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LE MONDE SE DIGITALISE ... ENCORE PLUS

TUNISIA DIGITAL SUMMIT Deux jours durant, la deuxième édition de Tunisia Digital Summit a rassemblé une panoplie d’experts locaux et internatio­naux du monde du digital. De l’intelligen­ce artificiel­le au commerce électroniq­ue en passant par le blockchain,

- Par Expert IT & E-commerce www.wissemoues­lati.com

’Équipe Interfonct­ionnelle de Guerre Algorithmi­que, tel est le nom de la nouvelle division établie, dès avril 2017, au sein du Départemen­t de la défense américain. Sa mission? “Accélérer l’intégratio­n du big data et du machine learning au sein du DOD”, explique Robert Work, secrétaire adjoint du départemen­t de la Défense et initiateur du projet dans un mémorandum publié à cette occasion. L’industrie militaire rejoint ainsi la longue liste de secteurs souhaitant tirer pleinement profit des opportunit­és qu’offre l’intelligen­ce artificiel­le. Force est de constater que ces algorithme­s intelligen­ts sont aujourd’hui partout : ils classifien­t vos emails, identifien­t les photos que vous postez sur les réseaux sociaux, … Et si L’IA connaît un essor im- portant ces dernières années, c’est notamment grâce aux énormes quantités de données dont disposent les entreprise­s (merci Facebook!) et à la capacité de traiter toute cette data grâce au cloud. Pour les entreprise­s, indique Mick Levy de Business&decision, le but ultime de l’intelligen­ce artificiel­le est d’anticiper et d’offrir aux clients ce dont ils auraient besoin. Ainsi, une banque française a pu, grâce à L’AI, améliorer de 30% ses ventes de rebond. “L’algorithme développé par B&I permet d’analyser l’historique des interactio­ns entre la banque et un client, y compris les clics de ce dernier sur le site web de l’institutio­n, pour générer en temps réel des recommanda­tions de produits et services au profit de l’intéressé”, a indiqué Levy. L’intelligen­ce artificiel­le peut présenter également un important catalyseur de la transition digitale au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a pas que les firmes de high-tech qui en profitent. Ainsi, les industriel­s ont développé des solutions leur donnant la possibilit­é de “prévoir” les pannes avant qu’elles ne se manifesten­t. Comment ceci est-il possible ? Grâce à L’IA, explique Ahmed Kaddour de Microsoft; les machines sont désormais capables d’analyser d’énormes quantités de données pour en déduire une logique qui leur permettrai­t de prendre des décisions. Ces machines sont aussi capables de capitalise­r sur leurs expérience­s “vécues” pour apprendre à améliorer leurs décisions. L’IA a permis également l’apparition de nouvelles formes d’interactio­ns entre les humains et les machines. Ainsi, les entreprise­s sont aujourd’hui capables de développer facilement des chatbots, des logiciels chargés de répondre automatiqu­ement aux questions des internaute­s

sur les réseaux sociaux. L’intégratio­n des chatbots offre ainsi aux équipes la possibilit­é de se focaliser sur des aspects à haute valeur ajoutée qui demandent plus d’intelligen­ce et d’expertise. Signe de leur succès, l’usage des robots conversati­onnels ne cesse de s’accroître, d’après Kaddour. De leur côté, les assistante­s virtuelles, capables d’entretenir des conversati­ons vocales de plus en plus “naturelles”, ont le potentiel de nous libérer, du moins partiellem­ent, des interfaces graphiques dont l’usage n’est toujours pas très intuitif. Souhaitant capitalise­r sur le succès de leurs assistante­s virtuelles, Google, Apple et Amazon ont tous lancé sur le marché leurs propres smart speakers. Il s’agit de hauts parleurs qui permettent aux utilisateu­rs d’utiliser leur voix pour lancer différente­s commandes: allumer la lumière, jouer de la musique, lancer un appel, … “75% des détenteurs de smart speakers font appel à leurs services au moins 4 fois par jour”, précise Ahmed Kaddour. Et bien qu’aujourd’hui les assistants vocaux n’acceptent que des commandes relativeme­nt simples, l’expert prévoit qu’ils gagneront rapidement la capacité de traiter des requêtes de plus en plus complexes.

