Et si le tourisme était LA SOLUTION ?
En ces temps d’incertitude et de morosité politique, la brise de croissance qui a soufflé sur le premier trimestre de 2018 a rafraîchi les humeurs. La manne naturelle de l’huile d’olive et des dattes a propulsé le secteur de l’agriculture et de la pêche de presque 12% et, partant, l’industrie agroalimentaire de près de 5,9%. C’est de bon augure. Les services marchands sortent la tête de l’eau. Mieux, ils font, depuis deux ans, office de locomotive avec des pointes de vitesse allant jusqu’à 4,5% de croissance. Rassurant. Le secteur retrouve sa vitalité et se hisse de nouveau sur son piédestal assurant ainsi un emploi à la moitié de la population occupée, selon L’INS. Plus spécifiquement, les services d’hôtellerie et de restauration ont le vent en poupe enregistrant ainsi 8,5% de croissance au premier trimestre de 2018 et un peu plus de 10% en 2017. Et pour ne pas bouder leur bonheur, les professionnels tout autant que le ministère y voient les prémices d’une reprise de la saison touristique. Quelque huit millions de touristes sont attendus d’ici fin 2018. La clientèle européenne a vraisemblablement repris goût à la destination. Puissent nos réserves de change profiter de cette manne touristique. De quoi atténuer les pressions qui pèsent sur le dinar. Le marché boursier n’est pas en reste. Les clignotants virent au vert au cours de ce premier trimestre. À l’heure où nous mettions sous presse, la capitalisation boursière a atteint le cap des 25 milliards de dinars. Il ne s’agit point d’un mouvement spéculatif, les entreprises cotées ont réalisé une augmentation de 11% de leur revenu par rapport au premier trimestre de 2017. On est fondé de penser qu’elles se portent relativement bien puisque 72% d’entre-elles ont amélioré leurs résultats. Il y a là, une fois de plus, le signe de résilience du secteur privé et la consécration de ces entreprises qui pratiquent les règles de la transparence et de la bonne gouvernance. Le sous-secteur des voyages et loisirs est en bonne position. Il signe la troisième plus forte augmentation avec un accroissement de 25.8% suivi des secteurs des assurances dont les revenus ont augmenté de 22%. Un exploit en ces temps de croissance molle. Elles sont quatre compagnies aujourd’hui à la cote. Quatre enseignes emblématiques d’un secteur en pleine expansion. Elles seront peut-être cinq prochainement, nous révèle Taïeb Bayahi, PDG de Lloyd Assurances et nouveau président de L’IACE, en faisant allusion à la sienne. Il nous racontera comment il a pu transformer et restructurer la compagnie. Chronique d’un succès annoncé. Ou comment naît et se construit l’ambition de voir toujours plus fort, plus et plus vite. Retour sur le secteur des voyages et du tourisme. C’est un simple euphémisme de dire que le secteur porte en lui les souches de sa propre guérison. C’est probablement le moment opportun de le repenser, de le moderniser. Emprunter les chemins traditionnels reviendrait à s’exposer aux mêmes aléas au risque de compromettre le dessein touristique de la Tunisie. L’idée de monter en gamme fait déjà des émules. Fort bien et cette légère reprise arrive à point nommé pour promouvoir la destination autrement et cibler d’autres niches, plus en adéquation avec les besoins des touristes nouvelle génération, plus captivés par l’expérience client. Le tourisme d’affaires, fortement lié à l’organisation des foires, des congrès et salons, que la révolution a érodé, commence à retrouver des couleurs. Il suscite timidement l’intérêt des multinationales et des entreprises étrangères grâce au redressement sécuritaire selon les dires des professionnels que nous avons interrogés lors de notre dossier de ce mois. La réussite de cette saison et l’implication sans faille de toutes les parties prenantes, conscientes de la nécessité d’une qualité de service irréprochable seraient le meilleur stimuli pour placer la destination dans le radar des DG, Directeurs vacanciers comme une destination d’affaires. Oser rêver de clusters de ce type de tourisme dans des villes comme Bizerte, Tozeur ou Djerba aurait des retombées économiques directes et indirectes conséquentes sur ces régions, et porterait au pinacle l’image de la destination. D’autres niches touristiques en profiteraient. Reste les prérequis qui ne sont pas des moindres. Ils vont de l’aérien, à la création d’une offre de luxe qui inviteraient ces professionnels à de brèves évasions à l’exotisme tout confort. Grâce au patrimoine culturel, historique et artistique de la Tunisie, grâce aussi à une offre hôtelière enrichie par les innovations technologiques, nous pouvons faire de cette industrie un fleuron de l’économie tunisienne. Rien n’est impossible! Le Rwanda l’a montré : le pays aux mille collines est en passe de figurer parmi les premières destinations en Afrique. Il est passé de la 7ème place en 2015 à la 3ème en 2016 après l’afrique du Sud et le Maroc. La Tunisie, aux palaces de ville flamboyants aura it tout à gagner de ce tourisme de forte valeur ajoutée, il reste aux opérateurs et au pouvoir public d’y croire, d’y afficher cette ambition et de se retrousser les manches.