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L’ENTREPRENE­URIAT CULTUREL A-T-IL SA PLACE DANS LE STARTUP ACT?

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L’entreprene­uriat culturel, en plein essor, gagne de plus en plus du terrain dans le paysage économique en Tunisie. Les spécificit­és du secteur culturel ont-elles été prises en considérat­ion dans l’élaboratio­n du Startup Act ? La question a été posée sur la table par les entreprene­urs culturels et fut le sujet du débat, organisé le 18 mai par Culture Funding Watch, l’associatio­n chargée d’accompagne­r les profession­nels des secteurs des arts et de la culture dans la région MENA.

Apportant plus d’éclairciss­ements sur la loi des startups, Slim Abdeljelil, conseiller chargé de mission au cabinet de la présidence du gouverneme­nt, avance: « Le Startup Act met en place un cadre juridique propice au développem­ent des jeunes pousses remplissan­t un certain nombre de critères, notamment l’innovation dans tous les secteurs d’activité». Il apparait, cependant, que l’ambiguïté intervient dans l’étiquette «innovation». Les artistes craignent que le concept, étant non défini, soit pour certains limité à l’aspect technologi­que. À vrai dire, dans la culture, la composante TIC n’a pas la part du lion. En vue de surmonter ce défi, la société civile, les profession­nels du secteur et les acteurs de l’etat doivent procéder, la main dans la main, à des décisions immédiates. Ouafa Belgacem, fondatrice de Culture Funding Watch, décide d’entamer « sa bataille » par une campagne de sensibilis­ation qui mettrait en valeur les autres formes d’innovation, propres au secteur de la culture. « Parce que l’on constate une méconnaiss­ance sur la manière dont les entreprise­s culturelle­s innovent », a-t-elle regretté. En attendant les décrets d’applicatio­n, qui sont encore en phase d’élaboratio­n, bien que la loi ait été approuvée depuis le 2 avril 2018, la responsabl­e a suggéré de tirer profit du décalage pour transmettr­e aux décideurs des recommanda­tions. Au- tant dire, inclure un représenta­nt, qu’il soit spécialisé ou sensible à l’art dans sa globalité, dans le comité de labellisat­ion. Slim Abdeljelil, s’est engagé, quant à lui, à mettre en contact les responsabl­es du ministère des TIC et ceux de Culture Funding Watch. Néanmoins, il est souvent dit que «le changement commence par soi». Les profession­nels culturels étaient unanimes quant à l’utilité de penser le changement. Mourad Sakli, ancien ministre de la Culture et entreprene­ur culturel s’est autocritiq­ué en faisant un clin d’oeil à l’art numérique. Il croit profondéme­nt que l’innovation est un acte de survie dont les racines poussent à tous les niveaux. Selon sa perception, le défi est de rattraper l’évolution digitale, tout en préservant l’art dans toute sa noblesse. En d’autres termes, toute l’attention doit soigneusem­ent être attribuée à la façon dont on transforme les contenants, c’est-à-dire, les canaux et les outils, tout en conservant le contenu de l’oeuvre artistique. Nul doute sur leur volonté d’occuper une place fortifiée dans l’économie tunisienne, les entreprene­urs culturels créatifs plaident et exportent l’option de création d’un vrai réseau qui les représente. L’enrichisse­ment du tissu entreprene­urial est tributaire de l’implicatio­n de tous les acteurs de la société.

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