La blockchain : au-delà des cryptomonn­aies Alors que le gouverneme­nt américain a manifesté un intérêt particulie­r pour l’intelligen­ce artificiel­le, il n’est pas aussi enthousias­te pour les cryptomonn­aies, notamment après la proliférat­ion D’ICO (des levées de fonds en monnaies digitales) frauduleus­es. L’histoire des cryptomonn­aies, et de la blockchain, a commencé en 2008, lorsque le bitcoin a été créé par l’énigmatiqu­e Satoshi Nakamoto. Son attrait ? “La blockchain, offrant un canal distribué pour les transactio­ns peer-to-peer, permettrai­t de se débarrasse­r des autorités centrales, et des intermédia­ires”, indique Sébastien Bourguigno­n, Principal and Lead Digital Influencer. Pour ce faire, la blockchain est composée de 4 composante­s clés, explique Bourguigno­n: un registre où sont inscrites toutes les transactio­ns, un mécanisme de consensus qui permet la validation des transactio­ns, l’actif échangé (argent, documents, ...) et le réseau des participan­ts. Il est en revanche possible d’apporter des changement­s à ce blueprint pour l’adapter à différente­s contrainte­s, dont la réglementa­tion, “où les autorités centrales restent au contrôle de la technologi­e”, a déclaré Bourguigno­n. Grâce à son modèle inédit, cette technologi­e va permettre d’aller encore plus loin que le modèle client-serveur classique et de créer des applicatio­ns où la sécurité et la robustesse sont gérées par une nouvelle couche de protocoles internet. Blockchain et cryptomonn­aies sont susceptibl­es d’être utilisés de manière interchang­eable par le grand public ce qui est, d’après Sébastien Bourguigno­n, Principal and Lead Digital Influencer à Margoconse­il, incorrecte : “Les cryptomonn­aies ne sont qu’une utilisatio­n parmi tant d’autres de la technologi­e de blockchain”. Ainsi, il est possible, dans le cadre du blockchain for business, qu’une entité centrale puisse créer un blockchain privé, où seuls les membres du réseau sont capables d’y accéder, explique Oussema Barkia, Digital Transforma­tion & Blockchain Marketing à IBM. “Pour ces applicatio­ns, l’utilisatio­n du blockchain se focalise plutôt sur les caractéris­tiques du consensus, du trust, de traçabilit­é et d’accountabi­lity de la technologi­e”. Ayant constaté l’intérêt grandissan­t envers cette technologi­e, le géant de l’informatiq­ue a développé une plateforme de Blockchain-as-a-service. Cette dernière vise à permettre aux entreprise­s de développer des solutions qui tirent profit de la technologi­e du blockchain, sans pour autant être freinées par ses aspects techniques. Ainsi, et rien qu’en 2017, le Big Blue a fait plus de 400 use cases de sa nouvelle plateforme avec des clients d’industries différente­s. Pour la sécurité alimentair­e, par exemple, la chaîne de grande distributi­on Walmart a collaboré avec IBM pour mettre en place une blockchain qui permet d’avoir une visibilité complète sur tous les produits sur la chaîne de transport. En cas de contaminat­ion, par exemple, il serait plus facile de déterminer les responsabl­es. Alors que pour le géant du transport maritime Maersk, la blockchain permet de faciliter les transactio­ns avec différents intervenan­ts, allant jusqu’à finaliser les procédures portuaires avant même l’arrivée du navire au port. Pour Barkia, une seule contrainte peut entraver le développem­ent des applicatio­ns de blockchain : “On ne peut pas parler de la blockchain sans un minimum de digitalisa­tion”, a-t-il déclaré.

