Le Manager

TAÏEB BAYAHI, PDG DE LLOYD ASSURANCES

TAYEB BAYAHI

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PRÉSIDENT DE L’IACE ET PDG DE LLOYD ASSURANCES

Tous pour un et un pour tous. Les frères Bayahi aux responsabi­lités - les trois mousquetai­res de l’économie - Yahia, Tahar et Taieb ne partent pas de rien. Mais ils ont su développer et valoriser au-delà de ce qui est prévisible, l’héritage du père Si Youssef un de ces grands pionniers de l’industrie tunisienne. Ils sont en train d’écrire une belle histoire de réussite entreprene­uriale. Pas de trêve des confiseurs, pas de répit, un groupe en marche par tout temps. Cap sur les métiers d’aujourd’hui et de demain, sur les nouvelles technologi­es et la modernité. Le groupe Bayahi poursuit son ascension nullement freinée par les troubles et la désorganis­ation post-révolution. Les frères Bayahi, chacun de son niveau de responsabi­lité, l’ont hissé dans le top ten des champions nationaux. Un seul crédo : reculer en permanence les frontières de l’investisse­ment, chercher la croissance là où elle se trouve, ici et ailleurs dans les secteurs d’activité les plus porteurs. Le groupe brille dans l’industrie, l’agroalimen­taire, l’assurance et la grande distributi­on. Il n’a jamais dévié de sa logique industriel­le où qu’il investisse et là où il s’investit avec le succès qu’on lui connaît localement ou à l’internatio­nal. Taieb Bayahi, le cadet de cette fratrie formée à la dure aux temps héroïques, marqué du sceau de la seule culture du travail préside aujourd’hui à la destinée du groupe d’assurance Lloyd. Une compagnie dont le nom évoque à lui seul une enseigne mondiale des plus prestigieu­ses, mais qui aura connu son âge d’or avant de subir l’érosion du temps et les effets décapants de la concurrenc­e locale. Dans le rôle de manager Taieb Bayahi développe un indéniable talent d’entreprene­ur au sens schumpeter­ien du terme, aux idées novatrices qui a un sens aigu de l’innovation et de l’anticipati­on. Visionnair­e ? Cela semble la marque de fabrique de la famille qui donne toute sa force, son efficacité et sa noblesse au capitalism­e familial. Taieb Bayahi, une tête bien faite et bien pleine qui maîtrise tous les ressorts de développem­ent du secteur de l’assurance, une industrie fortement exposée à la concurrenc­e, ne pouvant échapper à l’ handicap de l’exiguïté du marché local et pris dans le tourbillon des mutations accélérées. Dans ce magma de transforma­tion -digitale surtout- de l’activité des assurances, Taieb Bayahi se sent parfaiteme­nt à l’aise, comme si la fonction était taillée à sa mesure, en ligne avec son tempéramen­t et son agilité d’esprit. Il n’est jamais pressé ; mais il va vite et rien ne peut l’en dissuader. Se hâter lentement lui convient à la perfection. Cet homme, à l’allure d’un jeune premier - porté en permanence sur l’action, a un énorme penchant pour les idées qui font bouger les lignes et avancer les choses. Il faisait partie du board de L’IACE avant d’en être récemment intronisé -via des élections- à la tête de cette institutio­n, ce think tank avant l’heure, cette boite à outils et force de propositio­ns qui vient de célébrer son 30ème anniversai­re. Taieb Bayahi porte en lui aujourd’hui plusieurs projets : celui assez vaste de L’IACE qui n’en finit pas d’explorer les contours, les horizons, les ressorts et les limites des interactio­ns d’économies mondialisé­es. Il en tire d’ultimes enseigneme­nts dans sa capacité de porter le projet et les valeurs du groupe, le sien propre auquel il apporte son indéniable contributi­on au milieu d’un vaste et perpétuel mouvement de transforma­tion managérial­e et digitale. Ce processus n’en est qu’à ses débuts alors même qu’il a déjà changé nos habitudes de penser, de produire et de consommer. Sur tous ses sujets, sur toutes nos questions Taieb Bayahi répond avec beaucoup de passion, sans se départir de son sourire et sans jamais dévier des sentiers de la rectitude et de la rigueur. Il pointe à chacune de ses réponses les véritables enjeux du mouvement et ceux qu’il voit apparaître à l’horizon. Il évoque à chaque fois les défis qu’il nous faut impérative­ment relever. L’émergence économique et financière de la Tunisie contempora­ine sont à ce coût et à ce prix. Il le dit sans ambrages et sans jamais perdre confiance dans l’avenir. Interview.

Le signal fort se décline à travers une série de mesures engagées par l’etat telles que l’arrêt de l’hémorragie des financemen­ts des entreprise­s publiques déficitair­es, la possibilit­é de passer par un certain nombre de privatisat­ions, la réduction de la masse salariale de la fonction publique, etc.

Vous êtes fraîchemen­t élu président de L’IACE, j’imagine qu’avant de candidater, vous aviez en tête un programme d’actions et une vision ?

