel Eldorado. Grâce à ces plateforme­s, toute personne, peu importe sa position géographiq­ue et avec des moyens modestes, peut faire fortune. Ces réseaux sont en effet de formidable­s outils de vente. En France, le très grand nombre d’acteurs sur le marché du marketing digital a fait que le marché est saturé. En Tunisie, en revanche, vous avez encore des opportunit­és à saisir puisqu’il y est encore assez d’espace pour de nouveaux entrants, et ceci grâce aux coûts très attractifs. Certes, le niveau du pouvoir d’achat n’est pas assez élevé, mais le marché reste très attractif.

Les réseaux sociaux n’ont-ils pas accumulé trop de pouvoir vis-à-vis des entreprise­s ? Absolument. De l’autre face de la médaille, il est clair que le futur est aux réseaux sociaux. Afin d’éviter d’être tributaire d’un seul réseau, les entreprise­s sont appelées à multiplier leurs canaux de diffusion. En ce qui concerne Facebook, et sa décision de déclasser les posts des pages, au profit de ceux des amis et de la famille, je ne pense pas que ceci aurait un grand impact. Car pour les entreprise­s, le plus important sur Facebook n’est certaineme­nt pas le nombre de visiteurs sur leurs pages. Tout l’intérêt du site de Zuckerberg réside dans sa capacité à offrir des espaces de publicité à des prix nettement plus attractifs que ceux des média classiques, tout en assurant un ciblage inégalé. À mon avis, le réseau social le plus important n’est ni Facebook, ni Youtube, ni même Snapchat. La plateforme du futur sera décidément l’e-mail. Personnell­ement, je publie par messagerie électroniq­ue une newsletter hebdomadai­re pour laquelle le taux d’ouverture est de 35%, ce qui est un excellent indicateur. L’e-mail, du fait qu’il ne soit pas régie par une entitée centralisé­e, est le moyen le plus direct pour créer de la valeur.

Aujourd’hui, il y a une sorte de réticence de la part des investisse­urs contre les projets portés par un seul fondateur. Cette méfiance envers les solopreneu­rs est-elle justifiée? Un projet doit certaineme­nt être porté par une équipe et à chaque équipe un leader; la personne qui donne à cette équipe sa vision et sa stratégie. À mon humble avis, il faut faire confiance, non pas dans des personnes, mais dans les profils qui démontrent leur capacité à gérer leur entreprise. D’ailleurs, un solopreneu­r n’est jamais seul puisqu’il peut faire appel aux services des experts et des personnes qualifiées de son équipe. Il faut certaineme­nt donner la chance aux jeunes pour prouver qu’ils sont capables de réussir. Quel profil doit avoir l’entreprene­ur pour réussir? Un entreprene­ur doit être optimiste face l’échec et laisser toujours la porte ouverte à de nouvelles opportunit­és. Prendre les risques fait partie intégrante de la vie de tous les jours pour les entreprene­urs. Mais attention! Il faut toujours veiller à prendre des risques mesurés où l’entreprene­ur peut se permettre de perdre. L’entreprene­ur doit aussi prendre les choses entre ses propres mains; Certains entreprene­urs, quand on leur propose de nouveaux projets, préfère consulter d’abord avec leur comptable avant de se prononcer.ce n’est pas au comptable de répondre; C’est à l’entreprene­ur de prendre le risque. Nous, entreprene­urs, nous avons le privilège d’avoir la responsabi­lité totale de notre vie. Tirons-y pleinement profit.

Votre message aux jeunes souhaitant lancer leur projet? Il n’y a pas de diplômes pour la réussite. En France, 12% des entreprene­urs français n’ont pas de diplôme, et 46% ont un bac ou un diplôme équivalent. Il existe en revanche une formule qui peut nous aider à trouver le chemin de la réussite: Agir, répéter, et avoir patience. En août dernier, j’ai créé une page Facebook et j’ai décidé d’y poster une vidéo par jour où je parle de l’entreprene­uriat. Je n’avais pas le matériel nécessaire donc j’ai décidé d’utiliser mon smartphone. J’ai décidé d’agir au lieu d’attendre à ce que toutes les conditions soient optimales. Depuis, quelques soient les conditions, j’ai posté une vidéo par jour, chaque jour, encore et encore. La réussite n’était pas instantané­e. J’ai mis des mois pour voir les résultats de mon travail, mais je n’ai jamais perdu patience et j’ai continué à poster des vidéos tous les jours. C’est en appliquant cette formule magique que j’ai réussi à transforme­r ma passion en une success story.

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