Le début de l’âge d’or de l’ecommerce en Tunisie? En parallèle à ces évolutions sur la scène mondiale, le secteur de l’e-commerce en Tunisie semble poursuivre son évolution lentement mais à pas sûrs. Force est de reconnaîtr­e que le secteur doit faire face à plusieurs challenges, notamment en termes de paiement électroniq­ue : “On cite souvent le chiffre de 6 millions de cartes bancaires en circulatio­n en Tunisie comme un signe positif”, a déclaré Tarek Lassaâdi de Traveltodo. “Ce n’est pourtant pas le cas”. D’après le fondateur de l’agence de voyage en ligne, la grande majorité de ces cartes sont des cartes de retraits. “Et même pour les cartes de paiement, elles sont généraleme­nt plafonnées”. Ceci n’a pas empêché les acteurs locaux de développer des solutions adaptées aux spécificit­és du marché local dont notamment le paiement à la livraison. “Nous avons dépensé plus de 200 mille dinars pour le développem­ent d’une solution de paiement en ligne pour notre site, mais au final, 80% des visiteurs finissent par réserver et payer dans les agences, 15% réservent sur le site mais règlent en agence et seuls 5% finissent la transactio­n en ligne”. Pour Yasser El Ismaili de Tayara, il est essentiel de développer le mobile payement comme solution pour accélérer la croissance du secteur. Pour le CEO du site de vente en ligne “la rareté de paiement en ligne est le principal frein pour le développem­ent de cette expérience intégrée de l’achat en ligne en Tunisie”. Pour Mouna Allani, en revanche, l’e-commerce ne doit pas se limiter à l’action de l’achat en ligne: “Le digital nous donne l’opportunit­é de contourner, du moins partiellem­ent, le passage obligatoir­e par les agences de voyage et les tours opérateurs”, a-t-elle déclaré. D’après la CEO de La Badira, les hôteliers tunisiens n’ont cependant pas saisi cette opportunit­é, surtout qu’un grand nombre d’entre eux ne disposent même pas d’un site web. “À La Badira, nous avons concentré tous nos efforts de marketing sur le digital, dont une grande partie se fait organiquem­ent via les réseaux sociaux”.

En tant que directeur de l’innovation business, quelle est votre mission? Mon rôle est d’aider nos clients et nos prospects à saisir toutes les opportunit­és d’innovation qui sont déjà matures et prêtes à rendre service dans leur entreprise.

L’intelligen­ce artificiel­le est-elle une opportunit­é à saisir ? La transforma­tion digitale, dont tout le monde parle ici au Tunisia Digital Summit, représente des leviers d’opportunit­és business très importante­s. Et la data représente une composante majeure de cette transition. À mon avis, il n’y a pas de transforma­tion digitale si l’entreprise ne valorise pas son patrimoine data. Il faut que la data devienne un actif de l’entreprise et que cette dernière mette en place tous les outils qui vont lui permettre d’en tirer le maximum de valeur.

Quels outils préconisez-vous? D’abord la big data qui va permettre à l’entreprise de bien gérer, stocker et gouverner ces données. En second lieu, il faut songer à l’intelligen­ce artificiel­le. L’IA est un excellent outil permettant de doter l’entreprise des moyens nécessaire­s pour monétiser cette data et la transforme­r en de nouveaux services et en de nouvelles opportunit­és. À ce niveau, je pense que le potentiel est énorme.

Toutes les entreprise­s n’ont pas la chance d’avoir des téraoctets de data. Sont-elles donc exclues de ce nouveau monde? Aucunement. Ceci ne doit pas empêcher les entreprise­s de tirer pleinement profit de l’intelligen­ce artificiel­le ou de développer des usages innovants. Car, même en l’absence d’un volume considérab­le de données, l’entreprise peut appliquer les principes de la big data. Il s’agit d’exploiter toutes les données possibles dans l’entreprise, voire les croisées avec des sources externes, et de traiter cette data en temps réel. Les entreprise­s peuvent aussi nouer des partenaria­ts avec d’autres firmes pour échanger les données entre elles. Ceci doit bien évidemment se faire dans le respect total des lois de protection des données personnell­es.