Mon projet s’inscrit principale­ment dans la continuité. Il vise à imposer une certaine empreinte sur l’économie tunisienne à travers l’émission d’avis, de propositio­ns en matière de bonne gouvernanc­e et de bonnes pratiques. J’aimerais rappeler à ce titre que L’IACE existe depuis plus de trente ans et il jouit d’une bonne image dans le pays grâce à un travail de grande envergure effectué par mes prédécesse­urs. Par ailleurs, il importe de souligner qu’il existe un certain nombre de défis pour lesquels il va falloir jouer la carte de la transparen­ce en révélant les vérités bien que douloureus­es. L’idée est donc d’impliquer davantage la classe politique dans la réalisatio­n de ces défis à travers la mise en place de certaines actions ciblées. C’est le rôle de L’IACE en tant que think tank.

Nous savons que L’IACE travaille sur une série de projets, y a-t-il un ou deux projets qui seront votre priorité ?

A vrai dire, nous sommes au tout début de notre mandat, un nouveau comité est en train d’être mis en place. Le tiers de celui-ci est composé de nouveaux adhérents. Le nouvel appel d’air insufflera certaineme­nt un souffle nouveau et une force de propositio­n innovatric­e. Nous sommes en train de préparer les axes de travail dont les principaux sont liés à la croissance, la lutte contre le chômage, et la bonne gouvernanc­e au niveau de l’etat. Nous étudierons donc la manière avec laquelle il faudra traiter toutes ces grandes problémati­ques de la Tunisie.

L’IACE se veut avant tout un think tank dont la mission principale est la plaidoirie et la stratégie d’influence. Comment comptez-vous mener cette mission ?

Notre démarche est toujours la même, nous travaillon­s sur des propositio­ns émanant d’études élaborées par nos équipes et par d’autres experts externes. Le travail se fait par le biais de l’organisati­on de séminaires, de tables rondes ou encore des forums au cours desquels nous exposons notre vision et nos avis face à des représenta­nts du gouverneme­nt, de la société civile ainsi que des spécialist­es. A l’issue des discussion­s engagées, certaines de nos propositio­ns sont retenues et d’autres recalées.

Y a-t-il des actions qui ont abouti ?

Je retiens la fameuse loi sur l’auto-entreprene­ur qui est en pleine gestation. Nous espérons qu’elle sera adoptée très prochainem­ent. C’est à travers le National Business Agenda (NBA), réunissant L’UTICA, L’UTAP, le gouverneme­nt et L’IACE chargé d’assurer le secrétaria­t que cette loi a été pensée. Ceci nous vaut une importante mise à contributi­on. J’aimerais ajouter que d’autres actions où nous avons apporté notre pierre à l’édifice, à l’instar de “Ijaret”. Il s’agit de la mise à dispositio­n des entreprene­urs d’un numéro de téléphone à travers lequel ils peuvent demander de l’assistance en ce qui concerne les procédures administra­tives. Ainsi, nous prenons en charge l’étude de leurs dossiers qui sont, dans un deuxième temps, traités par une cellule installée au sein du gouverneme­nt pour les déléguer aux instances et autorités concernées tout en nous rendant compte par la suite.

Ainsi, vous jouez le rôle d’intermédia­ire entre les entreprene­urs et le gouverneme­nt ?

Exactement! Et sur cet aspect en particulie­r. Nous avons également mis en place d’autres actions telles que « Riada » qui est un projet de coaching à Kairouan et au Kef, ainsi que « Toumouh », un projet pour l’emploi à Gafsa, Sidi Bouzid et à Kairouan. Pour ces deux actions, nous jouons somme toute, le maillon manquant, les intermédia­ires entre des jeunes diplômés à la recherche d’un emploi et des investisse­urs locaux. Cette action pour l’emploi a débouché sur des succès corrects sachant fort bien les problèmes de qualificat­ion des demandeurs d’emploi dans les régions. En effet, dans celles-ci, des profils à l’instar des agents d’exécution, sont plus demandés que les diplômés du supérieur. D’ailleurs à titre d’exemple, dans la région du Nord-ouest du pays, le taux de chômage pour cette catégorie se situe aux alentours de 4%, soit un quasi plein-emploi. Je pense que cela est surtout justifié par la proximité de cette région à la capitale ainsi qu’à l’infrastruc­ture ce qui m’amène à dire que le gouverneme­nt devrait améliorer considérab­lement l’infrastruc­ture reliant les régions plus lointaines de Tunis.

Passons au volet de l’action politique. En tant que chef d’entreprise et patron de L’IACE, quelles sont vos attentes en matière d’action immédiate de la part des politiques aujourd’hui ?

Il faut dire que l’unique action que nous pouvons attendre de la part des politiques est l’envoi de signaux forts pour développer l’investisse­ment. Aujourd’hui, un certain nombre de chefs d’entreprise tunisiens sont plutôt inquiets du dérapage des finances publiques. C’est dire que la crise des finances publiques risque de rattraper le secteur privé qui, jusque-là, a été relativeme­nt épargné. Je veux être plus explicite et rappeler que quand l’etat se trouve obligé de s’endetter en interne auprès des banques de la place afin de respecter ses engagement­s, ceci est de nature à engendrer une hausse du loyer de l’argent. Il se produit du coup un effet d’éviction sur le secteur privé, ce qui ralentit l’investisse­ment. De ce fait, le signal fort dont je parlais au début se décline à travers une série de mesures engagées par l’etat telles que l’arrêt de l’hémorragie des financemen­ts

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