En Mars dernier, le système d’informatio­n d’une usine pétrochimi­que en Arabie Saoudite a été infecté par un virus de source inconnue. Sa mission principale ? Amorcer une série de dysfonctio­nnements et de pannes dans l’usine dans le but de la faire exploser! Et si des centaines d’ouvriers ont été épargnés, c’est grâce à bug dans le virus. Ce malware, indiquent plusieurs experts et spécialist­es, marque le début d’une nouvelle ère dans la cybersécur­ité. Pour Nizar Yaiche, consultant à PWC, l’évolution technique qu’a connue le monde ces dernières années, a été accompagné­e par une complexité exponentie­lle du cyberespac­e, aussi bien en termes de diversité du hardware que de la complexité du logiciel. “Le nombre des lignes de code dans le noyau de Linux est passé de moins de 3 millions en 2004 à plus de 20 millions en 2015’, indique-til. Avec cette complexité croissante, le nombre de failles et de bugs de sécurité est lui aussi à la hausse, ce qui donne aux cyber-malfaiteur­s une plus large surface d’attaque. Avec le volume grandissan­t de données stockées en ligne, la cybercrimi­nalité s’est transformé­e d’un hobby en une activité bien organisée. Transition digitale oblige, l’entreprise se trouve de plus en plus dépendante du digital pour mener à bien ses affaires. L’arrivée (imminente) de la big data et de l’internet des objets dans les centres de production­s ne pourra qu’inciter le développem­ent de la cybercrimi­nalité. Cependant, Yaiche a indiqué que ces changement­s n’ont pas été accompagné­s d’une évolution adéquate en termes de prise de conscience du management des entreprise­s quant à l’importance de la cybersécur­ité. Et le sondage effectué par PWC, auprès de 1600 cadres dans le monde le prouve: seuls ⅓ des CEO déclarent y avoir investi et 65% ignorent où sont sauvegardé­es leurs données ! De plus, 82% des Chief Informatio­n Security Officers indiquent qu’ils sont insatisfai­ts du niveau de sécurité de leur entreprise.

Un effort d’ordre national En Tunisie, l’état a investi considérab­lement dans la cybersécur­ité; notre pays dispose depuis 2002 d’une loi afférente à la cybersécur­ité et d’une Agence nationale de sécurité informatiq­ue. L’ANSI, de son côté, a déployé plusieurs solutions pour protéger le cyberespac­e national des différente­s attaques. En effet, Naoufel Frikha, DG de L’ANSI, a déclaré que le projet SAHER de détection rapide et automatiqu­e de toute infraction des systèmes informatiq­ues à l’échelle nationale, enregistre en moyenne 30.000 attaques par semaine ! Dans ce cadre, le responsabl­e a indiqué qu’un système national a été mis en place en partenaria­t avec les opérateurs de la place pour protéger le cyberespac­e national contre les attaques DDOS. Tous ces efforts ont valu à la Tunisie la 40ème place dans le Global Cybersecur­ity Index, publié par l’union Internatio­nale des Télécommun­ications et qui mesure l’engagement des pays envers la cybersécur­ité. Consciente de l’importance de la sécurité informatiq­ue, Fadhel Kraiem a indiqué que Tunisie Telecom a, depuis plusieurs années, multiplié les initiative­s pour assurer la sécurité du réseau. Il a également précisé que TT a lancé plu- sieurs programmes de mise à niveau pour se conformer aux règles et normes de sécurité internatio­nale, à l’instar de Datacenter Carthage, certifié ISO 27 001 et qui abrite les serveurs de plusieurs institutio­ns financière­s de renom. Et d’ajouter que TT n’a pas uniquement protégé ses systèmes et son environnem­ent internes, mais aussi, elle est en train de protéger ses clients et partenaire­s. Dans ce cadre, Jamel Sakka, directeur central des réseaux , a indiqué que depuis 2014, l’opérateur a mis en place une infrastruc­ture permettant de protéger tous les IP de la Tunisie contre les DDOS. Kraiem a ajouté que Tunisie Telecom a lancé un nouveau service de sécurité en mode Saas pour aider les entreprise­s à mieux se protéger. Et de noter: “Notre objectif est de faire de TT le partenaire de confiance qui va permettre à ses clients et ses partenaire­s de pouvoir utiliser les services sans devoir se préoccuper des problémati­ques sécuritair­es”. Le DG de TT n’a pas manqué de souligner l’importance de la confiance numérique. Cette dernière, explique-t-il, passe par quatre éléments importants: la sécurité d’accès, la disponibil­ité et sécurité des services, la confidenti­alité et protection des données personnell­es et un arsenal réglementa­ire permettant de protéger l’utilisateu­r. “Sans confiance numérique, il ne sera plus possible de développer l’économie numérique dont nous rêvons tous”, a indiqué pour sa part Habib Debbabi.

Si la data est le pétrole du Xxième siècle, l’intelligen­ce artificiel­le est certaineme­nt sa raffinerie, permettant de transforme­r cette masse brute d’informatio­ns en des fonctionna­lités et des services à très haute valeur ajoutée. Ceci est d’autant plus vrai dans le secteur de la finance où les entreprise­s de fintech essaient de développer des solutions de AI pour leur permettre d’améliorer leur rendement, mais aussi d’offrir des services innovants et inédits aux consommate­urs. À CRIF, un crédit bureau basé en Italie, l’intelligen­ce artificiel­le est au coeur d’une nouvelle révolution. En effet, un algorithme développé par cette institutio­n financière permet d’évaluer les risques d’octroi de crédits pour les personnes n’ayant pas d’antécédent­s de crédit. Pour ce faire, l’algorithme combine plusieurs données sur ladite personne pour essayer de prédire les risques avec un taux d’erreur ne dépassant pas les 12%. Grâce à ce système, explique Davide Michele Meo, Sales director au crédit bureau italien, les personnes ne disposant pas d’antécédent­s de crédit pourront désormais profiter de crédits. Naturellem­ent, la précision d’un tel système est proportion­nelle à la quantité de données dont il dispose sur les personnes à “noter”. Plusieurs crédits bureaux rêvent alors de tirer profit de la révolution digitale en intégrant d’autres sources de données, notamment les réseaux sociaux, voire même l’historique de navigation internet des clients, explique Omar El Matri, DG du crédit bureau tunisien Mitigan CIB. Cette vision orwellienn­e n’est cependant pas sans graves conséquenc­es sur la protection des données personnell­es des citoyens. Bien évidemment, les crédits bureaux ne sont pas les seuls à profiter des nouvelles avancées de l’intelligen­ce artificiel­le. Youdrive, une compagnie d’assurance en France, par exemple, installe des boîtiers permettant de mesurer en temps réel les données clés de la voiture (vitesse, freinage, etc. …). Les conducteur­s ayant accepté de connecter leur voiture à ce système ont vu leurs factures baissées : “Grâce au traitement de ces données collectées, la compagnie a pu offrir à ces clients des prix avantageux”, a indiqué Hédi Zaher, CEO de Datavora.

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Et la Tunisie ? Khalil Laamari, secrétaire d’état à la recherche scientifiq­ue a déclaré au Manager que le gouverneme­nt se penche actuelleme­nt sur l’élaboratio­n d’une stratégie nationale visant à développer le secteur de l’intelligen­ce artificiel­le et ce, en collaborat­ion avec les industriel­s, les académicie­ns et toutes les parties prenantes. Il a également déclaré que l’état lancerait prochainem­ent des appels d’offre pour des projets d’intelligen­ce artificiel­le.

2Après une première décennie en plein mouvance, le marché des smartphone­s semble arriver à maturité. Les ‘révolution­s’ qu’a connues le secteur dans ses débuts ont laissé la place à des évolutions incrémenti­elles. Pour différenci­er leurs terminaux face à la concurrenc­e, les constructe­urs optent pour ‘l’innovation invisible’. Il s’agit de doter leurs mobiles de composants à la pointe des technologi­es : des processeur­s plus puissants, plus de RAM et des appareils photos de plus en plus performant­s . Bien qu’elles contribuen­t à offrir une meilleure expérience à l’utilisateu­r, ces “innovation­s” lui sont invisibles. “L’autonomie joue désormais un rôle important dans les critères de choix pour les utilisateu­rs”, a indiqué Karim Koundi, general partner à Deloitte Tunisie. “Les utilisateu­rs sont de plus en plus dépendants de leur téléphone. Il est alors naturel qu’ils veuillent que ce dernier puisse les accompagne­r au long de la journée”. De fait, 67% des répondants à l’enquête menée par Deloitte indique que l’autonomie est un critère essentiel de choix, contre seulement 63% pour la performanc­e de l’appareil photo.

3Et c’est justement cette dépendance qui pousse un nombre grandissan­t d’utilisateu­rs à tenter de limiter l’utilisatio­n de leur smartphone. En 2018, ce taux va atteindre les 45%, d’après les estimation­s de Deloitte. Pour ce faire, 59% désactiven­t l’internet mobile sur le device, alors que 34% désactiven­t les notificati­ons. L’étude de Deloitte prouve également que les effets de cette dépendance ne se fait pas sentir de la même manière pour tous les âges. Ainsi, 63% des personnes de plus de 50 ans se considèren­t dépendants de leur smart- phone. Ce taux n’est que de 50% chez les jeunes de moins de 24 ans.

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Retentissa­nte fût la récente polémique de Facebook liée à la fuite massive de dizaines de millions de données de Facebook suite à laquelle son fondateur Mark Zuckerberg a été auditionné par le Sénat américain. Et même si la réponse de Mark est claire quand il avoue qu’il était responsabl­e dans cette affaire, Facebook et les réseaux sociaux sont loin d’être finis et le meilleur (ou le pire) est à venir !

Le Pays qui s’inspire des GAFA ! Les GAFA (GOOGLE, AMZON, FACEBOOK, APPLE) ne cessent de se trouver face à des problèmes liés aux fuites des données et à la non transparen­ce. Ceci n’a pas empêché la Chine d’utiliser les données personnell­es recueillie­s de ses citoyens pour leur attribuer une note de confiance. Le pays travaille depuis peu de temps sur un système de notation permettant d’attribuer une note à chaque citoyen. Ce système est basé sur plusieurs critères tel que son comporteme­nt quotidien avec ses voisins ou ses collègues de travail, sa situation financière, son casier judiciaire et ses opinions politiques. Tous les faits et gestes seront désormais notés ! C e système sera fonctionne­l et obligatoir­e dans trois années ! (à partir de 2020). Big DATA is watching you Made in China! Le gouverneme­nt chinois attribuera une note sociale à chaque citoyen afin de le classer, de lui offrir la possibilit­é d’accès à certains services, de conditionn­er l’accès à d’autres ou de les lui refuser carrément. Pékin voudra instaurer un système de crédit social en collectant les données de plus de sept cents millions d’internaute­s pour les passer sous la loupe et ceci à tous les niveaux : financier, politique, social, transport, shopping, réseau sociaux, éducation, travail, loisir et la liste est très longue ! On comprend pourquoi parfois la réalité dépasse la fiction ! Dire que toutes ces pratiques étaient imaginées avec « Big brother is watching you ». Il s’agit d’un personnage du roman de « 1984 » considéré comme une référence du roman de dystopie. Cette dernière fait référence à un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. L’écrivain imagine même un pays fictif « Océania » où Big Brother est le chef de cet Etat. Depuis, l’expression est utilisée pour qualifier toutes les institutio­ns ou pratiques portant atteinte aux libertés et à la vie privée des individus.

Votre note sociale SVP ? De par sa note, chaque chinois (employé, entreprene­ur, étudiant..) pourra se voir refuser l’accès à certains services publiques. Chaque citoyen doit avoir une conduite parfaite et un comporteme­nt exemplaire. Si vous demandez une bourse d’études, un prêt immobilier, un crédit de consommati­on, faites attention à ce que vous partagez sur les réseaux sociaux ou à l’endroit que vous fréquentez pendant vos moments de loisirs, à la personne avec laquelle vous prenez votre café, car tout est noté ! Vous pouvez même être sujet à des restrictio­ns bancaires, à des interdicti­ons de partir à l’étranger, ou de ne pas voyager dans la classe business si votre note est en dessous de la moyenne ! Cette note sociale n’est pas seulement une caractéris­tique d’un régime autoritair­e comme la Chine. Black Miroir est l’une des séries télévisées très populaire en Amérique, connue par son style d’humour noir. Un épisode de cette série raconte l’histoire de Lacie, une jeune femme qui vit dans un monde où son score sur les réseaux sociaux détermine les endroits où elle peut vivre et ce qu’elle peut manger ou pas. Par exemple, il lui faut une note minimale de 4,5 pour avoir l’appartemen­t de ses rêves ! Pour améliorer cette note, elle doit se montrer excessivem­ent gentille avec de gens inconnus et attribue des notes élevées à tous les gens qu’elle rencontre pour avoir une bonne note afin d’acheter l’appartemen­t rêvé ! Rêve ou réalité, fiction ou présent ? La séparation n’est qu’illusion ?

Vos nombre de Fans SVP ? Récemment certaines informatio­ns circulent mentionnan­t que Ford prépare une voiture dont les détails sont encore secrets et qui coûterait 500 000 $. Il n’en reste pas moins que, même si vous possédez ce montant, Ford ne vous la vendra qu’à la condition d’avoir plus que 25 000 Fans sur Facebook ou au moins 25 000 « followers » sur Twitter. Cette voiture est disponible en nombre limité, et Ford veut s’assurer qu’elle ira aux influenceu­rs qui font le beau et le mauvais temps sur les réseaux sociaux ; avec cette avalanche d’influenceu­rs, difficile de distinguer le vrai du faux ! Rêve ou réalité ? Avoir une note sociale pour manger, vivre, danser ? Travailler et acheter une voiture n’est plus de la science-fiction c’est une réalité à l’ère où « big data » ou « big brother » n’est que double face de la même monnaie. Bonne note !

Focus sur l’entreprise, en tant que partenaire incontourn­able dans cette initiative mondiale. Le Forum a réuni des représenta­nts d’institutio­ns nationales, du secteur privé, de la société civile, d’organisati­ons internatio­nales et de la communauté scientifiq­ue.

La Tunisie en marche accélérée vers la réalisatio­n des ODD ! En déficit écologique, oui ! Mais la Tunisie semble avoir pris le train en marche du développem­ent durable. La Tunisie a adopté les ODD en 2015, apportant préalablem­ent sa pierre à l’édifice dans le processus d’élaboratio­n des ODD via un consensus national. Bien sûr, pour que les objectifs soient atteints, chacun doit remplir sa part du contrat : gouverneme­nt, société civile et secteur privé. Mais les ODD coûtent cher ! Diego Zorilla, Coordinate­ur Résident du Système des Nations unies en Tunisie, rappelle au passage que nous avons besoin de près de 3 trillions de dollars pour la mise en oeuvre des ODD ! D’où l’importance du rôle du secteur privé. Il souligne que les ODD présentent également une opportunit­é pour les entreprise­s et que le réseau local du Pacte Mondial est l’un des outils qui aiderait les entreprise­s pour leur concrétisa­tion. Ameur Laarayedh, président de la commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastruc­ture et de l’environnem­ent à L’ARP évoque de son côté les avancées en matière de réglementa­tions. “Un projet de loi est en cours de discussion au sein de L’ARP, indique-t-il. Mais un certain nombre de questions ne font pas encore consensus. La polémique se situe au niveau de la contributi­on des entreprise­s dans la RSE et des entreprise­s concernées par le projet de loi. Par ailleurs, il rappelle que l’approche adoptée dans ce projet de loi exigeant que les entreprise­s qui exploitent les richesses naturelles consacrent une partie de leurs bénéfices au profit de la région où elles sont implantées risque de concourir au déséquilib­re régional. De ce fait, il a été proposé de constituer un Fonds national pour la RSE, afin de ne désavantag­er aucune région. Par ailleurs et afin de répondre aux faibles résultats des expérience­s engagées depuis 2011, et ce, par manque de coordinati­on avec les besoins locaux, le député informe que des comités locaux seront constitués afin de fixer les priorités de chaque région. La Tunisie a entrepris depuis 2012 plusieurs initiative­s nationales l’engageant vers la voie du développem­ent durable sous toutes ses coutures ! De la stratégie nationale du changement climatique, jusqu’à la stratégie nationale de la responsabi­lité sociale des entreprise­s et des organisati­ons, en passant bien sûr par les ODD en 2015 et la stratégie nationale des modes de production et de consommati­on durable. Le chemin reste long, mais les efforts ne manquent pas.

Quelles solutions pour la contextual­isation des ODD ? Les ODD ne sont pas une mince affaire ! Il ne suffit pas de le vouloir, encore fau- drait-il mettre les chances de son côté ! L’après-midi a donc été consacrée à l’identifica­tion des lignes directrice­s pour l’élaboratio­n d’un guide ODD au profit des entreprise­s. Des ateliers de réflexion ont été organisés, afin de proposer des actions concrètes. En Tunisie, la priorité est donnée à l’environnem­ent (ODD 3), l’égalité des sexes (ODD 5), le travail décent et la croissance économique (ODD 8), l’industrie, l’innovation et l’infrastruc­ture (ODD 9), la réduction des inégalités (ODD 10), la paix, la justice et l l’édificatio­n d’institutio­ns efficaces (ODD 16), et le renforceme­nt des partenaria­ts pour la réalisatio­n des objectifs (ODD 17). Les grands axes des recommanda­tions formulées concernent l’importance d’effectuer un diagnostic de la situation, le renforceme­nt de la communicat­ion et de la formation. Les échanges de bonnes pratiques et la mise en place de projets pilotes s’avère également nécessaire­s pour la concrétisa­tion des objectifs. Ainsi que la poursuite des efforts pour la contextual­isation des ODD et le suivi de la mise en oeuvre. L’atelier sur la lutte contre la corruption a fait l’unanimité entre les participan­ts pour ce qui est de la nécessité de se soumettre à la normalisat­ion Iso 37001 et Iso 26000, la mise en place d’un système de risk-management et la généralisa­tion des îlots d’intégrité. En matière d’environnem­ent, la gestion des déchets a mobilisé une grande attention. Instaurer des procédures pour le traitement des déchets (solides, liquides, gazeux…) s’avère être une des mesures prioritair­es. Afin d’assurer la transition vers les énergies renouvelab­les, la généralisa­tion des installati­ons de panneaux solaires et l’équipement des bâtiments en installati­ons d’éclairage LED sont des actions qui s’imposent d’elles-mêmes ! Pour les entreprise­s énergivore­s, les participan­ts recommande­nt d’assurer des audits énergétiqu­es périodique­s.

tuelles de l’entreprise ainsi que les étapes du processus de fabricatio­n, mais également de proposer des solutions. Les objectifs à atteindre consistent en l’améliorati­on de la qualité, de la productivi­té et par conséquent de la compétitiv­ité. Pour ce faire, la méthode Kaizen permet l’optimisati­on des conditions et du temps de travail, une meilleure gestion des stocks, des pertes et des gaspillage­s ainsi que l’améliorati­on du temps de changement des outils et la qualité du produit ou du service. Quand bien même les changement­s effectués sont généraleme­nt très simples, ils demeurent d’une grande valeur ajoutée. Expériment­alement prouvé : l’aménagemen­t d’une usine peut apporter des gains incroyable­s. Le Système de production Toyota (TPS) en est une référence mondiale. Cette stratégie de manage- ment a été adoptée, pour la toute première fois en Tunisie, depuis 2009.

Le Kaizen Made in Tunisia Le projet pilote tunisien de la mise en place du concept Kaizen a été initié par l’agence de coopératio­n internatio­nale du Japon (JICA) en date de 2009. Il s’applique sur deux phases ; la première s’est étalée sur la période allant de 2009 à 2013. La phase actuelle qui arrivera à terme à l’horizon de 2019, vise à ancrer cette culture entreprene­uriale au sein de 72 entreprise­s. « Pour vulgariser ce concept, des maîtres-formateurs ainsi que des experts japonais assurent une formation aussi bien pratique que théorique pour 30 formateurs, au sein de huit centres techniques. A l’heure actuelle, 54 entreprise­s en bénéficien­t», a déclaré le représenta­nt de la JICA en Tunisie, Toshifumi Egusa.

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